A une époque où la presse sous toutes ses formes est en train de mourir, ne voilà-t-il pas que j’apprends qu’un homme a fait fortune aux USA en publiant des « fake news ».
Et notre vocabulaire s’est rempli de cet anglicisme que nous traduisons bien improprement de fausse nouvelle. Or l’anglais distingue « false » de « fake », le premier voulant dire justement « faux, au sens d’erroné », le second mot signifiant quelque chose qui imite un vrai, faux au sens d’imité. (comme le faux dans un bijou ou le faux cuir)
Alors finalement qu’est-ce que c’est que ces fake news ?
La fake news est une nouvelle qui se prétend vraie, mais qui veut duper son lecteur, qui veut abuser la confiance.
On en a vu pleins, de fausses vérités pendant la campagne de Trump : le pape aurait soutenu Trump, lequel aurait enregistré des prostituées urinant sur un lit où aurait dormi Obama. L’équipe Trump aurait détourné beaucoup d’argent pour faire une teuf monstre dans les Caraïbes. Etc
Comment peut on distinguer les fake news des vraies news ?
D’abord, il faut bien se mettre au clair au regard :
Le GORAFI donne comme nouvelle récente : « Présent à Melun dimanche dernier pour un nouveau meeting de campagne devant ses partisans, Emmanuel Macron a tenu à rendre hommage à tous ces Français qui ont accepté de vivre aussi loin de Paris. Visiblement ému, celui qui s’est imposé comme le favori de l’élection présidentielle est longuement revenu sur les conditions de transport pour se rendre à Melun. « Pas d’aéroport, 50mn depuis le centre de Paris, 350 euros en Uber X… Je ne sais pas comment vous faites », a-t-il ainsi déclaré avant de rappeler à ses partisans qu’il les aimait. ».
Il arrive que ces nouvelles soient prises au premier degré et ça donne des trucs comme ça:
« Construire un mur autour de la France et le faire payer par l’Algérie » une promesse de campagne de Marine Le Pen, inventée par le site d’information parodique… et reprise par « El Hayat ».
Mais en principe la source LE GORAFI (équivalent de THE ONION aux USA) s’inscrit dans une ligne satirique qui ne devrait pas faire douter.
Je me souviens du célèbre marchand de journaux à la criée dans le 6ème arrondissement de Paris (Ali AKBAR, un pakistanais crieur depuis 46 ans) qui hurlait: « ça y est, ça y est, Marine Le Pen s’est convertie à l’islam) !
A l’origine de la production de fake news, il y a d’abord l’intention de susciter l’attention (donc de faire acheter).
Dans notre monde numérique, il s’agit d’attirer le chaland pour qu'il se mettre à faire des clics. Puisqu’un clic est payé (payant) par la publicité, il est intéressant de faire de l’audience et de transformer les écrans en pièges à clics. D’où les rumeurs les plus insolites et les plus chocs (le choc des photos !) pour provoquer et amener à aller voir.
Et pour ça, pas de déontologie, on utilise les gros sabots : Johnny va mourir, Johnny est mort !
Ce genre de trucs a bien entendu toujours existé, même s’il ne s’agissait pas, alors de produire du clic. Et ce sont tous les « journaux à sensation », qui utilisent des images crues, des récits bidon pour alimenter notre curiosité malsaine (j’ai beau le savoir, je me fais avoir souvent) dans laquelle on se sent tellement bêtes d’avoir été entrainés.
Il y a aussi les publications subjectives ou engagées Ceci concerne les journaux clairement engagés pour tel et tel parti, telle ou telle opinion : de Minute à L’Humanité, du Figaro à Libération…
En dehors de quelques-uns, les grands journaux en France sont plutôt de tendance centriste et nous n’avons plus guère de grands journaux très très orientés, il me semble.
En Grande Bretagne, il y a par exemple des orientations plus claires, sans parler de la presse de caniveau comme The SUN ou The Daily Mirror (tabloïds, sans comparaison avec Gala, Voici, Closer, Paris Match).
A noter : une presse télé très orientée arrive en France avec de sombres pensées : Russia today, Sputnik, veulent concurrencer CNN ou la vénérable BBC et provoquer un point de vue russe sur les évènements.
On trouve aussi dans cette catégorie, les conspirationnistes de tous poils par exemple les porteurs de rumeurs et de discours propagandistes.
Il y a des tonnes de médias dans le passé (et encore aujourd’hui quoiqu’un peu moins) qui véhiculent des thèses nauséabondes la plupart du temps pour inciter à la haine, au chaos et –au moins- au doute, à la dé-crédibilisation des faits ou des adversaires.
Et c’est par là qu’on assiste à la destruction du WWT par les américains eux-mêmes, à la négation de l’existence des camps d’extermination, à l’avancée du grand remplacement de la population française!
Tout cela vise à manipuler habilement les esprits, en tripotant les faits, les images, la réalité. Magnifique pour arriver au pire, attaquer la démocratie et dresser les gens les uns contre les autres ! magnifique et bien connu, mais les possibilités d’internet en rendent l’accès encore plus facile !
Il faut que les nouvelles deviennent virales, qu’elles aient l’air d'être vraies, mais surtout qu’elles soient redistribuées par des sources de confiance, et en premier lieu desquels les réseaux sociaux. C’est ce qui les rend crédibles.
Par exemple la nouvelle qui consiste à dire que les manifestants anti-Trump ont été payés par les démocrates a été rendue crédible par les millions de partages FACEBOOK, de même que les tweets trumpesques sont redirigés vers des millions de tweeters et deviennent alors instantanément vrais. (ou au moins discutables)
Car, si l’on se méfie des sources traditionnelles (alors que les informations y sont recoupées en vertu des conditions déontologiques dans lesquelles travaille la presse) , on croit bien volontiers une information transmise par quelqu’un que l’on connait , même si la personne n’a fait qu’un clic « PARTAGER » à partir d’un site.
On parvient donc à ce comportement aberrant de croire « sur parole » le lien d’un « ami », alors que l’on se méfie des vraies news que l’on croit manipulées, venant d’organes de presses respectables !
Si vraisemblablement, l’histoire d’un cabinet noir est une fake news présentée par un candidat aux abois pour justifier je ne sais quoi, en revanche l’annonce par le GORAFI qu’un « membre du cabinet noir « a fini par douter de sa propre existence », est une pantalonnade pour se moquer justement d’une information aussi douteuse .
Les conséquences sont que, même démentie par les auteurs du livre qui parle de cabinet noir "éventuel", la nouvelle est devenue vraie par celles et ceux qui veulent y croire et dédouaner ainsi leur candidat de s’être défilé devant la justice.
C’est que le principal intérêt d’une fake news c’est aussi de servir tous les régimes autoritaires : les tyrans, produisent des fake news, puis vont les dénoncer, les montrer partout, et utiliser cette esquive pour se saisir de l’impunité, et ainsi disqualifier les opposants.
Le tour est joué : on fait d’abord courir de faux bruits, et ensuite on proteste contre les médias, la presse en général et on se dit victime de rumeurs.
Parfait pour assoir son pouvoir.
C’était comment déjà le (vrai ) incendie du Reichstag (allumé par les nazis et encaissé par les communistes)? Et la nuit de cristal ? (rappelons que cela a été présenté comme une réaction spontanée de la population après l’assassinat d’un dignitaire nazi) !
J’écrirai un prochain article sur les mesures à mettre en place pour éviter d’être embobinés.