Une fois n’est pas coutume et je vais ici, à titre exceptionnel, parler un peu de moi.
Enfin, pas vraiment de moi, mais de livres que quelqu’un de ma famille a écrit. Ce quelqu’un n’est pas un être ordinaire, c’est un "trésor national". Car il a 105 ans ! Oui, oui, il est né en 1919, il avait 20 ans en 1939, il a traversé tout le XXe siècle. Je ne savais pas, jusqu’à ces derniers jours, que cet homme, qui n’est pas un ancêtre, mais simplement mon oncle, était encore de ce monde. C’est une divine surprise qui nous a fait nous croiser à nouveau. La dernière fois que je l’ai vu, c'était il y a….non, je ne dirais pas ces dates, disons que c’était il y a très longtemps. Bref, il m'est très agréable d'avoir retrouvé ce souvenir vivant d'un passé que je croyais perdu...D'autant que l'homme est absolument délicieux et qu'il raconte avec précision le monde...d'avant guerre....la seconde mondiale...
Il s’appelle René Gonin, et il a signé deux livres, l’un qui met en scène des évènements de sa vie et l’autre sobrement intitulé « Vieux con mais pas mouton » qui rassemble des pamphlets qu’à 100 ans, il s’est amusé à écrire sur les réseaux sociaux. J'en parlerai dans un autre post.
Parlons d’abord de « Un peu de terre, un peu d’esprit, un peu d’amour ». L’édition que j’ai entre les mains mentionne une date de publication de 2022, il aurait donc eu 103 ans à cette date. L’éditeur, c’est Hey Editions.
Mon tonton René raconte, d’une plume habile, trois histoires.
Ces trois histoires sont racontées avec beaucoup de talent. Tonton René sait ménager le suspens et mener le lecteur par le bout…du nez jusqu’au dénouement.
Franchement, c’est un beau petit morceau de littérature que Tonton René, du haut de ses plus de 100 ans, nous donne à lire.
Voilà quelques échantillons de son style:
« Est-ce un appel surgi du passé, qui motive l’action ? La voix d’ancêtres inconnus, face à cette terre à l’abandon ? La protestation transmise, au-delà de leur vie achevée, par ceux qui se sont courbés sur ce jardin, dans le passé ? »
L’été illumine un jardin entièrement rénové dans toute sa gloire. Trois cent pieds de fraisiers, prélevés en Sologne, ont fourni leur première récolte. Même les haies sont taillées ».
« Peu après, il découvre la rivière. Ce n’est plus un trait sinueux sur une feuille de papier mais une masse d’eau vivante qui chemine lentement, à l’ombre d’une double rangée de saules. L’eau est si claire, loin de toute pollution, que le fond est visible par endroits. Il distingue même les poissons, plus ou moins immobiles, bien que nageant à contre-courant. Il marche de concert avec le flot. Brutalement, les saules disparaissent pour céder la place à un vaste plan d’eau, où la rivière s’engloutit, après quelques légers soubresauts ».