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UN NUOVO GROSSO IMBROGLIO 3ème épisode

UN NUOVO GROSSO IMBROGLIO  3ème épisode

A nouveau dans cette chronique je garde le titre en italien qui signifie « une nouvelle grosse embrouille » car il reste d’actualité, mais j’ai été tenté de le modifier en « jeu de massacre ».

Il sera question de Renault et Nissan, pas de Fiat cette fois, même si je reste persuadé que ce « troisième larron » va réapparaître un jour ou l’autre, et pas forcément dans un rôle bien reluisant.

Les alertes que l’on percevait chez Nissan et Renault dans la précédente chronique se sont toutes confirmées en ce mois d’octobre. Un chiffre choc pour commencer : en ce début de semaine, on nous annonce que, sur les cinq jours précédents, le cours de l’action Renault a baissé de 9,06%, dans un contexte de stabilité de la Bourse de Paris. Renault venait d’annoncer une dégradation générale de ses résultats : après la division par deux de son bénéfice net au premier semestre 2019, que nous avions déjà remarquée cet été, les indicateurs deviennent tout à fait inquiétants : baisse prévisible du chiffre d’affaires de 3 à 4 % pour cette année (pire qu’une stagnation), et surtout risque d’annulation de la trésorerie après une diminution de 700 millions d’euros en six mois. Quant aux indicateurs de marges et de bénéfices, on attend le pire quand les chiffres seront connus en fin d’année.

Avant même la publication de ces tendances négatives, le conseil d’administration de Renault, réuni en urgence le 11 octobre, (avec une semaine d’avance sur son calendrier normal, semble-t-il) s’est empressé de « débarquer » Thierry Bolloré, le directeur général qui était censé assurer une sortie rassurante de « l’ère Ghosn » sous la houlette du nouveau PDG de Renault-Nissan, Jean-Dominique Senard (lui, il n’est pas-encore ? -débarqué). Et on souligne qu’aucun administrateur n’a voté contre. Thierry Bolloré a d’ailleurs protesté, je le cite : « La seule chose que l’on me reproche peut-être, c’est d’avoir été nommé directeur général adjoint début 2018, sur proposition de Carlos Ghosn, à l’unanimité du conseil » (en rappelant au passage que treize administrateurs actuels sur dix-huit siégeaient à l’époque, des traîtres à sa personne donc qui ont retourné leurs vestes).

Ce sont des méthodes vraiment expéditives dans notre pays où beaucoup de PDG se cramponnent à leur poste pendant des lustres en se gardant bien de rendre compte leur gestion, surtout quand leurs piètres résultats offrent un contraste criant avec le niveau mirobolant de leurs rémunération, primes et bonus de toutes sortes. Et bien non, les choses étaient suffisamment graves pour que ne laisse pas à Thierry Bolloré un délai supplémentaire pour continuer à déployer ses talents….Les mêmes méthodes expéditives se retrouvent chez Nissan au Japon, on sera peut-être un peu moins surpris, quitte à constater les mêmes contradictions et les mêmes retournements de veste. Nous avons donc appris que M Hiroto Saikawa, le directeur général de Nissan, le « traître », l’exact homologue de Thierry Bolloré a démissionné le 9 septembre dernier. Et M Hari Nada, le directeur juridique et principal dénonciateur de Carlos Ghosn, s’est vu retirer ses fonctions exécutives et a été mis sur la touche le 8 octobre. C’est table rase des deux côtés. Mais pour quoi faire ?

Je voudrais faire trois remarques :

       -si l’on s’en tient aux communiqués et discours officiels, tout cela devrait aller dans le bon sens. Il faut redresser au plus vite les comptes des deux entreprises et la meilleure façon d’y parvenir serait de préserver l’Alliance, telle qu’on continue à l’appeler. Dans la précédente chronique, on rappelait que la contribution de Nissan à Renault au premier semestre 2019 était devenue négative à -21 millions d’euros.

      -tout cela est bien beau mais n’explique pas les causes de la dégradation accélérée des comptes des deux entreprises ni les remèdes à y apporter. Ou alors faudrait-il croire que Carlos Ghosn était un manager de génie et que sa mise à l’écart est à l’origine de cette dégradation accélérée. Hum…

      -comme je l’écris au début de cette rubrique, je pense que Fiat suit de très près cette affaire et que son jeune et dynamique PDG, ce John Elkann que nous avons découvert dans un précédent épisode et qui, curieusement, cherche à se faire connaître dans les médias français, n’a pas renoncé à rentrer dans cette Alliance. Pour y prendre le pouvoir si les circonstances s’y prêtent. Il avait fort opportunément déclaré après l’échec du rapprochement de cet été que « le contexte politique » ne s’y prêtait pas. Mais, justement, le contexte politique franco-italien a bien changé après l’arrivée en Italie du gouvernement « Conte deux », caractérisé par son retournement d’alliance complet par rapport à son prédécesseur « Conte un ».

Au fait, que devient Carlos Ghosn, le principal protagoniste de cette « série » commencée il y a bientôt un an ? Il semble bien que certains voudraient bien lancer un autre jeu de massacre. Je parle de ses avocats, qui viennent d’engager devant le tribunal de Tokyo une procédure visant à annuler toutes les poursuites contre l’ancien PDG. Ils n’y vont pas de main morte, les avocats : ils ont produit deux mémoires détaillant selon eux « de nombreux et graves manquements commis par les procureurs » ainsi que des « faits précis » prouvant l’innocence de leurs clients. Le reproche le plus grave concerne « la collusion illicite entre les procureurs, des membres du ministère de l’économie et les dirigeants de Nissan » (avec au premier chef notre « traître » Hiroto Saikawa). Je cite : « Pour mener à bien ce projet, les procureurs ont délégué à des consultants et des cadres de Nissan, en toute illégalité, leurs pouvoirs d’enquête ». Et de réclamer la levée des contraintes pesant sur leur client, alors même que, jusqu’à maintenant, les juges japonais ont rejeté toutes les demandes visant à assouplir les conditions de sa libération sous caution, notamment l’interdiction de contacter son épouse. Elle-même, d’ailleurs, implore depuis Paris Emmanuel Macron pour qu’il intervienne, sans grand succès d’ailleurs. Pendant ce temps, un certain flou artistique continue à entourer la date prévisible de démarrage du procès. Ce pourrait être mars prochain, avait rapporté récemment l’agence de presse Kyodo.

On apprend aussi que les conseils de Carlos Ghosn et l’autorité boursière des Etats-Unis, la Securities and Exchange Commission (SEC), ont annoncé un accord à l’amiable pour mettre fin aux poursuites de cet organisme contre l’ex-président de Nissan pour infraction aux règles sur publications financières. Je suppose que les membres de la SEC ne sont pas animés par des sentiments de compassion ou une philanthropie subite. Que s’est-il donc passé, s’agissant des USA où, rappelons-le, Nissan peine à s’implanter ?

Pas d’annulation de poursuite par contre en France, où le parquet continue à investiguer sur le financement de la fameuse fête « de mariage » du Château de Versailles.

 Il s’agit bien, plus que jamais, d’une affaire internationale, n’oublions pas non plus le Liban et la villa de luxe de notre personnage, dans un pays où justement le peuple est en train de se révolter contre la corruption et l’incapacité de ses dirigeants.

 L’avenir des usines de Renault et Nissan dans le monde, et de leurs centaines de milliers de travailleurs, c’est aussi cela qui est en jeu, et nous en reparlerons prochainement.

signé VIEUZIBOU

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