Quoiqu’intitulé "roman", ce livre est un récit, un récit mis en scène, transformé, mais un récit autobiographique d’une grande vérité.
Il s’agit, pour l’autrice, de raconter son « expérience » traumatisante de harcèlement sur les Réseaux, harcèlement qui a duré 10 ans et qui dure encore, car le responsable de ce déluge haineux, condamné par la Justice, a encore fait appel en 2022.
La narratrice, tout comme l’autrice, est journaliste à la radio au moment des faits. Un homme, très respectueux et très gentil, lui fait une demande d’ami, comme il y en a tant.
Et pendant des mois, tout est très correct, les relations semblent claires (les deux sont en couple, le harceleur et la femme harcelée), il n’est pas question de rapprochement amoureux.
Progressivement pourtant, le ton change, sans que jamais la narratrice ait fait le moindre signe d’appel ou d’acceptation que quoi que ce soit. Je ne sais pas ce qu’il en a été dans la vraie vie, mais il paraît très vraisemblable que le harceleur n’ait jamais pu arriver à ses fins et que la frustration l’ait ainsi entrainé vers la haine, le ressentiment, la vengeance. Certes, cela ne suffit pas à expliquer le comportement, les insultes, l’obsession injurieuse de cet homme, par ailleurs très banal, vraiment lisse, et plutôt intelligent. Il y faut probablement une personnalité perverse, un sadisme, une envie irrésistible d'exister par l'horreur qu'on inflige et qu'on inspire.
Il faut lire ce livre, car la narratrice détaille toutes les étapes de la tentative d’emprise, depuis les mots courtois, les réflexions humoristiques et la galanterie des débuts jusqu’à l’expression des insultes les plus habituelles ("Sale pute" c'est la préférée des dingues de ce type), les plus conformistes et viles de cet homme délirant.
Jamais Myriam Leroy ne cherche à psychologiser son agresseur, jamais, elle ne le traite de fou ou de débile. Elle se borne à rapporter fidèlement les dérapages, les glissements, qui progressivement l’amènent à des déchainements de violence.
À lire absolument pour décortiquer le danger des réseaux sociaux et prévenir contre les monstres qui s’y nichent.