Voilà un recueil de nouvelles à lire sur la plage, car il ne nécessite pas de se couper du monde alentours, comme ce serait le cas pour un gros roman.
En plus, ce recueil nous vient du Québec et nous assure un petit dépaysement, ne serait-ce que par le vocabulaire adopté dans certains textes.
Il s’agit de courtes séquences parfois drôles, parfois cyniques, ou faussement naïves, qui nous racontent des évènements quotidiens ou des points de vue de divers personnages, comme un kaléidoscope de sujets variés et de regards différents sur le monde.
Parmi les histoires racontées, il y a des fils entrecroisés, des récits qui se suivent tout au long de l’ouvrage, comme les lettres d’un nageur à la piscine à un autre nageur inconnu, lettres déposées dans le casier du second et qui concernent l’usage que fait le nageur inconnu du couloir de nage rapide. Le premier se plaint du rythme trop lent du second et lui demande poliment de bien vouloir choisir un autre couloir. C’est très drôle parce que les lettres se succèdent et que petit à petit le premier s’enhardit jusqu’à proposer de prendre un pot à la sortie de la piscine.
Il y a aussi un autre fil récurrent et qui est tout à fait amusant : il s’agit des confessions anonymes que chacun peut déposer sur un site de e-confessions. Le site rencontre un franc succès et les gens y confessent leurs petits et gros travers qu’ils n’oseraient pas avouer hors de l’anonymat. Les aveux y sont souvent cocasses et quelques fois un peu inquiétants, mais tellement mesquins qu’ils en deviennent juste ridicules.
En voici quelques-uns :
« Il y a trois jours, en rentrant du bureau, je suis passé devant un Double Pizza et je n’ai pas résisté à la tentation d’acheter une extra large trois viandes. Ma femme avait son cours de pilates, j’avais le champ libre. »
« Il m’arrive de tricher en faisant mes sudokus. »
« J’ai un ami, ou plutôt quelqu’un dans mon entourage a été, il n’y a pas si longtemps, un très bon ami avec qui je souhaite maintenant couper les ponts. Depuis que sa femme l’a quitté, il est devenu trop lourd. »
« Mon beau-frère est bon dans tout et je le déteste. Il parle mieux que moi l’anglais, il est athlétique, il a un mur rempli de diplômes et beaucoup trop d’entregent. Tout le monde le trouve drôle ; j’ai l’impression d’être le seul à voir à quel point il est manipulateur. »
« Lorsqu’un de mes proches connaît du succès, je suis incapable de me réjouir avec lui. »
« Je ne me soucie pas du sort de l’humanité. Pour être honnête, je m’en fous. J’ai parfois des scrupules, comme en ce moment, mais le reste du temps je n’arrive pas à me sentir concerné par les guerres au Moyen-Orient et les famines en Afrique. »
Comme l’expliquent les créateurs du site web :« C’est en examinant ses bassesses que l’on peut trouver la paix intérieure.» ; La phrase pourrait servir pour toutes les histoires racontées dans ce recueil.
On se doute que les fins ne sont pas toutes aussi heureuses que le titre les laisse penser.
Il y a le récit d’une veuve, la mère de celui qui écrit, qui retrouve l’amour en ligne, malheureusement, on comprend qu’il s’agit d’un brouteur.
Une autre nouvelle, brillamment écrite, raconte une partie de Dragons et Donjons entre des ados qui se laissent prendre à leurs personnages.
Il y a aussi l’histoire d’un couple de gens pauvres qui veulent acheter une maison ancienne hors de prix et, en tous les cas, bien au-dessus de leurs moyens.
La dernière histoire est celle d’un scientifique qui a découvert dans son laboratoire que la fin du monde était proche mais qui refuse d’alerter les gens pour ne pas les affoler et se contente de tenir son journal.
Je me suis bien amusée dans cette lecture, qui reste légère, tout en invitant à la réflexion, quand on y repense.