Il fait chaud et les salles de cinéma sont climatisées, mais ce n’est pas la seule raison de courir voir cet excellent film d’animation tiré du roman autobiographique d’Amélie Nothomb, et intitulé justement « La métaphysique des tubes » (2000).
Les vraies raisons qui doivent vous guider, c’est :
Le livre d’Amélie Nothomb a été un bestseller, mais je rappelle quand même l’histoire. Amélie Nothomb raconte, à sa façon brillante et excentrique, les 3 premières années de sa vie, avec un focus tout particulier sur la période de 2,5 ans à 3 ans.
Elle est le troisième enfant d’un couple où le père est consul de Belgique au Japon et la mère pianiste.
Les « tubes » dont elle parle, c’est elle-même. Depuis sa naissance Amélie semble avoir eu une vie végétative, complètement mutique et sans réactions. Au point où les médecins avaient prédit que cette petite fille resterait un légume toute sa vie. Avec son originalité, Amélie Nothomb nous explique que ce bébé était Dieu, mais un dieu qui n’aurait été qu’un tube, un appareil digestif, une sorte de passoire ne retenant rien, amorphe et indifférent à tout.
Probablement que nous sommes tous des dieux à notre naissance, le centre du monde, le principe créateur, car nous nous éveillons à la vie à partir du néant. Au commencement, il n’y avait donc rien, et la lumière fut…
Pour cette petite Amélie qui parait n’avoir pas pris part entièrement à la vie en société, n’avoir pas été en mesure de reconnaitre son entourage-du moins à ce qu’elle en a ressenti- la prise de conscience ne va s’effectuer qu’à la faveur d’un évènement spectaculaire, comme il en existe souvent au Japon, un tremblement de terre qui fait peur à tout le monde.
A partir de 2,5 ans, Amélie commence sa vie réactive et c’est pour hurler sans discontinuer. J’aime bien ce caractère….commencer sa vraie vie en hurlant sans arrêt me parle bien. !!!
Ensuite vont se succéder les expériences et les apprentissages, avec les joies et les peines. La fratrie n’a pas été très tendre avec le bébé-légume. Amélie était prise comme souffre-douleur par les autres enfants qui ne se gênaient pas pour la martyriser., puisqu’elle ne manifestait rien.
Il y a la grand-mère qui révèle à Amélie le goût paradisiaque du chocolat blanc (belge bien sûr). Et il y aura surtout sa nourrice, Nishio-san, qui lui ouvre les portes de la vie japonaise.
Côté plus sombre, évoqué aussi dans ce film comme il l’était dans le livre, le traumatisme de la guerre : Kashima-san, la propriétaire de la maison dans laquelle loge la famille d’Amélie, déteste les occidentaux à cause des bombardements de Kobé qui, des années plus tôt, ont coûté la vie à une grande partie de sa famille. Elle est rigide et uniquement tournée vers le passé…. Elle sera à l’origine de la séparation d’Amélie avec sa nourrice adorée et peut-être bien de sa tentative de suicide…à trois ans !!!
Amélie adore l’eau et c’est pourquoi ses parents lui offrent 3 carpes, bouches ouvertes qu’elle devra nourrir…comme des tubes…Elle les surnomme d’ailleurs Jésus, Marie, Joseph !
Je ne vais pas continuer à raconter ce film (livre) car vous en connaissez probablement déjà l’histoire.
Le film est remarquablement dessiné, les images sont à la fois joyeuses et colorées, et pleines de poésie. Je pense que les grands yeux des personnages font référence aux mangas japonais. Chaque personnage est identifié par une couleur (blanc pour la grand-mère, vert pour Amélie, jaune soleil pour la nourrice…) et les paysages sont évoqués comme on peut les imaginer dans un rêve éveillé. Il y a des fleurs, des violets, des roses, des reflets de soleil, c’est absolument magique.