Selon la vieille expression, « si on ne possède qu’un marteau, tout devient un clou », il est clair que, si on ne pense la société qu’en termes de victimes et de bourreaux, alors les relations sociales ne peuvent être que violentes et dépourvues de tout espace d’échanges. C’est bien ce que pratique le wokisme, qui d’ailleurs affirme, en toute cohérence (pour une fois !), que les mots, le langage, les paroles ne peuvent être que des violences, l’expression brutale des émotions et des passions, bref des agressions. Quand on nie la science et la raison, on arrive dans un monde orwellien où 2+2 ne font pas forcément 4, où une femme peut avoir un pénis alors qu’un homme sera enceint, où le genre est au choix de chacun, où il faut trier les personnes par couleur de peau afin de les « protéger », où les « blancs » sont par nature racistes et esclavagistes etc…
On se demande bien s’il est encore admis d’avoir des idées propres, et surtout de les exprimer, au nom de la lutte contre toutes les discriminations (sauf bien entendu de celles qui touchent par exemple l’homme blanc cisgenre et hétérosexuel). La 1ʳᵉ victime de cette société plaintive, c’est bien la liberté d’expression, et là aussi, c’est logique puisque le langage n’est que véhémence, sauvagerie, férocité. Par là, il faudrait abolir toute forme d’expression, surtout artistique, pour éviter les fameuses (« fumeuses » ?) micro-agressions, alors que précisément, c'est bien le propre de l’homme (de l’humanité) que de s’exprimer de manière consciente et structurée et d’être ainsi capable de produire le meilleur de son esprit.
Il faut aussi bien constater que la perversité du wokisme consiste justement, au nom du bien, du bon, du juste, à contrefaire le langage, à donner des sens différents aux mots. C’est ainsi que décoloniser ne veut pas dire, pour un pays « colonisateur », se retirer d’un pays « colonisé », mais bien plutôt effacer toute trace de la civilisation occidentale, dans ses moindres manifestations, qu’elles soient scientifiques, philosophiques, littéraires, artistiques ou linguistiques. On ne dira plus « amen » mais, dans une confusion orthographique totale « awomen », on ne parle plus d’history mais d’ « herstory », on n’est plus « homosexuel » mais « gay » (oui, il y aurait une différence entre ces deux dénominations) attiré par des personnes du même genre (et surtout pas du même sexe !) etc….
La lutte contre le racisme se transforme en lutte contre les « blancs » qu’il faut condamner par essence parce qu’ils sont tous coupables. Et d’ailleurs se prétendre anti-raciste signifie avouer son propre racisme.
Pour ceux qui pensent qu’il s’agit de lubies estudiantines, il faut souligner que le wokisme né il y a 15 ans aux USA, a infecté (j’allais dire « colonisé », Dieu me garde !) non seulement les Universités, mais aussi les entreprises, les services publics, les écoles y compris celles de la petite enfance, la culture, les médias, les institutions gouvernementales ou non, les juridictions, la recherche, etc…
De nombreuses personnalités, menacées de mort par les "gentils" wokistes, ont dû démissionner de leurs fonctions, simplement pour avoir affirmé que biologiquement il n’y a que deux sexes dans la nature ou que le pronom « iel » n’était pas grammatical.
Sylvie Perez journaliste qui travaille au Royaume-Uni, s’est attachée dans ce livre à détecter les mouvements de contre-offensive wokiste qui commençaient à poindre dans le monde anglo-saxon. Comme ces sociétés ont été contaminées bien avant nous, elles ont développé des contre poisons et il nous est très précieux de les connaitre afin de nous en inspirer.
Certains ont utilisé la manière légale. Par exemple, en s’élevant juridiquement contre l’obligation pour les Universités de former aux « études de genre », entendons par là le transgenrisme et ses avatars. J’emploie ce terme à dessein car si le wokisme recouvre le transgenrisme, le décolonialisme, le néo-féminisme et le racialisme, le cœur du sujet, celui qui guide tous les autres, c’est le postulat que le sexe n’existe pas.
Il a donc fallu préciser par écrit que les enseignements ne devaient pas conduire à professer la supériorité d’une race sur une autre, d’un sexe sur un autre, à affirmer que les Etats Unis sont fondamentalement racistes et sexistes, ou qu’un individu est, du fait de sa race ou de son sexe uniquement, raciste, sexiste, que ce soit consciemment ou INCONSCIEMMENT !!!!
D’autres ont construit des groupes internet anti-woke , sur le dark web intellectuel , (IDW) qui permettent à chacun de s’exprimer sans crainte d’un lynchage. D’autres encore organisent des conférences en présentiel (oui, oui en présentiel) où il est autorisé d’avoir de véritables discussions, avec échanges de raisonnements, sans en venir aux mains ni aux menaces. Et ces conférences semblent très courues, y compris par des jeunes qui veulent enfin pouvoir respirer !
Enfin, certains ont montré l’inefficacité des séminaires, très répandus dans la Fonction Publique, sur la Théorie Critique de la Race ainsi que tous les ateliers consacrés à la diversité-égalité-inclusion. Non seulement ces enseignements sont destinés à inculquer des concepts clivants et anti-républicains aux fonctionnaires, mais il s’est avéré qu’ils n’ont pas conduit à faire changer les mentalités et que le racisme, lorsqu’il était présent, ne s’éteignait pas, loin de là, lorsqu’on diffusait une idéologie culpabilisante.
D’autant que dans certains cas, on encourage Noirs et Blancs à ne pas se fréquenter, témoins ces remises de diplômes par couleurs de peau, ou ces questions visant à isoler les enfants de l’amitié entre « races » (quelle idée ? reconstituer des races ? c’est vraiment insupportable pour qui a toujours appris qu’il n’y avait qu’une seule race, la race humaine !).
Ce livre nous offre des perspectives et permet de lutter contre le pessimisme qui nous envahit quand on voit une société se désagréger sous nos yeux. Mais il me convainc également que si le wokisme est bien devenu une maladie des gauches en général, il n’y a aucune fatalité à laisser la lutte anti-woke aux seuls conservateurs ou idéologues d’extrême droite.
Il appartient aux gens sensés et de bonne volonté de s’unir contre cette maladie mortelle et c’est peut-être bien possible sans en passer par une dictature d’extrême droite. D’ailleurs, j’ajouterais que le wokisme étant un totalitarisme de même nature que celle que nous promet l’extrême droite, il est donc possible d’en combattre les effets nuisibles sans sombrer dans un autre précipice.