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Les Invisibles de Fougeret : Véronique Geffroy (Ed Lafon-2021)

Les Invisibles de Fougeret : Véronique Geffroy (Ed Lafon-2021)

Ce livre n’est pas un roman mais un témoignage. Si vous aimez les frissons du paranormal et surtout si vous avez envie de fantasmer sur des histoires de fantômes, alors ce livre est pour vous, de même que la visite dudit château.

Il s’agit du château, parait-il le plus hanté de France. Fougeret se situe dans le Poitou, et c’est un château d’allure gothique, médiéval, avec des tours pointues, construit au XVe siècle, probablement à l’emplacement d’un château plus ancien, comme c’est souvent le cas. Au XVe siècle, on est en pleine guerre de 100 ans, avec nos chers voisins anglais, et l’emplacement est soigneusement choisi à l’abord d’une falaise pour permettre de mieux voir et donc de se défendre. Rappelons que lors de l’épopée de Jeanne d’Arc, le roi séjourne à Chinon, qui se trouve à 60 km de Poitiers, ce n’est donc pas un endroit tout à fait perdu à l’époque.

Le château de Fougeret tel qu’il se présente aujourd’hui doit beaucoup aux rénovations de type Violet Le Duc qui ont dû avoir lieu au XIXe siècle. Il est peu probable qu’à la fin du Moyen Âge, on ait pu construire ce style de château gothique. Mais ce n’est pas le plus important.

Le château est entouré d’un parc immense et a été inoccupé pendant ½ siècle avant son rachat par une famille de passionnés d’histoire. La maman est l’auteure du livre, c’est elle qui a eu l’idée d’acheter ce château, et qui en remonte l’histoire, à la faveur des évènements qui semblent s’y dérouler. Depuis 2009, Véronique Geffroy et son mari ont acquis le Château de Fougeret pour le prix de  580 000 euros et 25 ans de crédit.

Seulement voilà, à peine acheté, le château pose un problème. On y entend des bruits inexpliqués, il y a des ombres qui surgissent un peu partout, des objets se déplacent et il y a de subites odeurs qui envahissent parfois l’atmosphère. Les nouveaux propriétaires commencent à se douter qu’ils ne sont pas les seuls occupants des lieux.

Cela leur fait si peur qu’à un moment donné, ils pensent revendre ce monument, mais cela s’avèrera impossible, la renommée ayant déjà fait son œuvre. Il reste une solution, mais elle n’est pas très viable : ce serait de déclarer la vente nulle en raison de vices cachés. Juridiquement, rien n’a été prévu pour ce type de clause et la présence de fantômes n’est donc pas un argument pour défaire une acquisition immobilière.

Peu d’années après l’achat, un évènement dramatique a eu lieu. Lors d'une promenade, les propriétaires ont buté contre le cadavre pendu à un arbre d’un jeune neveu, venu là pour s’y suicider, et c’est vrai que cette découverte n’est pas de bon augure.

Mais petit à petit, à la faveur de manifestations inexpliquées (des cris dans la nuit, des silhouettes aux fenêtres, des maladies bizarres, des contacts plus ou moins amicaux comme une gifle ou une caresse), les propriétaires décident de retrouver la trace historique des anciens (et peut-être toujours) occupants.

Une série de personnages aux destins particulièrement horribles y ont vu le jour.

Des crimes de sang, comme l’assassinat à la hache d’un huissier venu réclamer le paiement de dettes, ou le meurtre d’un fils jeté depuis le haut des escaliers, ou encore une fille décapitée par désir de revanche, jalonnent l’histoire de ces lieux maudits. Des morts brutales de jeunes épouses, des présences de nounous autoritaires, des bébés morts à la naissance, des fausses couches, des suicides complètent le panorama. Ce sont ces morts qui refuseraient de quitter les pièces du château et qui reviendraient, aux dires des propriétaires et de certains visiteurs, chatouiller les mémoires des vivants.  

Ce qu’il y a de plus intéressant dans ce livre bien écrit, c’est justement la recherche historique des péripéties qui semblent se répéter dans les salles glauques de ce château. L’auteure nous plonge à merveille dans ces liens incongrus où le passé et le présent s’entremêlent, et où la raison pourrait bien divaguer si on ne conservait pas le recul qu’il faut pour en juger de manière plus froide.

Les propriétaires se sont confrontés à toutes sortes de mediums, charlatans, spirites, satanistes, tables tournantes et autres accessoires de sorcellerie. Ils ont normalement évacué ceux qui leur paraissaient trop avides d’argent pour être crédibles et s’en sont tenus aux solutions plus accessibles, quoique souvent aussi empreintes d’un peu de folie.

Mais même Victor Hugo, un esprit intelligent et raisonnable, faisait tourner les tables et enregistrait des messages de l’au-delà. Alors pourquoi ne pas se laisser aller à un peu de crédulité, qui enchante nos imaginations et nous permet une évasion – à condition qu’elle reste contrôlée- par rapport à notre environnement ?

C’est un voyage comme un autre. Les propriétaires semblent totalement convaincus et je ne remets pas en cause leur bonne foi. Je suis vraiment trop cartésienne pour ma part, mais justement, c’est l’occasion de faire une incursion sans trop de risques dans des autres univers et il ne faut pas s’en priver. Si le cœur nous en dit…

Le château se visite, mais les invisibles ne se manifestent pas à la demande. Mieux vaut embarquer avec soi ses propres angoisses et ses délires, à mon avis, pour tenter de  ressentir la présence de ces fantômes.

 

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R
J'ai horreur des fantômes et tutti quanti<br /> D'ailleurs je suis moi même un fantôme, un ectoplasme ..<br /> Par contre j'aime bien les demeures historiques, manoirs ou autres châteaux avec leurs décorum intérieurs, leurs silhouettes parfois imposantes et leurs galeries de portraits
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