The Duke (film 2020, GB)

Voilà un film diablement british, et délicieusement rétro. C’est l’histoire vraie d’un original qui, en croisade pour que le gouvernement britannique ne fasse pas payer la redevance TV aux retraités, décide de commettre un hold-up. Et ce qu’il imagine, ce n’est rien d’autre que de dérober le portait du Duke de Wellington, le vainqueur de Waterloo,  par Francisco Goya, visible à la très respectable National Gallery de Londres.

L’histoire est véridique comme l’indique cette info parue dans Le Monde du 24 aout 1961.

Comme les œuvres de Cézanne ou celles qui ont été soustraites au musée de Saint-Tropez, le Goya de Londres est invendable et l'on se pose à nouveau la question de savoir si une bande de malfaiteurs internationaux ne va pas se livrer ou " chantage à l'assurance ", ou dans ce dernier cas ne tentera pas d'obtenir une rançon contre la restitution du tableau, qui lui n'était pas assuré.

Il s'agit d'un portrait du duc de Wellington, vainqueur de Waterloo, peint sur bois et mesurant 63 centimètres sur 51 cm. 25. Le duc est représenté en buste, à l'âge de quarante-cinq ans, vêtu d'une vareuse rouge, portant les ordres de la Toison d'or et de la Croix d'or péninsulaire. »

L’histoire est déjà baroque par elle-même, alors si on ajoute à cette rocambolesque aventure que le voleur est un monsieur très distingué mais très pauvre, accablé d’une femme qui tente de le faire revenir à la décence de la raison et des idées conformistes, on obtient un mélange plein d’humour anglais, fait d’absurde, d’auto- dérision et d’extravagance.

J’adore les tons sepia des décors (pourtant misérables) et l’observation féroce des mœurs de notre voisin brexiteur, où les plus riches vivent dans la plus totale indifférence de leurs concitoyens démunis, sujets comme eux de Sa Majesté, et qui ne pouvaient même pas accéder aux études supérieures.

Ce film est un sucre d’orge, un moment de bonheur, d'une drôlerie très fine, et qui est servi par d'admirables acteurs, toutes choses qui  me paraissent indispensables par les temps qui courent.  

Réalisateur Roger Michell

Avec:  Jim Broadbent, Helen Mirren,  Fionn Whitehead,