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YUKASHOKEN HOKOKUSHO (enquête 6ème épisode)

YUKASHOKEN HOKOKUSHO (enquête 6ème  épisode)

Cela fait bientôt trois mois que je n’ai pas repris cette rubrique, je l’avoue, car, en voulant éviter de relater les péripéties quotidiennes de cette affaire, je n’avais pas trouvé de rebondissement notable susceptible de nous intéresser, à l’exception peut-être de la nouvelle-et temporaire-incarcération de Carlos Ghosn. (voir épisode 1, épisode 2, épisode 3, épisode 4, épisode 5)

Or, l’actualité de ces derniers jours rappelle les conclusions de mon précédent post.

Il s’agit d’une part de la diffusion d’une vidéo particulièrement « clinquante » de la fête donnée par Carlos Ghosn au château de Versailles le 9 mars 2014. J’avais commencé à évoquer, parmi les « péripéties » françaises, la facture d’une autre fête, celle du mariage de notre personnage, également au château de Versailles.

Mais le plus important, à mon sens, c’est la divulgation d’informations sur la dégradation des relations entre Nissan et Renault, Nissan refusant plus que jamais la perspective d’une fusion qui, selon ses dirigeants, est préconisée par Jean-Dominique Senard, le nouveau PDG de Renault, dans quasiment les mêmes termes que Nissan. Et je m’inquiétais précisément de l’avenir de l’alliance Renault-Nissan, et même plus généralement de la difficulté à faire fonctionner ce genre d’alliance.

Nous pensions que l’arrivée de Jean-Dominique Senard, avec son tempérament calme, réservé, discret, typique d’un gentleman bien élevé, tout à l’opposé du flamboyant Carlos Ghosn, allait ouvrir une période nouvelle dans la coopération entre Renault et Nissan. Or, nous apprenons il y a quelques jours que les tensions sont réapparues. Selon les Japonais, il se prépare dans les coulisses un projet de fusion « ressemblant trait pour trait à celui que concoctait Carlos Ghosn ».

Et les accusations d’hypocrisie pleuvent sur les dirigeants de Renault : M Senard dirait en public que le moment n’était pas venu d’évoquer les changements dans la composition du capital et les relations entre les trois entreprises (car il y a aussi Mitsubishi) et continuerait en privé à préparer la fusion comme si de rien n’était. De plus le moment serait bien choisi. Nissan se prépare à annoncer, la semaine prochaine, des résultats 2018 qui ne seraient pas très brillants, en forte diminution par rapport à l’année précédente. Voici donc Renault désigné comme le prédateur. Selon un rapport interne, le constructeur français mettrait en avant une hausse de son bénéfice par action en cas de « convergence » renforcée avec Nissan.

Pendant ce temps, qu’est-il arrivé à Carlos Ghosn ? Il s’est vu « offrir » un nouvel aller et retour vers la case prison : incarcéré début avril, il a été libéré trois semaines plus tard après versement d’une caution de 4 millions d’euros (qui s’ajoute à la caution de 8 millions d’euros exigée lors sa précédente libération en mars, après une première incarcération de 108 jours). Et sous des conditions très strictes, avec, outre l’obligation de rester au Japon, l’interdiction de rentrer en contact avec sa femme sauf autorisation spéciale sur requête motivée ! On nous indique que ses avocats japonais ont écrit au procureur pour lui demander de cesser de « torturer » leur client ! Son épouse serait soupçonnée de participer à la dissimulation de pièces à conviction.

Mais bien évidemment le procureur, ainsi que les dénonciateurs et accusateurs de tout poil rajoutent presque chaque semaine de nouveaux éléments à charge. On nous révèle que le dossier à charge contre Carlos Ghosn aurait été monté grâce aux documents récupérés à Beyrouth dans l’ordinateur portable d’une assistante libanaise qui travaillait pour un avocat ami de longue date de notre PDG franco-libano-brésilien. Et il en ressort une accusation plus grave que celle de dissimulation au fisc : c’est l’abus de confiance aggravé et le détournement de fonds.

Et pas sur de petites sommes : une bonne partie des 30 millions de dollars versés par Nissan au concessionnaire Renault-Nissan du Sultanat d’Oman entre 2012 et 2018. Détournements vers des sociétés familiales qui auraient permis, entre autres, de financer la villa de luxe au Liban (9,5 millions de dollars), un yacht et, probablement des fêtes. Je ne résiste pas au plaisir de vous donner le nom des sociétés en question : nous avons affaire à « Good Faith Investment » et « Beauty Yacht ».

Moralité : si vous voulez investir dans des sociétés dont le nom vous promet le bonheur céleste ou la beauté sincère, méfiez-vous !

Et si vous êtes invité, avec plus d’une centaine de « happy few », au Château de Versailles à une fête somptueuse, qui commence par un super cocktail avec caviar et champagne dans la Galerie des Glaces, avec une armée de serveurs en tenue d’époque Louis XIV, un orchestre de musique de chambre, qui se poursuit par un dîner de gala et qui se termine par un feu d’artifice tiré sur le Parc, méfiez-vous aussi. D’abord vous serez filmé, peut-être à votre insu, et ensuite on vous dissimulera probablement l’origine de tout cet argent si généreusement dépensé.

Le 9 mars 2014, officiellement pour marquer le quinzième anniversaire de l’alliance Renault-Nissan, c’est une telle fête qui nous est montrée dans une vidéo qui a opportunément ressurgi ces derniers jours. De méchants esprits ont fait remarquer que l’alliance avait été conclue le 27 mars 1999, et non un 9 mars. Le 9 mars, c’est le jour de naissance de Carlos Ghosn, qui avait précisément soixante ans le 9 mars 2014. Et j’ai bien regardé la vidéo, je n’ai nulle part et à aucun moment vu de signes distinctifs de la firme automobile au losange ou de son « alliée » japonaise.

Envers et contre tout, les défenseurs de Carlos Ghosn continuent d’affirmer que tout cela relève d’un complot, préparé de longue date par les dirigeants de Nissan, les « traîtres », avec probablement le soutien du ministère de l’industrie japonais, le fameux « METI », pour empêcher cette fusion renforcée qui serait, selon eux, l’aboutissement, le couronnement de la « success-story » franco-japonaise. Et avec, cerise sur le gâteau, le troisième partenaire, Mitsubishi, pour renforcer le groupe.

J’avoue que je crois de moins en moins à cette théorie. Pour deux raisons, l’une liée au personnage, l’autre aux sociétés.

Le personnage d’abord. Je sais bien qu’il n’est pas le seul PDG de notre monde capitaliste mondialisé à toucher des rémunérations d’un montant indécent, des sommes folles hors de proportion avec ce que gagne pour vivre le commun des mortels. Il paraît qu’il cite souvent le PDG de General Motors (entreprise elle aussi aidée par l’Etat à l’époque d’Obama, soit dit en passant). Mais trop c’est trop.

Les sociétés ensuite. Si Nissan ne se porte pas très bien, c’est entre autres en raison de difficultés en Asie et aux Etats-Unis, des Etats en pleine guerre économique, et prêts à tout pour protéger leurs « marchés ». Ne cherche-t-on pas à se débarrasser de Renault, jugé trop encombrant, ou affaiblir Nissan ? Et Renault ?  Malgré le récent redressement, mais à quel prix social, réductions d’emplois en France, délocalisations dans des pays à main d’œuvre bon marché (cf le Maroc), malgré la stratégie de développement et d’innovation (voiture électrique, voiture autonome), certains ne voudraient-ils pas affaiblir cette entreprise historiquement ancrée dans notre pays ? Il y a encore beaucoup de points à éclaircir. Prochaine étape dès la semaine prochaine : les comptes de Nissan.

A suivre donc signé VIEUZIBOU

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