Tant il est vrai qu'on fréquente un festival pour connaître du nouveau, voilà donc les écrivains qui éveillent ma curiosité
Yaa Gyasi: No Home (Calman Levy). Elle n’a que 26 ans, cette jeune afro-américaine, née au Ghana et vivant en Alabama. Et son premier roman a été encensé par la critique US. Au commencement il y a deux sœurs qui sont séparées de leur famille, en Afrique, et qui connaissent des histoires bien différentes. Au fil des générations, elles auront des descendances qui se retrouveront aux Amériques. Il ne s’agit pas d’un récit de l’esclavage mais plutôt d’une exploration de ses conséquences intimes et actuelles.
Jean Pierre Perrin : le Djihad contre le rêve d’Alexandre (Seuil). L’auteur est un grand spécialiste de l’Afghanistan, grand reporter à Libération. C’est un document, pas un roman. Le sous titre ? de 330 av JC à 2016.
Il dit :
"J'ai une relation contradictoire avec l'Afghanistan : je suis aussi heureux d'y aller que je suis content d'en partir."
"La trahison n'a pas chez les Afghans la même valeur qu'en Europe : seuls comptent les enjeux essentiels de la vie et la mort."
"La géographie explique beaucoup de choses : quand ça va bien, le pays est très bien situé : quand ça va mal, tout lui est défavorable."
"Coïncidence ou pas, le territoire tel que défini par les théoriciens de l'Etat Islamique en Afghanistan est le même que celui d'Alexandre le Grand."
Pendant 9 siècles, l’Afghanistan a été grec !
« Aujourd’hui, le cœur se serre en découvrant ce qu’est devenue la fabuleuse cité gréco-achéménide, où pèlerins et marchands se croisaient dans le capharnaüm des bazars, où les cultures et les religions se regardaient, s’épiaient, débattaient les unes avec les autres, s’empruntant rites et coutumes. On ne la reconnaît plus dans cette bourgade moribonde, sale, suintant l’ennui, évincée du monde, rincée par les vents de sable avec, à l’affût derrière les tronçons avachis des antiques remparts, les charognards noirs du désastre, croassant de haine et d’ignorance, les talibans ou leurs avatars. » extrait du livre.
Christian Guay-Poliquin Le poids de la neige (La peuplade). On passe un hiver canadien dans un petit village sans électricité en compagnie d’un homme blessé et d’un vieillard de 70 ans ! Pour l’atmosphère rythmée (enfin plutôt assourdie, capitonnée) par la neige. C’est un thriller immobile.
« Quand on regarde par la fenêtre, on dirait qu’on est en pleine mer. Partout, le vent a soulevé d’immenses lames de neige qui se sont figées au moment même où elles allaient déferler sur nous. »
David Treuer Et la vie nous emportera (Albin Michel)
Né en 1972, d'un père juif autrichien et d'une mère indienne, sur la réserve ojibwé de Leech Lake dans le Minnesota, David Treuer est l'auteur de trois romans : Little, Comme un frère, Le manuscrit du Docteur Appelle, et d'un récit : Indian Roads, tous publiés chez Albin Michel et unanimement salués par la critique. Celui là est le récit d’une communauté indienne en 1942 et d’un drame affreux que l’on mettra du temps à comprendre.
"Les garçons sont comme ça - ils ne comprennent pas le monde et ce que c'est de vivre dans la réalité. Ils ne le savent pas mais moi je le sais et permets-moi de te dire que c'est épouvantable."
https://www.youtube.com/watch?v=WYYVQJlu6nM
Antonin Varenne Equateur (Albin Michel)
Jeune auteur qui écrit des polars notamment « Trois mille chevaux vapeur » remarqué par un prix littéraire. Je vais commencer par celui-là, avant d’entamer Equateur. L’auteur m’a touchée par sa remise en cause radicale de certaines idées communes. Il vit dans la Creuse, après avoir travaillé en Islande, au Mexique et dans les Appalaches.
Christophe Hein Le noyau blanc (Métaillé)
L’auteur est allemand, c’est un des intellectuels allemand les plus importants de sa génération. Il vient de l’ancienne Allemagne de l’est (Leipzig) et, comme pour la chancelière Merkel, son père était pasteur. Ce livre m’intéresse vraiment car il y parle de la situation des Universités, bien pire en Allemagne qu’en France actuellement, d’après lui. Dès que je l’aurais lu, j’en parlerai.
Aza Ziya Eren Instituteur de campagne en Anatolie (éditions Bleu autour)
D’origine arménienne et kurde, Azad Ziya Eren a perdu son emploi d’instituteur comme des milliers d’autres, soupçonnés d’être opposants au régime après la tentative de coup d’État de juillet 2016. L’armée a été envoyée à Diyarbakir où résident le poète et sa famille. Alors qu’il se rendait en France, son passeport et ceux de sa famille ont été confisqués à l’aéroport le 19 décembre 2016. C’est le maire de La Rochelle qui est intervenu et a fait des pieds et des mains pour lui obtenir une résidence à La Rochelle.
C’est un poète, un photographe, un artiste et son livre relate son expérience auprès de jeunes enfants dans un village très rude de l’est de la Turquie (zone kurde).