Bien entendu, c'est le silence absolu des médias sur ce livre, eux qui ne s’étaient pas privés de gloser pendant des semaines sur le précédent « Un président ne devrait pas dire ça » !
Davet et Lhomme, selon leur vieille habitude, dressent le bilan, en fin de mandat, de notre président de la république.
Et, on s’en doute les constats sont accablants.
Sans s’arrêter particulièrement aux errements de la crise sanitaire où notre épidémiologiste en chef a navigué à vue, se contredisant avec un aplomb digne de Pinocchio, et imposant des restrictions insensées au pays alors même qu’il réduisait les moyens des hôpitaux, les actions menées par ce grand manitou du charme (de la manipulation) sont quasiment toutes catastrophiques pour la France.
Le livre est divisé en deux parties : Le traitre d’une part et le néant d’autre part. La 1ʳᵉ partie radiographie la méthode d’accaparement des réseaux et de construction de la rampe de lancement, au nez et à la barbe de son mentor Hollande. Et d’ailleurs de tous ses mentors, car on dit, dans les milieux autorisés, qu’il aurait le génie de plaire aux vieux messieurs influents. Les exemples sont très nombreux et il y a même, de la part des auteurs, une pointe d’admiration pour ce talent exceptionnel.
Le futur président est décrit comme un jeune homme brillant et d’autant plus qu’il n’est pas une « tête » : il n’a jamais réussi Normale Sup et n’a jamais été remarqué pour son intelligence.
« À l’ENA, on le surnomme « André Rieu », tant son look cheveux longs – chemises improbables – foulards bigarrés fait furieusement penser au barde néerlandais. « Il avait une tête d’étudiant tchèque venant de passer à l’Ouest », s’esclaffe la directrice d’alors, la diplomate Nathalie Loiseau ».
En revanche, dès ses années d’études, il côtoie des hommes de réseau. « On était admiratifs de sa capacité à rayonner au-delà de sa capacité de travail, relate Gantzer car "il est indéniablement sympathique, séducteur, chaleureux, tactile dès le premier contact."
A Paris, où il a troqué le foulard tendance « baba cool » de ses jeunes années pour un impeccable costume gris souris de haut fonctionnaire, il séduit très rapidement les vieux bonzes qui font et défont les carrières : Attali, Minc, Jouvet. « Il a un charme fou, en particulier sur les vieux. Il a fait carrière avec les vieux. Les vieux le savent, mais ce n’est pas grave. Après, il n’aime que lui… » dit Alain Minc.
A l’été 2007 se présente la chance de sa vie : la création par le président Sarkozy de la Commission pour la libération de la croissance française, confiée aux bons soins de Jacques Attali. Ce dernier confie à son protégé le rôle de rapporteur général, celui par qui tout transite. C’est ce même Attali qui le fera nommer plus tard à Bercy, libéré par Montebourg en 2014. Et c’est encore lui qui lâchera en 2016 lors d’une conférence organisée par l’hebdomadaire Challenges : « Macron n’incarne que le vide. »
Le banquier qu’il devient joue aussi très vite du double jeu, notamment dans l’affaire du rachat du journal Le Monde, où, en sous mains, il travaille en partisan pour une équipe de repreneurs au lieu de rester neutre et arbitre.
Et il progresse en construisant systématiquement son réseau de relations. Parmi tous ceux qu’il rencontre, comme secrétaire général adjoint de l’Elysée, Xavier Niel, puissant patron de Free. « Très à l’écoute, comme toujours, Macron, déjà surnommé « le buvard » pour sa capacité hors norme à vampiriser les (bonnes) idées des autres, boit les paroles de l’iconoclaste homme d’affaires aux chemises immaculées. »
Tout est ensuite détaillé concernant la « TRAHISON », celle qu’il organise de manière systématique contre Hollande, son mentor complètement aveuglé par l’affection (à sens unique) malgré toutes les mises en garde de ses conseillers.
Et puis il y a la victoire et le retour au réel.
François Baroin : « Franchement, cet horrible terme d’“ancien monde”, qui est d’une prétention incroyable, d’une arrogance hallucinante… Par moments, je me disais : “Qu’est-ce qu’il raconte ?”
« Macron fait une politique libérale, insiste Stéphane Le Foll, ancien ministre socialiste de l’Agriculture. Le “nouveau monde”, mais avec ses vieilles recettes. »
L’ISF, les 80km/h, la taxe carbone, les APL, l’assurance chômage, la privatisation de la SNCF, la privatisation (heureusement contrariée) d’ADP, l’Affaire Benalla, les Gilets Jaunes, l’affaire Griveaux, l’affaire Buzyn, la ponction sur les finances des collectivités locales, les diverses lois restreignant la liberté d’expression (images des policiers, transfert de la censure aux plateformes, etcc) , «pour la plupart des personnalités interrogées pour les besoins de cette enquête – et même jusqu’à certains de ses supporters –, Emmanuel Macron, c’est d’abord l’histoire d’une imposture idéologique, celle d’un homme présenté comme l’incarnation parfaite du progressisme de gauche, mais dont la politique menée depuis son élection semble s’inscrire dans la plus pure tradition de la droite libérale ; du moins jusqu’à la pandémie du Covid-19 ».
Quant à la situation économique de la France à quoi fallait-il s’attendre, car comme le dit Olivier Marleix (LR) : « avant même son accession à l’Élysée, Macron aurait bradé une partie du patrimoine stratégique industriel hexagonal pour favoriser de riches et influents amis. Marleix va plus loin : après avoir présidé de manière très offensive à partir d’octobre 2017 une commission d’enquête chargée d’examiner les décisions de l’État en matière de politique industrielle, il va jusqu’à évoquer des faits de « prise illégale d’intérêts » et de « corruption », soupçons dont il a fait part début 2019 au procureur de Paris. »
Les finances publiques sont dans le rouge, les hôpitaux rendent l’âme, les services publics expirent, les médias sont bâillonnés, les Français déchirés et archipélisés, et jamais autant de contre-vérités et de fake news n’ont été à ce point assénées à longueur d'antennes serviles.
Mais tout va pour le mieux, Madame la Marquise !