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Cahiers Noirs I – Viviane (Shlomi Elkabetz 2022 -Israel)

Cahiers Noirs I – Viviane  (Shlomi Elkabetz 2022 -Israel)

Voilà un film hommage, un film biographique, un film rétrospectif qui est aussi un film d’auteur, un récit composé sur l’histoire d’une famille, ou plutôt d’une femme, au destin extraordinaire et tragique à la fois.

Le réalisateur est le frère de cette femme et cette femme, c’est Ronit Elkabetz, une actrice fantastique, morte bien trop tôt, à 51 ans, d’un cancer alors qu’elle venait de se marier 6 ans plus tôt et d’avoir des enfants, des jumeaux, alors âgés de 4 ans.

En même temps, Ronit et Shlomi avaient construit une œuvre cinématographique, composée de trois volets, qui racontaient, avec un immense brio, la vie de leurs parents. Ronit jouait sa propre mère dans ces trois films : Prendre femme/ Les Sept jours/ Le Procès de Viviane Amsalem.

Je me souviens très bien du "Procès de Viviane Amsalem". Il y était question d’un mari, Elisha, pas plus méchant qu’un autre, ni violent ni autoritaire mais qui refusait le divorce à sa femme, Viviane, qui le demandait depuis plus de trois ans. On est en Israël et il s’agit d’un pays confessionnel, aussi le divorce religieux a une valeur très décisive. Et les rabbins s’assurent que le mari et la femme donnent chacun leur accord (guett). Viviane n’a rien  à reprocher à son mari dont elle a quatre enfants, elle veut simplement divorcer pour retrouver sa liberté et cela lui est impossible.

Ronit jouait l’héroïne méditerranéenne, ténébreuse, à l’œil noir sous une lourde chevelure, très digne, très austère, avec un très grand sens de la retenue et de l’intériorité.

C’est ce qui me frappe encore dans ce film de son frère, qui revient sur l’épopée familiale avec une immense pudeur et un sens du montage vraiment virtuose. Ce film est rempli à ras bord de tendresse, c’est un film d’amour, tout y respire l’affection, le respect, l’admiration. Sans jamais déborder …c’est un film à mi-chemin entre le documentaire et la fiction, un film élaboré, bref un film d’artiste.

La famille Elkabetz vient de Mogador (j’adore ce vieux nom pour cette ville mythique), c'est-à-dire Essaouira au Maroc. Installée en Israël, la famille ne tarde pas à développer ses talents. Ronit devient vite une actrice reconnue et célébrée. Son frère se lance dans la réalisation de films en Israël. La mère s’ennuie auprès d’un mari très religieux qu’elle respecte, mais ne suivra pas dans la pratique.

C’est sans compter l’amour quasi mystique que Ronit porte à la France et plus spécialement à Paris. Elle ira jusqu’à tout lâcher et accepter de faire la vaisselle chez Ariane Mnouchkine pour pouvoir rester à Paris…dévotion d’autant plus méritoire qu’elle ne parlait guère le français et que, pendant ce temps, on lui proposait des rôles de princesse en Israël !

Cette histoire est mise en scène dans ces « Cahiers noirs -1 » et il y a quelques épisodes absolument tordants, notamment quand la mère dit ses quatre vérités au père et réciproquement. Mais le film s’intitule Cahiers Noirs, et on comprend bien qu’il y aura aussi l’évocation de la maladie et de la mort de Ronit à la fin.

À la fin ?

Dès le début, nous sommes placés face à une prophétie d’un vieux berbère qui prédit la mort tragique de Ronit. Dès le début, donc, la malédiction plane.

J’ai beaucoup aimé ce film ne serait-ce que parce qu’on y revoit Israël et quelques rites du judaïsme : Shabbat etc... Et j’ai déjà dit à quel point ce film, extrêmement bien construit, est rempli d’amour pour les personnages. Mais aussi, j’aime de plus en plus les documentaires et quand un documentaire est construit comme un film, on bénéficie d’une double satisfaction.

 

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Si vous aimez quelqu'un, vous avez peur qu'il le découvre. Mais quand il s'avère qu'ils s'intéressent aussi à vous, vous regrettez le temps perdu.
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