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Faut il hurler aux/avec les loups?

Faut il hurler aux/avec les loups?

Mes lect.eurs.rices sont souvent de grands admirateurs des loups et j'ai moi même un regard de tendresse pour ces bêtes qui ont menacé (peurs et fantasmes) tous les rêves enfantins. C'est vrai qu'ils sont beaux, et c'est vrai qu'on peut en avoir la nostalgie, notre expérience remontant au fond des âges, quand le loup était, dans nos contrées, l'équivalent du lion en Afrique. Le loup c'est à la fois la louve de Rome et la bête du Gévaudan, celui du Petit Chaperon Rouge et celui des Fables de La Fontaine....bref c'est autant un animal réel qu'une bête mythique.

Mais je laisse la parole à Vieuzibou:

"En ce début d’année marqué par les préparatifs laborieux, c’est le moins qu’on puisse dire, d’un grand débat citoyen, je vous propose un sujet qui m’intéresse et m’interpelle beaucoup en ce moment. Il s’agit du retour des loups en France, et de l’attitude à adopter vis-à-vis de cet animal emblématique.

Pourquoi ?

Le sujet semble éloigné de nos préoccupations du moment, et pourtant nous verrons que des citoyens, des éleveurs, des amis de la nature, des spécialistes, en débattent, et s’affrontent souvent, en s’accusant réciproquement de manque d’écoute, d’arrogance technocratique, de préjugés idéologiques ou tout simplement d’ignorance.

Et j’avoue que j’ai du mal à me faire une opinion tranchée sur la question. La situation est complexe, elle évolue sans cesse, et les arguments échangés, le plus souvent de bonne foi, ne permettent pas de conclure de façon définitive.

Commençons par le commencement.

Il y a 25 ans, en 1993, on signale la présence de deux loups dans le Parc naturel national des Monts du Mercantour, dans ce magnifique massif alpin des Alpes Maritimes. Dès l’origine on fait l’hypothèse qu’ils viennent d’Italie, par un cheminement qui les a conduits depuis les Apennins (en particulier la région de haute montagne des Abruzzes où ils sont le plus nombreux) jusqu’à la région de Gênes en Ligurie, puis, 150 km plus à l’ouest, aux montagnes de la frontière franco-italienne.

Le loup est une espèce protégée en France. Cette arrivée sur notre territoire a été saluée comme une bonne nouvelle, un progrès pour la biodiversité, et un encouragement à trouver des règles de cohabitation pacifique avec les activités humaines. A l’époque et jusqu’au début des années 2000, les éleveurs et autres esprits grincheux qui mettaient en garde contre les risques et les dangers passaient pour des esprits individualistes, rétrogrades, voire un peu fachos sur les bords.

Curieusement il y eut dès l’origine une polémique sur les conditions de leur arrivée. Certains ont soutenu qu’ils avaient été sciemment et artificiellement « réintroduits », plus ou moins en cachette, et les « fake news » ont proliféré. Dès 1996, le Ministère de l’Environnement a demandé au Laboratoire d’écologie alpine de Grenoble d’engager des analyses génétiques en France. Ces analyses se poursuivent de nos jours ; Elles portent sur l’ADN dit mitochondrial (présent en de multiples fragments des cellules). Les conclusions sont sans équivoque. Tous les loups analysés sont porteurs de l’ADN caractéristiques de l’espèce « Canis lupus italicus ». Alors que l’on n’a rien trouvé sur les loups captifs ou les chiens. On a pu repérer des traces du passage des loups sur leur trajet supposé depuis le cœur de l’Italie.

Seulement voilà ; les choses ne se sont pas passées comme prévu. Non seulement le nombre de loups a augmenté, non seulement ils se sont répandus dans nos massifs montagneux, Alpes et Massif Central, mais les attaques contre les troupeaux, les ovins surtout mais aussi les caprins, et même les bovins, se sont multipliées.

Où en sommes-nous ? Début 2018, une estimation de l’Office national de la Chasse et la Faune sauvage (ONCFS)estimait leur nombre à 430 environ (en fait une fourchette de 387 à 477). Ce chiffre continue à augmenter et approche les 500, avec une forte augmentation du nombre de meutes.

A 500, on estime que le loup est durablement installé dans le territoire et que les objectifs du « Plan national d’action pour les loups » sont atteints.

Il y a un revers à la médaille : bilan 2017, près de 10 000 brebis attaquées, et ce nombre continue à croître d’année en année.

Car le loup est un prédateur redoutable. En milieu sauvage, son menu se compose principalement de cervidés, de volailles et de marcassins, même s’il goûte de temps à autres certaines herbes et baies sauvages. Il possède des capacités visuelles étonnantes, avec un excellent discernement, jusqu’à 1 km, et, comme les chats, il voit très bien de nuit. Son audition est deux fois supérieure à celle des humains, et son odorat très développé lui permet de sentir sa proie à plus de 250 mètres. Enfin, c’est un très bon athlète, il court à plus de 50 km/h et c’est un champion de l’endurance, capable de parcourir plus de 60 km en une nuit. Une meute peut compter de trois à quinze loups, dominés par le mâle ou la femelle alpha.

Comment organiser la cohabitation pacifique et « écologique » avec l’homme ? En France, on a voulu faire une sorte de « jardin à la française » : régulation par un certain pourcentage de tirs d’abattage autorisés, pudiquement appelés « prélèvements », jamais plus de 10% du nombre total (donc 30 à 40 dans les années récentes) et mesures de prévention et protection pour les éleveurs :

    -Présence humaine,

    -Mobilisation des chiens (les fameux chiens patous)

    -Clôtures

    -Regroupements de nuit des troupeaux

Mais, dans la vraie vie, c’est beaucoup plus compliqué.

Présence humaine. Oui, mais il faut voir, comme dans un récent reportage (« l’heure des loups », sur LCP) ces éleveurs, ces hommes et ces femmes fatigués, les traits tirés, en permanence contraints de veiller et surveiller, de jour et de nuit, traumatisés par la découverte des cadavres de leurs bêtes.

Les chiens patous. Selon les bilans récents, dans le Mercantour, leur présence n’a aucunement ralenti les attaques de loups. A croire que les chiens, qui eux-mêmes ne sont pas de gentils doudous, stimulent leur agressivité. Sur les 10 000 bêtes attaquées, près de 3000 l’ont été dans le Mercantour. Et le loup s’est répandu dans tout le massif des Alpes, jusqu’en Savoie, dans le Massif Central, en Lozère, Aveyron entre autres, il arrive dans les plaines du Nord de la France.

Les clôtures. Et le regroupement de nuit des troupeaux. Cela se développe, mais n’est ce pas une négation de l’agropastoralisme des grands espaces, qui contribue directement à « l’entretien » en état naturel de ces grands espaces ? 

Alors, où sont les vrais défenseurs de la nature, de la biodiversité, et du développement durable des espèces ?

Dans ces réunions de militants écologistes convaincus, protestant contre les « prélèvements autorisés » et exigeant le strict respect de l’espèce protégée ? Il faut voir Paul Watson, le leader charismatique de l’association « Sea Shepherd » affirmer d’un ton péremptoire que « le loup a toute sa place dans notre monde, l’homme a besoin du loup et le loup a besoin de l’homme, le loup est l’avenir de l’homme ». Il faut voir aussi ces spécialistes qui passent des journées entières à chercher la trace des loups, essayer des les approcher. Et c’est difficile. Le loup nous voit, nous entend, nous sent bien mieux que nous ne le voyons, que nous ne l’entendons, que nous ne le sentons.

Mais alors, ces bergers, ces éleveurs, qui se consacrent à l’élevage en pleine nature, seraient-ils les ennemis de la nature ? Non, bien sûr. Eux aussi manifestent, se plaignent de ne pas être écoutés, se sentent traités de haut par ces savants, ces spécialistes, ces écologistes convaincus qu’ils détiennent les clés de l’avenir de l’humanité.

Ca ne vous fait pas penser à des évènements d’actualité ?"

    A suivre….

       Signé Vieuzibou

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