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Caravage (film Italie 2022)

Caravage (film Italie 2022)

Avec une distribution pareille et un budget promotionnel conséquent, on s’attendait, pour un film qui s’attaque à un génie, au moins à un peu plus d’intelligence esthétique que ce que j’ai vu.

Tourné à Rome, à Naples et avec des images de Malte, en costumes d’époque, le film aurait pu être autre chose qu’une sorte de peplum destiné à une foule imbécile qui , de toute façon, ne connait strictement rien de Caravage et ne veut s’arrêter qu’à des histoires de mœurs. C’est bien rare quand je ne vois rien pour sauver un film, même pas le jeu des acteurs. Ah, si, il y a de belles images de Rome et des lieux fréquentés par certains personnages.

Mais quelle indigence du scenario, qui révèle un grand mépris pour le public et une volonté de bâcler, de passer à côté de tout ce qui fait la subtilité de la peinture de Caravage, au profit d’une lutte idiote de la papauté, obstinée à interdire le prodigieux peintre incompris, pour la simple et unique raison qu’il aurait utilisé des prostituées pour son modèle de la Vierge Marie!. Quel esprit réducteur a donc bien pu souffler un tel scenario, de tels dialogues, un tel embrouillamini de séquences, un tel ratage de toute l’histoire ? Par exemple qui a bien pu avoir l’idée de suggérer une relation entre la Marquise Del Monte et Caravage qui était notoirement homosexuel ?

Franchement je me suis ennuyée, j’ai eu envie de partir, puis de dormir, puis qu’on en finisse enfin de ce spectacle ridicule, à peine à la hauteur d’une vieille croûte baroque d’un peintre obscur de la contreréforme.

Parce que, de recul historique, il n’y a goutte. On voit apparaitre d’un seul coup Giordano Bruno dans une cage, Artemisia dans son atelier, le pape dans sa soutane rouge, et on ne comprend rien à rien.

Que le cinéma ne s’intéresse pas trop à la technicité de Caravage, passe encore, qu’il oublie l’histoire de la peinture jusqu’à ne rien dire du travail de la lumière (les clair-obscur de Caravage ne sont pas ceux de Tintoret ou de Rembrandt), qu’il se fiche des couleurs utilisées, des cadrages qui éliminent quasiment toutes les perspectives monumentales au profit des raccourcis saisissants des corps humains… Après tout, on n’est pas forcés d’être allés voir, un jour ou l’autre de sa vie, les toiles de Caravage.

Mais que le cinéma ne parle même pas de ce qui fait l’intensité des œuvres, des moments arrêtés, des instants capturés, et comme suspendus, où Saint Thomas comprend en y mettant ses doigts à qui il a affaire, où Paul tombe de cheval comme on tombe en extase, où la bohémienne, diseuse de bonne aventure, vient d’escroquer sa victime et où les regards croisés en disent plus long sur l’époque que la représentation elle-même, être passé à côté de tout cela, quelle catastrophe !!

Et, de plus, si le film se concentre sur la dernière année de vie de Caravage, il occulte aussi complètement le succès de celui-ci dans la très bonne société de son époque, qui, finalement, n’aura pas été aussi ignorante que Michele Placido.

Ce film est un ratage complet, et je regrette qu’Isabelle Huppert, Louis Garrel et ce bel italien qu’est Riccardo Scarmacio, se soient fourvoyés dans cette triste aventure.

Admirez plutôt les œuvres de Michelangelo Merisi dit le Caravage!

Réalisé par : Michele Placido
Avec : Riccardo Scamarcio, Louis Garrel, Isabelle Huppert, Lolita Chammah, Michele Placido, Micaela Ramazzotti, Tedua, Vinicio Marchioni, Alessandro Haber, Moni Ovadia

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