C’est la curiosité qui m’a dirigée vers ce livre, la curiosité pour une activité sportive que, non seulement je ne pratiquerais évidemment jamais (même en amateur), mais que, de plus, je n’ai jamais eu l’occasion de suivre de quelque manière que ce soit. Il y a bien eu Le Grand Bleu, mais, déjà à l’époque, je n’ai pas bien compris l’engouement du public pour ce type de performances. Oui, le film était poétique et renvoyait à des questions métaphysiques mais est-il besoin d’accomplir de telles prouesses pour réfléchir au sens de la vie ?
En m’intéressant à Guillaume Nery, de façon très récente alors qu’il est archiconnu dans les milieux de l’apnée (il détient plusieurs records du monde), je voulais tenter de comprendre ce qui poussait quelqu’un à risquer sa vie pour un record.
Car il a bien failli ne pas survivre à l’une de ses plongées de l’extrême et c’est ce qu’il raconte dans ce livre. En 2015, suite à une erreur de jalonnement du câble mesurant la profondeur, il s’est retrouvé à descendre presque 10 mètres au-delà de son propre record, soit 139 mètres au lieu de 129. Ces accidents sont très rares, mais en général, ils ne pardonnent pas. Le corps exposé à des pressions vertigineuses réagit au retour, à la surface ou presque, et les veines, les poumons, les vaisseaux se dilatent d’un seul coup, provoquant des syncopes et l’arrêt des fonctions vitales.
Cette discipline sportive exige, comme toujours, une grande préparation, mais aussi beaucoup de concentration et de travail sur, non seulement la respiration, mais sur la recherche, très technique, du meilleur profilage et donc de la limitation des mouvements inopportuns.
J’ai appris que la discipline compte de nombreuses options : en poids constant ou variable, avec ou sans palmes, statique ou dynamique, avec oxygène au préalable ou non etc…J'ai ainsi appris qu'après absorption d'oxygène, on peut tenir 24 mn sans respirer et que le record en apnée plongée no limit est de -244 mètres!
La plongée en apnée existe depuis la nuit des temps : on a retrouvé des coquillages de profondeur qui avaient été dégustés dans l’Antiquité, l’utilisation du corail est très ancienne et les pêcheurs de perles ont toujours pratiqué l’apnée.
C’est un livre rafraichissant, ne serait-ce que parce que son auteur est très honnête au regard des limites de sa discipline et de sa personnalité.