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La Conspiration du Caire (film franco-suédois 2022)

La Conspiration du Caire (film franco-suédois 2022)

C’est un petit bijou que ce film qui a, d’ailleurs, obtenu le Prix du scénario au Festival de Cannes en 2022. C’est « Le Nom de la Rose » mais qui serait actuel, et ….situé en Égypte, au Caire, dans le cadre de l’Université Islamique Al-Azhar, la plus grande du monde, qui enseigne un islam sunnite dans la plus puriste des traditions.

Voilà ce qui est inscrit sur le site  web de cette prestigieuse institution :

« L’université Al-Azhar est la plus grande université au monde. […].Elle a des branches et des facultés dans la plupart de provinces égyptiennes.

L’université Al-Azhar est la destination scientifique des musulmans ; puisque depuis plus de mille ans, elle est le phare de la science, la destination vers laquelle les étudiants affluent de partout dans le monde pour apprendre les sciences religieuses, celles de la langue arabe, des sciences naturelles et humaines. Elle a demeuré tout au long de son histoire un centre pour le juste milieu, de modération, de diffusion de la culture islamique et des enseignements de l’islam et de ses valeurs tolérantes qui ne connaissent ni excès, ni déviation ni extrémisme, ni fanatisme doctrinale ou politique. »

Le réalisateur Tarik Saleh, connu pour, notamment, un autre bijou : « Le Caire Confidentiel », vit en Suède, mais il est issu d’un père égyptien, réalisateur de films d’animation, installé en Suède dès la fin de la guerre des Six-Jours, parce qu’il refusait de faire l’armée, et d’une mère suédoise, artiste et plutôt indifférente aux religions. Le couple (explosif, on s’en doute) se séparera relativement rapidement, laissant Tarik Saleh dans une interrogation identitaire obsédante. Il ira à al recherche de ses racines en Égypte, pays qu’il « adore » dit-il, mais où il lui sera refusé de tourner et où ses films seront interdits.

C’est pourquoi celui-là est tourné en Turquie, même s’il montre parfois des vues d’ensemble de cette ville monstrueuse du Caire. Et c’est aussi pourquoi le film n’est pas étiqueté « égyptien » mais franco-suédois.

L’histoire se situe donc dans cette Université réputée, qui affiche sa volonté de sagesse et de modération (voir plus haut) et donc la « sainteté » de ses enseignements (de ses enseignants ?). Un peu comme dans « Le Nom de La Rose », le milieu est celui de fins lettrés, aux manières extrêmement raffinées, presque aristocratiques, distinguées et élégantes….en apparence. Car il s’agit aussi d’un milieu très fermé, du fait de la sélection des étudiants qui y sont admis et de la réputation internationale des enseignants. Et, dans un milieu fermé, les pires horreurs se trament pour faire gagner son propre clan, pour s’attribuer les postes et fonctions clés, pour squatter les titres honorifiques. Il y a peut-être aussi de la corruption, comme partout, mais cela n’apparait pas vraiment dans le film. On y voit surtout les luttes de pouvoir, les coups tordus, les double jeux et la cruauté des hommes.

Le jeune innocent qui vient d’être accepté dans cette Université, est encore frais et naïf, ignorant, en tous les cas, des factions qui se font face dans des combats aussi souterrains que mortels. Dès le début du film, on comprend qu’il est véritablement le punchingball idéal pour servir les intérêts de l’un ou l’autre clan.

Le Grand Imam vient de mourir et la compétition est engagée pour son remplacement.

Je ne raconte pas l’histoire bien entendu car elle est pleine de suspens et de rebondissements. C’est presque un thriller d’espionnage, mais c’est aussi un récit criminel, sur fond de dévotion et d’obéissance aux maitres de la foi, et dont les ficelles remontent jusqu’aux services secrets de l’État égyptien. Les pires meurtres sont décidés sous le portrait du maréchal Abdel Fattah Al-Sissi. Pas étonnant que le régime autoritaire égyptien n’ait pas accepté la diffusion de ce film sur son sol.

Tourné dans une grande mosquée de Turquie, et en langue arabe, le film montre des plans fabuleux de foules occupées à déambuler, à prier, ou à écouter des enseignements, sous les arches et sur les places centrales d’une immense mosquée. On a l’impression de pénétrer dans des lieux mystérieux, labyrinthiques, et de cheminer dans des espaces incompréhensibles aux profanes, réservés, qui plus est, aux hommes (on n'y aperçoit que peu de femmes, toutes enveloppées de tchadors).

Ce film est passionnant, je ne m’y suis pas ennuyée et surtout, c’est bien la première fois depuis le Covid que je vois une salle de cinéma pleine à craquer.

Film franco-suédois de Tarik Saleh. Avec Tawfeek Barthom, Fares Fares, Mohammad Bakri (1 h 59).

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