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SANOFI et les prédateurs

SANOFI et les prédateurs

ou l'histoire des financements de la recherche en France.

J’en ai encore mal à la tête ! Malgré mon obstination et mes recherches laborieuses (et systématiques), figurez-vous que je n’ai toujours rien compris au financement de la recherche médicale en France!

Et puis, d'abord,  pourquoi ai-je voulu comprendre un sujet aussi ardu ?  

Eh bien parce que ..l’affaire SANOFI …l’entreprise qui vend un vaccin avant de l’avoir trouvé, m’a donné envie de me renseigner. Oh! j’ai bien compris tout de suite qu’il s’agissait d’une histoire d’argent.

Tout le monde (politique) pousse des cris d’orfraie mais personne n’accepte de voir les réalités en face.

D’abord je règle une question que j’avais déjà évoquée ICI.

SANOFI n’est pas (n’est plus) une entreprise française. Qu’on comprenne bien que, et ce sont des infos que je tiens du très bon livre-enquête de Laurent IZARD : il n’y a plus d’entreprises « françaises », ni grandes ni moyennes, ni même petites sauf des commerces de proximité.

Les capitaux sont dispersés entre beaucoup d'actionnaires et surtout surtout ces entreprises ne paient que très peu d’impôts en France.

Par exemple L’OREAL, qui détient 9% du capital de SANOFI : ce n’est plus une entreprise française, et ce , même si la famille BETTENCOURT possède encore 33% des parts du groupe.

L’actionnariat de chaque entreprise soit disant française est composé en majorité d’actionnaires « étrangers » (le plus souvent des fonds d’investissement géants) , qui ne paient pas, en France,  d’impôts sur les dividendes.

Pour SANOFI,  l’actionnariat public est à 64% « étranger ». Il faut bien s’en souvenir pour la suite.

L’entreprise redistribue ses dividendes  (plus de 110 % de ses bénéfices, ce qui montre bien que l’actionnariat est prédateur avant tout) à des actionnaires étrangers qui ne paient rien ou presque, en impôts, à la France1.

Malgré cela SANOFI, tout comme beaucoup d’autres entreprises, perçoit du CREDIT IMPOT RECHERCHE ET INNOVATION qui est autant d'argent en moins, argent que l’Etat français ne perçoit pas (et ce, en plus des dividendes qui lui échappent). 150 millions/an environ. Sur plusieurs années, c'est conséquent...

Et là on tombe justement dans le financement de la recherche en France.

Car SANOFI a bien fait de dire que le vaccin COVID19 reviendrait en priorité aux USA. C'est vrai que les USA ont mis sur la table des dizaines de milliards en argent frais et pas en crédit d’impôts.

Toute cette montagne de dollars ne revient pas à SANOFI (je pense d'ailleurs que l'entreprise n'en récupère pas assez , d'où son intervention récente qui visait bien plus les USA que l'Europe ou la France), mais elle est attribuée à tous ceux qui sont chargés de "trouver". Il faut également constater que sur les 15 plus gros labos du monde entier, la moitié sont Américains, et là, pas question de pointer « ABSENT » sur la question du patriotisme économique. Les USA ont élaboré de longue date de multiples lois pour protéger leur économie, dont les plus connues sont:

  • le fameux "Buy American Act" Un dispositif mis en place par Franklin Roosevelt, lors de la Grande Dépression de 1933 pour soutenir la production nationale qui impose au gouvernement fédéral l’achat de biens manufacturiers produits aux Etats Unis.
  • Il existe aussi un "Buy American Act" qui ne concerne, lui, que le secteur des transports publics, dès lors que le financement inclut des subventions du gouvernement fédéral, et pour les commandes qui dépassent les 100.000 dollars.
  • Et enfin un "American Job Act", (AJA) passé par l’administration dans le cadre du second plan de relance d’Obama, qui concerne, lui, surtout le bâtiment, et qui précise que l’acier, le fer, et les biens manufacturés des commandes publiques doivent provenir du sol américain.

Face à cet arsenal, que croyez vous que nous avons mis en place ? Rien de rien, ni en France ni en Europe, au nom du sacro-saint libéralisme.

Les rapports parlementaires se sont succédés, dont le dernier date de 2019, il s’agit du rapport GAUVAIN (qui explique comment faire pour se protéger des actions juridiques des USA, arme fatale pour faire tomber les entreprises européennes) , rien n’y a fait.

Voilà donc la situation : L’Etat français estime qu’il a déjà donné, notamment avec son « machin » : le crédit impôt, qui consiste à alléger les impôts de SANOFI, qui, lui, fait des bénéfices qu’il redistribue à des actionnaires étrangers qui ne paient pas un sou au généreux Etat français.

SANOFI « oublie » ce don de l’Etat, et cherche des financements en argent sonnant et trébuchant ailleurs.

Il oublie aussi certainement les subventions dont il bénéficie dans le cadre des milliards (50 milliards par an au total pour toute la recherche financée avec des subventions publiques, dans tous les domaines) donnés aux projets de recherche auxquels le labo participe en partenariat avec d’autres structures. Je ne sais pas exactement ce que SANOFI récupère comme subventions car justement, y voir clair dans le maquis de la recherche français et de son financement relève d’un esprit supérieur au mien.

Mais je comprends très bien SANOFI.

Personne dans le public n’a prêté attention aux annonces de SANOFI ces dernières années.

Voilà ce que j’ai relevé dans la presse récente :

Le 10/12/19 Paul Hudson (le nouveau patron américain de SANOFI) use du scalpel pour tailler Sanofi pour la course.

Les premiers contours du plan stratégique plaisent à la Bourse où Sanofi gagne plus de 5%. L’idée ? Que le laboratoire concentre ses moyens financiers sur la recherche de médicaments qui peuvent rapporter gros dans une industrie concurrentielle où il faut aller vite. Ces mesures devraient générer des économies de deux milliards d'euros d'ici à 2022, explique le groupe, qui va se servir de cet argent pour accélérer le développement de ses projets prioritaires.

Le 21/11/2019 : En hausse de 2,7% à 85,10 euros, Sanofi signe la plus forte progression du CAC 40. Le laboratoire pharmaceutique français n'a pourtant pas découvert un médicament innovant susceptible d'améliorer la vie des gens et son compte en banque. Le titre est, en réalité, soutenu par la rumeur d'une prochaine cession d'actifs qui devrait, sans nul doute, doper le retour à l’actionnaire. Selon Bloomberg et Reuters, Sanofi réfléchit à une coentreprise ou à une vente de son activité de médicaments sans ordonnance, dont fait partie le célèbre Doliprane.

le 21/06/2019

Sanofi supprime 466 postes et abandonne la recherche en cardiologie. Sanofi continue son "dégraissage". La société vient d'annoncer le départ volontaire de 466 chercheurs, dont 300 en France. Le géant pharmaceutique français, qui a manqué le tournant des immunothérapies en cancérologie, souhaite notamment se retirer de la recherche sur les maladies cardiovasculaires.

Le 11/09/2017

Après la réduction des financements américains, le laboratoire français se voit contraint d'abandonner son programme de développement d'un vaccin contre le virus Zika. L'autorité américaine de recherche et développement avancés dans le domaine biomédical (Barda) a décidé de réduire considérablement le financement accordé à Sanofi Pasteur pour la recherche d'un vaccin anti Zika. De ce fait, la division vaccin du groupe pharmaceutique français a mis un terme à ce programme. Cette décision a été publiée le 1er septembre sur le site internet américain du laboratoire, et ce, de manière assez discrète...

02/07/2017

Le géant pharmaceutique français Sanofi a annoncé vendredi avoir abandonné son programme de développement d'un vaccin contre les infections à "clostridium difficile", pour se concentrer sur six autres projets de vaccins en développement. Dues aux antibiotiques, ces infections sont la cause principale des diarrhées nosocomiales, contractées lors d'un séjour en établissement de santé.

22/08/2016

Medivation. Pour le plus gros laboratoire pharmaceutique français, ces quatre syllabes étaient devenues éminemment désirables. Depuis plusieurs mois, le premier laboratoire français n'avait pas ménagé ses efforts pour s'emparer de cette biotech américaine, spécialiste du cancer. Las, la proie lui passe sous le nez. L'Américain Pfizer a annoncé ce lundi avoir bouclé l'opération pour 14 milliards de dollars. Coup dur pour Sanofi ou abandon prudent d'une folle séance d’enchères ?

Et je n’ai cité que quelques encarts, je n’ai pas parlé de l’abandon des recherches sur les allergies, sur le diabète etc…

A chaque abandon, le titre remonte et sert très bien les actionnaires. Actionnaires qui tirent leur épingle du jeu à double titre: sur la prédation de SANOFI et sur leurs investissements dans les autres labos qui récupèrent les brevets et biens de SANOFI.

Ca y est, tout le monde a bien compris. Le seul labo resté « français » est en train d ‘être dépecé, à la découpe justement pour éviter de concurrencer d’autres labos plus « patriotiques » et satisfaire l’appétit d’actionnaires qui veulent toujours plus de profits.

Ce qui est scandaleux c’est que cela se passe sous les yeux (fermés) du pouvoir politique qui continue de financer les prédateurs…

Ce qui montre bien que les « outils » d’interventions, conformes aux vœux de la Commission Européenne (pas de favoritisme) sont en fait des outils STUPIDES et qui ne font qu’accélérer la vente de nos fleurons à d’autres pays moins scrupuleux sur les principes …

Donc rassurez-vous, si mon analyse est la bonne, jamais SANOFI ne trouvera le vaccin COVID.

Dans un prochain post, je vais détailler un peu plus ce que j'ai pu comprendre de la toile d'araignée de la recherche médicale française.

A suivre donc...

1- Un ami vient de me faire remarquer que, depuis 2019, il existe une nouvelle loi permettant de taxer les dividendes pour des non résidents en France, comme indiqué ci dessous:

Suite aux scandales des CumCum et des CumEx files, le législateur français a pris des mesures limitant les montages d’évasion fiscale dans le cadre des distributions de dividendes. A partir du 1er juillet 2019, les dividendes de source française distribués à des non-résidents subiront automatiquement une retenue à la source au taux de 12,8%, et ce malgré un taux différent prévu dans la convention fiscale internationale. Cette retenue à la source est effective lorsque le versement des dividendes est réalisé dans le cadre d’une cession temporaire durant moins de 45 jours des titres auxquels ils se rattachent. En revanche si le contribuable non résident apporte la preuve qu’il est le réel bénéficiaire des dividendes et que la distribution de ces dividendes dans le cadre international n’a pas pour objet principal d’éluder l’impôt français, alors ce contribuable pourra demander l’application du taux favorable prévu dans la convention fiscale liant la France à son pays d’expatriation. (art. 36 de la Loi de Finances pour 2019 introduisant un nouvel article 119 bis A dans le code général des impôts)

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