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2019: Prenons le pouvoir....d'achat

2019: Prenons le pouvoir....d'achat

 Je viens de recevoir ce post de Vieuzibou:

"A mon tour je suis heureux de vous souhaiter une excellente année 2019. Puisse-t-elle vous apporter bonheur, santé et succès, et toutes sortes de joies familiales, amicales et personnelles, sans oublier les voyages, les expériences nouvelles et tous les plaisirs, petits et grands, de la vie.

Ce sont des vœux et, quelle que soit leur sincérité et leur spontanéité, il ne viendrait à l’idée de personne de les confondre avec des prévisions : nul ne s’attend à une année 2019 « toute en rose » et chacun redoute les drames et les échecs. Espérons simplement qu’ils ne seront pas trop rudes.

Alors parlons de prévisions. Voici ce qu’écrit cette semaine un chroniqueur spécialisé dans la finance et la gestion de patrimoine. Il constate que les prévisions des experts ou soi-disant tels pour l’année 2018 avaient été démenties par les faits : hausse des taux d’intérêts, que nenni, et progression des marchés boursiers, ceux qui y ont cru n’ont que les yeux pour pleurer. Et ce chroniqueur conclut : « certains prétendent que les économistes ont été inventés pour que les météorologues se sentent moins seuls !  Personnellement, je trouve le propos très méprisant pour ceux qui font la pluie et le beau temps. 

Lesdits économistes sont-ils plus prudents dans leurs prévisions 2019 ? Hum… Voici ce que publiait « Le Monde » le 27 décembre dernier :

     « 2019 devrait être l’année du pouvoir d’achat. »

     « Les Français devraient voir leur niveau de vie croître comme jamais depuis douze ans »

     « Le pouvoir d’achat par ménage devrait progresser au minimum de 1,6% en 2019 selon les prévisions publiées le 19 décembre par l’INSEE. »

Qui dit mieux ? Et bien, le BIPE, un bureau d’études privé (à l’origine créé à l’initiative de l’Etat en 1958 pour « concurrencer » l’INSEE) nous annonce une prévision de hausse « ressentie » (quezaco ?) de 2,4% pour l’an prochain.

En apparence, il y a des chiffres sérieux derrière ces raisonnements. Mais en apparence seulement. Je veux y regarder de plus près.

Tout d’abord on nous explique que la prévision était déjà positive, à + 1,4%, il y a quelques mois, avant même les mesures décidées gouvernementales décidées en décembre pour répondre au mouvement des « gilets jaunes ». En effet les experts du BIPE affirment que « les tensions sur le marché du travail devraient tirer les salaires, donc les revenus, à la hausse ».

Le problème, c’est qu’il y a débat sur ce point. Les observateurs les plus pessimistes constatent que les salaires ne montent plus, ou montent très faiblement, en France et en Europe, même en période de croissance (modérée) de l’économie. Les analystes les plus optimistes font l’hypothèse que les négociations salariales à venir tiendront compte d’une certaine reprise de l’inflation (à près de 2%) en 2018 et permettront une certaine progression. Le problème, c’est que ces hausses bénéficieraient aux salariés les mieux « outillés » pour se défendre et aux cadres, donc aux niveaux les plus élevés. Telle est la conclusion d’une étude du « Centre d’études et de prospective » du groupe « Alpha » : « en 2019, sous l’effet de la hausse de l’inflation et de l’accentuation des tensions sur le marché du travail, les salariés devraient percevoir des augmentations de salaires supérieures à celles des années précédentes…Les travailleurs à bas salaires obtiendront des revalorisations inférieures à celles des autres. En définitive, malgré les mesures du soutien du gouvernement sur les bas salaires, les 20% de ménages les moins aisés verront leur revenu disponible diminuer en 2019. Le mouvement de polarisation de la société française semble ainsi se conforter. » Triste conclusion !

Ensuite, en quoi consiste cette hausse « ressentie » ?  Sur ce point, le BIPE se livre à un raisonnement un peu étrange. Avant de faire ses calculs de variations, il retire les dépenses sur lesquelles les personnes et les familles ont peu de prise à court terme : les loyers, les emprunts, les assurances, les factures d’eau, d’électricité et de chauffage, la cantine scolaire et les transports. Il ne conserve que la somme disponible pour les produits et services sur lesquels les ménages peuvent réellement arbitrer. Et encore, dans l’alimentation et les vêtements il y a beaucoup de dépenses quasiment obligées. Mais la première catégorie de dépenses obligatoires et « structurelles » peut représenter une part importante, 30%, 40%, voire la moitié des dépenses. Et il y a peu de chances qu’elles diminuent en 2019 : l’immobilier continue à flamber, les carburants ont un peu diminué mais cela ne saurait durer, les assurances, les factures d’eau, d’électricité, de chauffage, de transports, continuent de monter.

 Dans un calcul honnête et réaliste, la hausse « ressentie » de 2,4% du pouvoir d’achat ne porte au mieux que sur la moitié des ressources. Et, comme l’autre moitié prend une part croissante des revenus, cette hausse risque bien d’être avalée par l’augmentation des dépenses obligatoires.

Je pourrais aussi critiquer les prévisions sur l’inflation qui « devrait » diminuer, de 2% en 2018 à 1% en 2019, mais je vais arrêter avec les chiffres.

Je conteste cette utilisation des chiffres, qui illustre une dérive des commentateurs, experts et prévisionnistes économiques de tout poil. On veut impressionner avec des mathématiques, des chiffres, des pourcentages précis, comme s’il s’agissait de raisonnements et de prévisions scientifiques, alors que nous sommes dans une opération de communication, je dirais même d’incantation. Cela n’a rien à voir avec la science, celle des physiciens, des astrophysiciens qui font chaque mois de nouvelles découvertes dans le vaste Univers, ou celle des météorologues qui effectivement ont fait beaucoup de progrès dans leurs prévisions à court et moyen terme. Ces incantations économiques, ça me fait penser à la danse de la pluie : plus on affirme haut et fort, et plus on espère que les bienfaits tant attendus arriveront. Peut-être veut-on aussi, à court terme, « calmer » les attentes et les impatiences….

Je vais prendre date. Je vous donne rendez-vous au début de l’année prochaine pour constater le sort de ces prévisions. Et je crains que la réalité soit loin de ces proclamations optimistes.

Je ne voudrais pas me montrer trop « rabat-joie ». Je vais vite quitter ces pseudo-prévisions et revenir aux vœux et souhaits. A nouveau, je vous souhaite plein de belles et bonnes choses, des lectures enrichissantes, beaucoup de beauté, de bonté, d’amitiés et d’amours.

A bientôt pour de nouvelles émotions et découvertes partagées.

  Signé Vieuzibou

 

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