La situation de hôpitaux psychiatriques en France est catastrophique.
Pendant que les rapports s’amoncellent quasiment à chaque législature, qui mettent tous en avant les conditions déplorables de la psychiatrie en France, pendant que notre Président estime qu’on dépense un pognon dingue pour le social et que cela ne guérit pas la pauvreté, on a pourtant bien travaillé à faire baisser considérablement les moyens de la psychiatrie, qui, je le rappelle, concerne, a concerné ou concernera un français sur 5 au cours de sa vie.
Les infirmiers psychiatriques n’ont plus de cursus spécifique pour exercer en psychiatrie depuis 1992. L’attractivité du métier de psychiatre a beaucoup baissé. (il manquerait 900 à 1 000 psychiatres, selon le SPH).
D’un bout à l’autre de la France, les mêmes maux et les mêmes symptômes : des taux d’absentéisme élevés, un fort turn-over des personnels, des postes de médecins non pourvus, des lits en nombre insuffisant dans certains services, notamment aux urgences, et des patients à accueillir toujours plus nombreux. Entre 2010 et 2016, près de 300 000 personnes supplémentaires ont été suivies en psychiatrie.
50 % des lits hospitaliers en psychiatrie ont été fermés en trente ans. Avec pour argument que les patients seraient mieux traités dans des structures alternatives : appartements thérapeutiques, maisons d’accueil spécialisées. Or, il y en a trop peu, on n’en construit plus et certaines ferment. Donc des patients sont réorientés vers l’hôpital… qui manque de place. « Certaines personnes autistes par exemple se retrouvent dans ces hôpitaux psychiatriques en longue durée parce qu’il n’y a rien d’autre à proposer » a estimé François Ruffin.
Adeline Hazan, contrôleuse générale des lieux de privation de liberté indique dans un rapport sur l’hopital psychiatrique de Saint Etienne : : "Nous avons constaté des atteintes aux droits des patients absolument dramatiques. Au sein du service général des urgences, certaines personnes venues librement se faire soigner, se sont retrouvées sur des brancards, attachées pendant plusieurs jours, sans pouvoir se laver, ni même aller aux toilettes. Ces mesures sont totalement illégales et attentatoires aux droits fondamentaux. Et dans le service de psychiatrie, des personnes étaient isolées, et attachées à leur lit sans que leur état d'agitation ne le justifie."
Sous le couvert de l'anonymat, plusieurs soignants à Rennes ont confié avoir recours à "des camisoles chimiques", pas forcément nécessaires pour certaines pathologies. « On est devenus des gestionnaires de lits, le soin a perdu son sens. La première chose que l'on demande lorsqu'on prend le service, c'est si on est en nombre suffisant de personnel et de lits « .
En 2017 des grèves avaient été recensées à Allonnes (Sarthe), Bourges (Cher), Cadillac (Gironde) ou encore à l’hôpital Guillaume-Régnier de Rennes et un peu de partout en France.
A Rouen, (centre hospitalier du Rouvray ) après des années de mobilisation et une grève de la faim spectaculaire de 12 agents du service, 30 postes supplémentaires viennent enfin d’être alloués, ce qui, dans la Fonction Publique est rarissime, pour ne pas dire sans précédent.
Vous le savez tous : la France ne se caractérise pas par un optimisme collectif démesuré.
Les chiffres le montrent : il s’agit d’un des pays où le taux de suicide est le plus élevé au monde, la consommation d’anti dépresseurs une des plus importantes des pays de l’OCDE.
En moyenne, pour la France entière, les pathologies les plus fréquentes parmi les patients de plus de 18 ans traités en 2015 en hospitalisation à temps complet ou partiel par des établissements relevant d’un financement par la DAF, sont les troubles psychotiques (24,6 %) ou de l’humeur (23,8 %).
La Ministre de la Santé a annoncé en janvier un énième plan d’urgence pour la psychiatrie, dont on ne voit rien de concret aujourd’hui, si ce n’est qu’il faut améliorer les recherches sur la santé mentale (bof, y a qu’à laisser faire les Américains avec le DSM) et former les généralistes (c’est moins cher). 44 millions ont été débloqués qui ne peuvent résoudre les difficultés accumulées pendant des années.
Une loi devrait être en préparation (proposition de loi) qui verra peut être le jour à la saint glinglin.
En attendant, nous devrions vraiment nous sentir tous concernés et ne pas laisser encore le situation se dégrader.
Voilà, je pense que, malgré tout, ce sujet est bien aussi important (et quant à moi, j’estime beaucoup plus) que celui des migrants….