Lorsque la peste noire a décimé l’Europe en 1348, des Flamands se sont fouetté le dos pour expier leurs fautes qui avaient, selon eux, amené l’épidémie.
Depuis le début de la « guerre », nos gouvernants ne font pas autre chose : c’est la faute, la très grande faute des Français si l’épidémie est arrivée dans notre pays et y reste. Le virus circule à cause de notre légèreté : nous sommes tous des Obélix, bas du front, uniquement préoccupés de ripailles et de jouissances brutes.
Nous voulons faire du sport ? Quelle horreur, des criminels courent dans les rues ! Nous voulons encore voir notre famille, au moins un peu pour Noël ? Nous sommes de dangereux inconscients qui propageons la mort ! Nous voulons avoir le droit de faire une petite fête ! Au trou, tout de suite, les fêtes sont devenues illégales ! Il faut se terrer à la maison pendant que, gaillardement, on taille dans toutes nos libertés !
Le Virus, qui devient une personne, entend nous punir de nos péchés. Un préfet de Police a même dit que nous allions mourir par notre faute : « Ceux qui ne respectent pas les consignes sont en réanimation » a t -il arbitré.
C’est ce que nos dirigeants appellent l’esprit de responsabilité :
« Nous devons tous avoir l’esprit de responsabilité » ; « Faisons preuve au fond d’esprit solidaire et de sens des responsabilités » ; « J’en appelle à votre sens des responsabilités et de la solidarité ».
En guise de responsabilité, il s’agit de culpabiliser les Français dont l’esprit « réfractaire » et donc incivique, a provoqué tous ces désastres.
« A tous ceux qui, adoptant ces comportements, ont bravé les consignes, je veux dire ce soir très clairement : non seulement vous ne vous protégez pas vous […] mais vous ne protégez pas les autres ».
Le fait qu’on n’ait pas eu, dans une première phase, de masques, pas d’équipements de protection individuels pour nos soignants, pas de lits dans les hôpitaux, etc.. ne compte pas. Les masques n’étaient pas du tout nécessaires, ils étaient même contre indiqués. Aucunement la responsabilité de ceux que nous payons pour qu’ils nous protègent et prévoient les pandémies, non, non, ce sont les Français qui restent fondamentalement coupables.
Dès lors, il y aurait des irresponsables/coupables qui mériteraient le tribunal inquisitorial, et les plus lourdes sanctions et des "responsables" officiels (sur le papier) qui n’ont aucune faute (pour être gentille, je vais appeler cette incompétence, une erreur) à se reprocher.
Le pire, c’est que cette stratégie de culpabilisation, pourtant totalement repérée et classique dans les techniques de manipulation mentale, marche bien, hélas ! Trois de mes amis ont été intoxiqués et croient dur comme fer qu’il y aurait des mauvais français, acharnés à détruire la santé des autres.
Que l’épidémie se propage de la même manière parmi les populations d’autres pays qui en ont fait beaucoup moins en termes confinement et de restrictions des libertés, n’entrave pas leur jugement. C’est à croire que la culture de la délation, si en vogue dans les temps de guerre, est transmise également par l’air ambiant. Mes amis ne cachent pourtant pas de francisque dans leur argenterie, et n'avaient aucune propension à la collaboration, mais voilà, c’est agréable pour l’esprit de penser qu’il y a des traitres parmi nous.
La régression est encore accentuée par l’effet des discours infantilisant de nos gouvernants : Papy et Mamie ne vont pas chercher leurs petits enfants à l’école, ils mangent à la cuisine, et aèrent leurs maisons. Quelle honte ! Le contrat social, je le rappelle, ce sont des citoyens qui délèguent leurs pouvoirs à des responsables, des vrais, qui exercent des mandats en leur nom. Les citoyens ne sont pas des papys et mamies, mais des contribuables qui votent.
Et tout cela ne serait rien si ce mépris, cette arrogance, ce rejet du peuple n’avaient pas des conséquences délétères non seulement sur le lien social mais aussi sur la gestion de l’épidémie.
Car il est un principe essentiel de communication répété partout, dans tous les plans pandémies et par l’OMS, c’est d’obtenir l’adhésion, c’est-à-dire la confiance, de la population. La confiance ne peut pas se construire sur des mensonges, et encore plus lorsque ceux-ci ne sont pas reconnus. L’adhésion ne peut pas s’acquérir sur la base de divisions internes entretenues par les pouvoirs publics. Les pays qui ont réussi à endiguer le virus sont justement ceux qui ont réussi cette communication : Taïwan, Singapour, Nouvelle-Zélande et, dans une moindre mesure Japon , Corée du Sud et Australie.
Voilà ce qu’on trouve dans les tableaux de consignes du MIT (Pr Yaneer Bar-Yam, 13/12/2020)
Stratégie inefficace : Concentrer la communication publique sur les quelques personnes réfractaires aux recommandations publiques par court-termisme ou égoïsme
Stratégie efficace : Reconnaitre que la grande majorité des personnes agissent de façon appropriée si on leur prodigue des recommandations claires et le soutien approprié. Attitude générale indispensable pour l’efficacité d’éradication du virus.
Au lieu de ça, voilà ce qui nous a été servi, à nous autres français, par un précédent Ministre de l’Intérieur (16/03/20) : « trop de personnes font encore peu de cas des consignes sanitaires données »!!!
Et maintenant il va bien falloir comprendre que la technique des transferts des responsabilités adoptée par l’État français vise surtout à détourner une colère légitime face à l’incurie de ceux qui sont chargés, en notre nom, de nous protéger et qui ont gravement failli dans toute la période de prévention, menti pendant toute la période de gestion et qui continuent leur travail insensé de destruction de l’économie de notre pays, ainsi que de mise à terre de nos systèmes de santé.
À tous mes amis qui recherchent activement des semeurs de peste parmi nous, je dis que les responsables sont bien ceux qui ont décidé d’administrer à la France la "Stratégie du Choc", c’est-à-dire la purge néolibérale qui ne profite qu’à quelques-uns. (ces derniers ont multiplié leurs bénéfices grâce à ce satanique argent public, ainsi détourné de l'aide à ceux qui en ont le plus besoin).
Ces politiques, dans tous les pays qui les ont appliquées, ont bien montré leur aspect mortifère : il fallait impérativement faire croire que tout argent donné à un service public était un argent maudit et que le démembrement des administrations était la seule voie à suivre. Je connais le processus qui consiste à dépouiller les administrations des moyens utiles, puis à montrer à quel point elles sont larguées et inefficaces, pour les supprimer tout à fait et les remplacer par des cabinets privés qui feront des catastrophes (peut être les mêmes d’ailleurs) mais à prix d’or.
Le système sanitaire, dé-financé depuis des années, fonctionne tant bien que mal, mais ses capacités sont très insuffisantes pour faire face aux diverses pandémies que nous ne pourrons pas éviter, à l’avenir. La privatisation totale est déjà prévue et cela ne résoudra rien. Par contre la perte de nos libertés et de nos droits fondamentaux est une brèche a ouverte qui ne se consolidera pas de si tôt et qui permettra tous les abus.
PS: Ce post vise aussi à éclairer, s'il en était besoin, ceux que ça intéresse, sur mes engagements et convictions puisqu'il apparait qu'il faille désormais être fiché en France, pour ses idées.
Re PS: on est en hiver!