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Mon cauchemar

Mon cauchemar

Cette nuit, j’ai fait un cauchemar, j’ai rêvé que j’étais enfermée dans une grande halle,  sous des lampes intenses comme les lampes qu’on place très bas au-dessus des poussins destinés à grandir rapidement. Je n’arrivais pas à fermer l’œil et à me cacher dans un coin. J’étais affolée. Je courais dans tous les sens, et je ne me heurtais qu’aux autres, comme moi obligés de vivre dans une lumière aveuglante. A un moment donné je me demandais si je n’allais pas retirer mes vêtements pour me dissimuler dessous, mais cela était interdit, et j’avais très peur.

Voilà, c’est tout mais c’est résumé aussi ce que je ressens aujourd’hui, premier jour d’un nouvel épisode de réclusion.

Il n’y a aucun doute que cet enfermement décidé par un gouvernement qui n’obéit qu’à un seul homme (tiens ! , comme dans les dictatures, comme c’est bizarre ! ) n’est pas destiné, d’abord et avant tout, à nous protéger d’une épidémie (dont je ne doute aucunement de l’existence, encore que la létalité de ce  virus ne soit pas très élevée), mais bien à planquer les failles d’un système de soin, démantelé année après année, pour des objectifs vaseux de rentabilité.

La santé, ce n’est pas rentable directement, cela ne devrait pas être apprécié comme un coût mais comme un investissement, donc une richesse. Sauf bien sûr si on considère que les êtres humains ne sont que des coûts, alors évidemment…

« Tous les pays d’Europe ont poursuivi, de façon plus ou moins immédiate, le même objectif : aplanir la courbe des contaminations pour éviter la saturation du système de soins. Dans ce contexte, la solidité des systèmes de santé de chaque pays, et en particulier le nombre de lits d’hôpitaux disponibles, a joué un rôle essentiel dans la capacité des États à lutter contre l’épidémie. » (Source Institut Montaigne, fort peu enclin aux critiques vis-à-vis de l’exécutif en général)

Le déclenchement de l’épidémie a révélé que le nombre de lits en soins intensifs était cinq fois plus élevé en Allemagne qui a aussi enregistré cinq fois moins de morts qu’en France : ce n’est donc pas un effet du hasard.

En France on est ainsi passé de de 10 lits/1000 habitants dans les années 1980 à moins de 6 lits/1000 aujourd’hui et la fermeture des lits a continué pendant la « trêve » estivale de l’épidémie de COVID en 2020.

Mais j’en reviens à mon à cauchemar où j’étais serrée comme un poussin sous une lampe aussi permanente qu’impitoyable. Il y a autre chose dans mon angoisse nocturne.

C’est Michel FOUCAULT dans « SURVEILLER ET PUNIR » qui a le mieux exprimé la notion de REVE POLITIQUE qu’a pu entrainer la gestion des épidémies dans l’histoire. Un règlement du XVIIème siècle explique comment organiser la quarantaine en cas de survenue d’une épidémie de peste :

« D'abord, un strict quadrillage spatial : fermeture, bien entendu, de la ville et du « terroir », interdiction d'en sortir sous peine de la vie, mise à mort de tous les animaux errants….Ne circulent que les intendants, les syndics, les soldats de la garde…et ceux qui portent les malades, enterrent les morts, nettoient et font beaucoup d'offices vile et abject… Cette surveillance prend appui sur un système d'enregistrement permanent…. Tout ce qu'on observe au cours des visites — morts, maladies, réclamations, irrégularités — est pris en note, transmis aux intendants et aux magistrats…. chaque individu est constamment repéré, examiné et distribué entre les vivants, les malades et les morts. »

La peste, nous dit Foucault, contrairement à la lèpre qui a engendré des dispositifs d’exclusion, la peste s’appuie sur l’ordre et la discipline. C’est  « la pénétration du règlement jusque dans les plus fins détails de l'existence et par l'intermédiaire d'une hiérarchie complète qui assure le fonctionnement capillaire du pouvoir … les pestiférés sont pris dans un quadrillage tactique méticuleux où les différenciations individuelles sont les effets contraignants d'un pouvoir qui se multiplie, s'articule et se subdivise.»

« La ville pestiférée, toute traversée de hiérarchie, de surveillance, de regard, d'écriture, la ville immobilisée dans le fonctionnement d'un pouvoir extensif qui porte de façon distincte sur tous les corps individuels — c'est l'utopie de la cité parfaitement gouvernée. »

Peut être exactement ce dont rêvait Macron ! Un peuple complètement bâillonné, empêché de circuler, de sortir, contrôlé, sanctionné par la soldatesque, astreint au seul travail, sans loisirs collectifs ni accès à la culture, sans lieux de rencontres autres que ceux nécessaires au labeur !

Et la surveillance s’étend au seul espace de semi-liberté que nos concitoyens pouvaient encore espérer, puisqu’on nous ressort la loi AVIA , à la suite d’un horrible attentat où justement la liberté d’expression a été punie de mort. La LOI AVIA, dois-je le rappeler, avait pour but la lutte contre l’islamophobie, qui n’est pas, n’a jamais été, ne devrait pas être un délit !!! Sous prétexte de contrôler les réseaux sociaux (qui le sont déjà largement) il faudrait donc criminaliser l’expression de nos désaccords !

Mon cauchemar, est bien là : être surveillée en permanence comme dans un asile de fous, comme des bêtes en attente de l’abattoir, être surveillée pour voir comment je me comporte, comment je respire, dessus ou dessous la couverture, comment je marche, comment je me déplace et pourquoi, être surveillée dans toutes mes activités, dans tous mes contacts, être épiée, même pour mon bien (ça reste à voir) ne me rend pas particulièrement heureuse.

Et je n’ai qu’une envie : me marrer, rigoler, me marrer, vivre en me marrant et en imaginant leurs têtes à tous nos garde chiourmes, s’ils pouvaient comprendre pourquoi nous nous marrons et à quoi nous pensons !

Et j’ajoute, s’agissant des hôpitaux et de notre système de soins :

« Il faut que nos morts disparaissent ici aussi, où il n’y a pas de crématoire. Notre mort naturelle est tolérée, comme le sommeil, comme de pisser, mais il ne faut pas qu’elle laisse de trace. Ni dans nos mémoires, ni dans notre espace. Il ne faut pas que le lieu où se trouve le mort puisse être situé. » L’espèce humaine de Robert ANTELME (un souvenir de camp de concentration)

 

 

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