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La Brutalisation du corps féminin dans la médecine moderne (Marc Girard)

La Brutalisation du corps féminin dans la médecine moderne (Marc Girard)

On peut parfaitement avoir de bonnes intuitions et finir par de mauvaises conclusions. C’est un peu ce que je pense du livre que je viens d’achever :

La Brutalisation du corps féminin dans la médecine moderne, édité à compte d’auteur en 2013 (2nde édition) par Marc Girard, mathématicien d’origine, médecin spécialisé dans les effets dommageables des traitements médicaux (iatrogénie), et exerçant, de plus, comme psychanalyste.

Il y avait tout pour m’intéresser :

  • Le titre est déjà très provocateur et « parle » à beaucoup de femmes, car il est vrai que nous subissons constamment des explorations et des traitements que nos maris, fils et amis semblent ne pas connaître,
  • L’auteur doit être à peu près rejeté par tout le monde puisqu’il publie à compte d’auteur (c’est donc une pensée dissidente et j’adore ça),
  • Il doit utiliser ses deux cerveaux : matheux, et sensible, c’est tout à fait le genre de personnes qui m’attirent.
  • Enfin en parcourant la 4ème de couverture, on a envie de continuer : « Considérons 100 femmes, tirées au sort. Toutes auront été confrontées à une forme ou une autre de médicalisation spécifiquement liée à leur sexe : vaccins (rubéole..), hormones pour un oui ou pour un non, traitement de la ménopause, dispositifs contraceptifs, aides à la procréation, cicatrices d’épisiotomie ou de césarienne, hystérectomie, mammographie etc.. Quoi d’équivalent chez l’homme ? ».

L’auteur commence à définir ce qu’il faut entendre par médicalisation.  Il s’agit selon lui, « du processus qui conduit à considérer et à traiter des réalités non médicales comme des questions relevant de la médecine, ou, à tout le moins, comme des questions dont la dimension médicale serait devenue significative ». A distinguer de la surmédicalisation, une médicalisation qui irait trop loin. Il fustige donc l’excès d’attention médicale dont seraient victimes les femmes. Il semblerait en effet que le corps féminin  soit plus sommaire que celui de l'homme, ce qui induirait cette attention disproportionnée. « De plus, la femme semble nettement plus « physiologique » – plus animale – que l’homme, soumise qu’elle se trouve aux aléas de son utérus ».

Bon….ok, on commence donc par l’accouchement.

« On a bien l’impression, que durant des siècles et des siècles, les femmes – sages ou non – ont joué un rôle prépondérant dans la médecine en général et, en particulier dans celle qui concernait plus spécifiquement la sexualité, le contrôle des naissances et l’accouchement . »

Et les femmes, au XVI ème siècle en Occident ont pratiquement été éjectées de cette médecine.

« En prétendant prendre le contrôle du « continent noir » sous le prétexte de l’accouchement – qui correspond effectivement à un pic de faiblesse et de déréliction pour la plupart des femmes –, les médecins ont réussi l’exploit d’incarner dans le réel leur fantasme ancestral pourtant assez primaire consistant à décliner le féminin sur le mode de la fragilité. »

Et voilà que l’obstétrique devient de plus en plus violente : cela va « des humiliations gratuites (rasage vulvaire, position gynécologique), aux mutilations excessives la plupart du temps (épisiotomie, césarienne), et aux dystocies induites (position gynécologique, péridurale… »).

On continue par la pillule, présentée de mon temps comme un vrai outil de libération des femmes (c’est vrai car la société, dans son injustice, faisait (fait encore ?)  porter l'entière  responsabilité de la grossesse à la femme).

Et ce n’est que 50 ans plus tard, qu’on va comprendre que la pilule n’est rien d’autre « qu’un médicament : sachant que nombreux sont les professionnels de santé à s’abriter derrière le récent scandale des 3G/4G pour focaliser sur cette classe l’évidence d’une toxicité jusqu’alors restée méconnue des utilisatrices, et continuer de dissimuler que le problème iatrogène concerne bien toute la classe des contraceptifs oraux ».

Sur la pilule, je me pose moi aussi des questions, sachant qu’en effet, les 1eres pilules et mêmes les 3 et 4èmes générations de pilules ne sont pas du tout inoffensives. Je rappelle ce qu’on sait aujourd’hui sur les manipulations hormonales et leurs conséquences néfastes (cancer etc…).

Aujourd’hui, on pratique des implants, c’est-à-dire qu’on évite aux femmes d’avoir à avaler un comprimé et qu’on rend la contraception plus « involontaire », car automatique. Est-ce un confort ou une limitation de liberté ? je me le demande, alors que l’auteur juge, de façon péremptoire, qu’il s’agit là d’un effet de la domination masculine sur la fertilité des femmes. (bof, non, je n’adhère pas à cette conclusion où Marc Girard tape à la fois sur les féministes et sur les médecins).

Ensuite, c’est vrai que plein d’actes médicaux sont horriblement pénibles, je pense notamment aux actes de « prévention », à la mammographie et au frottis. Ne trouverait-on pas un autre moyen d’inspecter les seins d’une femme que de les écraser violemment jusqu’à les étendre sur un millimètre d’épaisseur et ceci en horizontal et vertical et en biais ?

Et c’est aussi le cas pour les examens gynécos et toutes les interventions chirurgicales (dans la plupart des cas, accouchement compris, on se retrouve ligotées, jambes écartées, avec une floppée de jeunes médecins en face de notre intimité).

Et pour combler le portrait, il faut parler du cancer du sein, des ovaires, etc… qui donne lieu à des examens exploratoires douloureux, et à des traitements chirurgicaux mutilants (certes, on a abandonné les essais cliniques qui ont duré plus de 30 ans et qui ont consisté à quasiment démembrer les femmes atteintes de cancer du sein. OUI, cela s’appelait la chirurgie radicale et cela n’a servi strictement à rien du tout, les femmes mourant quand même !). Les dernières stats montrent qu’il y aurait plus de femmes qui meurent AVEC un cancer du sein que de femmes qui meurent A CAUSE d’un cancer du sein.

Bon, en conclusion, ce médecin a raison pour la médicalisation à tout va du corps des femmes (la grossesse n’est pas une maladie), et pour sa brutalisation par les médecins (on fait attention à ne pas écraser les testicules comme on écrabouille les seins des femmes). Il est juste aussi de relever que les femmes sont souvent (et encore aujourd’hui) considérées comme des bécassines à qui il ne faut pas faire confiance pour protéger leurs facultés de procréer ou pas. Il est juste enfin de prendre conscience qu’il faut ouvrir les yeux et ne pas, quand on est une femme, confier son émancipation à la seule médecine et aux seuls médicaments.  De même il faut faire attention aux vieux préjugés sous jacents et qu'on décode très bien dans la promotion de tous les produits antiseptiques et parfumants et qui visent à considérer le vagin "comme un cloaque puant" et sale, qu'il faudrait assainir.

Mais je ne peux pas adhérer à certaines théories qui le conduisent à vilipender tout le monde, féministes, médecins, société et à partir en guerre contre tout (certes avec de bons motifs, mais tout de même ! De même qu’il ne s’agit pas de se livrer les yeux fermés à un autre type de patriarcat, je ne me vois pas revenir au temps de nos ancètres où les femmes mouraient en couches! En outre, il n'y a pas que dans la médecine moderne que le corps féminin est brutalisé, hélas.

PS: les illustrations viennent essentiellement de VAGIN TONIC la BD de LILI SOHN que j'adore....

Re PS: Remise aujourd'hui du prix Nobel de la paix à Denis Mukwege , le médecin qui "répare" les femmes.

La Brutalisation du corps féminin dans la médecine moderne (Marc Girard)
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