« La lucidité, disait René Char, est la blessure la plus proche du soleil. »
C’est un débat de dissertation philo au bac, c’est un débat abordé des millions de fois et je ne me lancerai donc pas dans un énième commentaire du dilemme : Peut-on être heureux en étant lucide ? Mais j’ai remarqué quelques « petits détails » statistiques que je voudrais mettre en valeur.
Dans le World Happiness Record 2019 , je relève que les États possédant les indices de bonheur les plus élevés du monde sont la Finlande, le Danemark, la Norvège, l'Islande, les Pays-Bas, la Suisse, la Suède, la Nouvelle Zélande, l’Autriche.
Les pays ayant, en revanche, les citoyens les moins heureux sont le Soudan du Sud, la Centrafrique, l'Afghanistan, la Tanzanie, et le Rwanda.
Bon alors comment expliquer cela ?
Ce n’est pas bizarre de constater que les pays qui affichent les taux de bonheur les plus élevés sont également parmi les pays les plus riches du monde.
Encore faut-il s’entendre sur ce qu’on appelle la richesse, car si on considère la richesse globale d’un Etat (mesuré en PIB nominal, c’est-à-dire la valeur totale de tous les biens et services finaux produits dans l'économie au cours d'une année donnée, calculée en utilisant les prix courants de l'année de production), on trouve le classement suivant (en dollars, source JDN 2019):
États-Unis: 20.410 milliards. Chine: 14.090 milliards. Japon: 5.170 milliards. Allemagne: 4.210 milliards. Royaume-Uni: 2.940 milliards. France: 2.930 milliards. Inde: 2.850 milliards. Italie: 2.180 milliards.
On ne retrouve pas ces pays dans la liste des plus heureux (il n’y en a aucun).
Mais si on prend la question des salaires, et leur niveau en partant du plus élevé, alors là, on retrouve bien certains de nos pays qui nagent dans le bonheur (source JDN année 2016) : Norvège, Suisse, Danemark, USA, Islande, Suède, Australie, Irlande.
Bien sûr, ce critère est insuffisant car le coût de la vie n’est pas comparable que l’on vive en Suisse par exemple ou en France. C’est pourquoi, le FMI classe les pays du monde en fonction de leur PIB sur la base de la parité de pouvoir d'achat (PPA) par habitant.
En calculant donc les PPA de chacun des pays, on a le classement suivant (Source Business Insider 2018, en éliminant les tous petits pays à faible population, comme Oman ou le Luxembourg) : Norvège, Suisse, USA, Pays Bas, Suède, Allemagne, Australie, Autriche, Allemagne….On y retrouve tout à fait, les pays les plus heureux du monde, en observant toutefois que certains manquent à l’appel du bonheur. (USA notamment).
J’en conclus donc provisoirement que c’est bien le pouvoir d’achat qui est une des conditions du bonheur, mais ce n’est pas la seule condition comme on le verra plus loin. .
En revanche, si on examine la situation des États possédant les taux de pauvreté les plus élevés du monde, on trouve la Syrie, le Soudan du Sud, le Zimbabwe, Madagascar, et le Suriname. (source Atlasocio 2015)
Ce ne sont pas les plus malheureux dans la liste même si on peut quand même affirmer avec certitude que les pays les plus malheureux ne font pas partie des pays riches. Le seul point commun pauvreté/malheur est le Soudan du Sud.
C’est qu’il y a un autre point de convergence entre le malheur ressenti et la richesse ou non, un point qui, à n’en pas douter est déterminant, c’est le niveau de sécurité, la guerre ou non. Tous les pays malheureux sont des pays pauvres et en guerre. Bon, je n’apprends rien à personne : la guerre n’est pas propice au bonheur, ça on le savait.
Je vais maintenant croiser un autre critère déterminant à mon avis et c’est :
Voilà la liste des pays où la corruption ressentie est la moins élevée (ressentie parce que la corruption se cache et ne peut être évaluée de manière certaine) : Danemark, Finlande, Nouvelle Zélande, Suède, Suisse, Australie, Norvège, Canada.
On y retrouve bien tous les pays où les niveaux de bonheur sont les plus élevés. Or, il apparait grâce à une analyse croisée incorporant des données sur la démocratie dans le monde qu’un lien existe entre corruption et santé démocratique. Dans l’IPC (indice de perception de la corruption) , les démocraties bien établies obtiennent en moyenne un score de 75 points ; les démocraties imparfaites un score moyen de 49 ; les régimes hybrides – présentant des éléments de tendance autocratique – arrivent à un score de 35 ; et les régimes autocratiques enregistrent les pires résultats, leur score moyen atteignant à peine 30 points. Et voilà ce qu’écrit Transparency International sur ce sujet :
Pour progresser réellement dans la lutte contre la corruption et consolider la démocratie dans le monde, Transparency International appelle tous les gouvernements à :