On ne raconte plus Richard III, que tout le monde connait. En bref, Richard, duc de Gloucester, boiteux, laid et difforme, est envahi de ressentiments à l’encontre de ses frères primo-nés et qui sont amenés à gouverner l’Angleterre. Shakespeare fait référence à la guerre des deux Roses qui a opposé les maisons rivales de Lancastre et d’York dont les emblèmes étaient une rose rouge pour la première et blanche pour l’autre. C’est une guerre civile bien réelle qui a duré 30 ans de 1455 à 1485 à laquelle a pris part le véritable Richard III, lequel n’a pu régner que 2 ans. Il est tué à 32 ans, en 1485, à Bosworth, après s'être battu avec fougue et courage. En dépit de cela, sa dépouille nue est lacérée de mille façons, ficelée sur un cheval et traînée jusqu'à la ville de Leicester.
Shakespeare a fait de ce personnage l’image même du mal. Richard s'ouvre un chemin vers le trône en assassinant frère, neveux, femme.
Lors de la bataille finale, alors que son cheval est tombé sous lui, il répète deux fois « Un cheval ! Mon royaume pour un cheval ! » (« A horse! A horse! My kingdom for a horse! ») (Acte V, scène 4), et tombe sous les coups de Richmond. (un Lancastre qui ouvrira la dynastie des Tudor)
La pièce est juste une pièce mythique, je parle de Richard III de Shakespeare, mais également de l’adaptation qu’en a faite, il y a de cela 40 ans, Carmelo Bene, un metteur en scène italien génial et spécialiste de Shakespeare, aujourd’hui décédé.
Georges Lavaudant qui a maintenant 72 ans, n’est pas non plus quelqu’un d’inconnu puisqu’il a été directeur des plus grands théâtres de France depuis le Centre d’Arts Dramatiques de Grenoble jusqu’au théâtre de l’Odéon-Europe.
La mise en scène de La Rose et la Hache tourne dans tous les théâtres ou presque depuis 1979, c’est dire si cette mise en scène est, elle aussi, mythique.
Mais je ne l’avais jamais vue !
La pièce est très courte (1h /1h1/4). Le texte de Shakespeare n’est pas plagié mais on « entend » malgré tout, le parfum de la poésie Shakespearienne.
La scène est plongée dans le noir, et elle est barrée d’une ligne blanche, une grande table sur laquelle des centaines de verres de toutes tailles, étincellent. Ces verres sont à moitié remplis d’un liquide rouge qui jette un reflet de sang sur les personnages. Et ensuite, on entre dans la magie. Les personnages ont des costumes invraisemblables et hiératiques, ils adoptent des poses et une gestuelle étrange, presque dansée. Parfois ils sont revêtus de masques d’animaux comme sur les gravures anglaises ou les images de Beatrix Potter.
Il y a donc plusieurs plans : devant la table, derrière elle (les acteurs mangent et boivent), et en arrière-plan, derrière un mur de clôture, sur un fond noir, apparaissent parfois les femmes, toutes victimes de la barbarie du monstre.
Lavaudant joue Richard III, et le magnétique Ariel Garcia-Valdès est dans le rôle de la reine Marguerite.