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Bleuets (Maggie Nelson 2019)

Bleuets (Maggie Nelson 2019)

C’est un livre assez inclassable, à mi-chemin entre « Les Pensées », les fragments, les citations et l’autobiographie. De prime abord, pourtant rien ne pouvait m’attirer dans cette lecture. L’auteur est une femme qu’on dit gender fluid friendly parce qu’elle est mariée à un Harry qui a fait sa transition il n’y a pas longtemps. Et que ce qu’elle écrit est, parait-il, marqué par ces tendances.

Honnêtement je ne l’ai pas vraiment noté dans ce livre où ses fantasmes, qui ne sont pas évoqués à longueur de page, me paraissent être très hétéronormés.

Ce livre parle en filigrane d’un chagrin d’amour, d’une séparation douloureuse, récente, qui a entrainé pour elle, la narratrice, une période de blues qu’elle semble traverser en funambule, seule dans la ville, comme c’est ce qu’on ressent dans les moments de ruptures. 

Le thème central c’est le blues ou plutôt non, c’est la couleur bleue dont elle dit être tombée amoureuse dans son âge adulte. D’où le titre « Bleuets », qu’elle trouve romantique parce qu’elle pense que ces fleurs parsèment uniquement la campagne française et qu’elle ne savait pas que leur équivalent en anglais est « cornflower », beaucoup moins suggestif en effet.

Après, il faut se laisser zigzaguer dans le livre, au gré des petits récits et réflexions philosophiques qu’elle jette dans un désordre qui n’est qu’apparent, au fil des pages. 

Voilà quelques morceaux choisis :

2. Je suis donc tombée amoureuse d’une couleur – la couleur bleue, en l’occurrence – comme on tombe dans les rets d’un sortilège, et je me suis battue pour rester sous son influence et m’en libérer, alternativement.

7. .[…]Les aliments bleus sont si rares dans la nature – le bleu y désigne plutôt les aliments à éviter (moisissure, baies empoisonnées) – que les spécialistes en gastronomie déconseillent généralement la lumière, la peinture et les assiettes bleues dans les lieux où l’on sert à manger. Mais si cette couleur est littéralement capable de couper l’appétit, elle le nourrit à d’autres niveaux.

19. Des mois plus tôt, j’avais fait un rêve, et dans ce rêve apparaissait un ange qui disait : Tu dois passer plus de temps à réfléchir au divin et moins de temps à imaginer déboutonner la braguette du prince du bleu au Chelsea Hotel. Et si la braguette du prince du bleu était le divin, plaidais-je. Soit, dit l’ange, qui me laissa seule à sangloter, le visage contre les lattes bleues du parquet.

30. Si une couleur donne de l’espoir, est-il possible d’en déduire qu’elle peut aussi susciter du désespoir ?

75. J’ai surtout l’impression de me transformer en servante de la tristesse. Je continue de chercher de la beauté là-dedans.

101.[…] j’ai effectué un sondage auprès de plusieurs amis pour voir combien de temps ils s’autorisaient entre “une période mauvaise et aveugle” et une vie tout simplement gâchée par la dépression ; ils se sont accordés sur une période de sept ans.[…] Le 21 septembre 2001, par exemple, George Bush II a annoncé au pays que le temps du deuil était terminé et devait faire place à l’action ferme.

123. Quand je parle de foi, ce n’est pas de la foi en Dieu. De même, quand je parle de doute, il ne s’agit pas de douter de l’existence de Dieu ni de la vérité des évangiles. Ces termes n’ont jamais signifié grand-chose pour moi. […]

130. Nous ne pouvons pas lire les ténèbres. Nous ne pouvons pas les lire. Bien que communément répandue, c’est une forme de folie que d’essayer de le faire.

Je ne sais pas si je recommande la lecture de ce livre. Je sais seulement que l’auteur est une grande littéraire , et que, personnellement je lirai d’autres livres d’elle.

 

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