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C'est comme ça, si vous voulez (2022, Théâtre de La Tempête, Vincennes Cartoucherie)

C'est comme ça, si vous voulez (2022, Théâtre de La Tempête, Vincennes Cartoucherie)

Une pièce de Pirandello, c’est toujours un moment de bonheur où on se retrouve presque en terrain connu. Les thèmes récurrents sont toujours la folie et l’impossibilité de connaitre une vérité tangible, les personnages pris au piège de l’absurde, du double sens et du malentendu, l’enfermement, etc…

Le titre habituel de cette pièce de théâtre est : « A chacun sa vérité », et elle a été jouée en 1917 pour la 1ʳᵉ fois. Le titre a été modifié pour la version donnée au Théâtre de La Tempête en ce moment. La raison de ce changement ( pour ce titre « C’est comme ça, si vous voulez » d’ailleurs plus proche du titre original italien « Cosi è, se vi pare »), c’est que la représentation inclut un acte non prévu par Pirandello.

On commence donc par le texte Pirandellien, et ce, pendant les 3 premiers actes.

Dans l’intrigue initiale, nous sommes invités à nous poser les mêmes questions que les voisins d’une nouvelle famille, famille qui vient de s’installer dans le quartier.

Le couple qui a emménagé au 6ᵉ étage est un couple singulier : l’homme travaille à la Préfecture, (en Italie, la Préfecture c’est l’équivalent de la Préfecture de police de Paris, une sorte de Ministère de l’Intérieur à l’échelle d’une région) comme secrétaire de direction et la femme….la femme est invisible, elle ne sort jamais, ne parle à personne, bref elle semble être séquestrée par son mari.

Le plus intriguant, c’est que la famille est composée de la belle-mère, la mère de l'épouse, qui n’habite pas dans le même appartement que son gendre et qui semble avoir interdiction de voir sa fille.

À partir de là, les voisins échafaudent des hypothèses toutes plus inquiétantes les unes que les autres. Pour en avoir le cœur net, ils décident de rencontrer la belle-mère. La vieille dame leur confie une première version de l’histoire ; Mais le gendre, peu de temps après, vient contredire complètement les dires de la belle-mère. Qui est la fille, l’épouse séquestrée de l’employé de Préfecture?. Est-elle bien la 1ʳᵉ femme devenue folle du mari ou bien est-elle sa seconde épouse ? La même que la 1ère   ou une autre ? La 1ère est-elle morte et cacherait-on la triste vérité à sa mère, qui elle, serait devenue folle sinon ? Qui est fou, qui est mort, qui est vivant ? Impossible de connaitre une seule vérité, et chacun doit se contenter de ses propres suppositions.

La mise en scène est vraiment superbe : tout se passe sur un palier d’escalier, sur une plateforme d’où partent des volées de marches qui ressemblent tout à fait à l’escalier de Penrose dont les marches forment une boucle sans fin, car son dessin repose sur une illusion d’optique. Effectivement, il était très astucieux de glisser la scène dans une architecture impossible, de plus, très graphique. Les lumières permettent également des scènes d'ombres chinoises qui prennent tout à fait sens dans ces recherches de vérité inatteignables.

Les 3 actes de la pièce de Pirandello sont donc très bien exécutés, même si la représentation cède aux impératifs de notre époque : il y a un trans (qui joue en robe de femme un rôle d’homme, celui du « tonton » !!!) , une grosse femme, des personnages "racisés" comme on dit. Je ne vois guère l’utilité d’introduire de façon systématique des personnages soi-disant discriminés dans toutes les représentations actuelles, mais bon, on finira par oublier ces idioties et ce n’est pas si gênant pour nous, spectateurs.

D’autant que, dans le cas de figure, il y a bien pire. Je ne sais pas pourquoi il a été demandé au metteur en scène de rajouter un acte. Ce dernier acte est une catastrophe. Heureusement, l’auteur ne cherche pas la continuité avec le texte de Pirandello. Mais je ne comprends toujours pas le sens de ce 4ᵉ acte violent, ravageur, inarticulé et sanguinolent. Est-on sorti de l’indécision ? A-t-on résolu la question de la vérité ? Qu'est-ce que ces grognements et ces tueries signifient ?

Ce 4ᵉ acte est d’une nullité confondante !

Heureusement que la pièce de Pirandello a été si superbement interprétée. La pièce, jouée à la Tempête à la Cartoucherie de Vincennes, a été produite par le Théâtre de la Manufacture–CDN Nancy Lorraine en coproduction avec le NEST–CDN transfrontalier de Thionville–Grand-Est, Le Trident–scène nationale de Cherbourg-en-Cotentin, le Théâtre des Bergeries–Noisy-le-Sec, l'Escher Theater avec le soutien de la DRAC Grand Est, de la région Grand Est, du département de Meurthe-et-Moselle, de la ville de Nancy,

Mise en scène :  Julia Vidit

Dramaturgie : Guillaume Cayet

Acteurs : Marie-Sohna Condé, Erwan Daouphars, Philippe Frécon, Étienne Guillot, Adil Laboudi, Olivia Mabounga, Véronique Mangenot, Barthélémy Meridjen, Lisa Pajon

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