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Quelle expérience de confinement vivons nous (épisode 6)

Quelle expérience de confinement vivons nous (épisode 6)

Voilà un nouveau témoignage de mon fidèle et très ancien ami qui habite à la campagne:

Un premier constat : mon activité quotidienne dans ma maison à la campagne, n’a pas été bouleversée ; j’ai gardé les mêmes rythmes, les mêmes plages de temps consacrées à l’ordinateur, à la lecture, à la télévision, à la cuisine et aux repas, aux activités extérieures dans mon jardin (j’en profite bien en cette période de printemps ensoleillé) et à toute la « vie pratique». Je me rends bien compte que je ne peux interrompre le déroulement de ces journées par une sortie, pour faire une course, ou pour aller me promener dans un endroit que je choisis au dernier moment. Mais, pour le moment du moins, je le perçois comme une contrainte légère, presque comme une simple nouvelle « règle du jeu ». Et, à vrai dire, je limite même mes sorties par rapport à ce que je suis théoriquement autorisé à faire : je ne fais les courses alimentaires qu’une fois par semaine, moyennant une planification des achats assez simple à mettre en œuvre, je ne cherche pas à me rendre à la pharmacie à tout bout de champ, in fine ces sorties rentrent aussi dans le nouveau rythme de mes semaines. Je fais les courses sans perdre de temps.

Au supermarché, j’ai eu l’impression que, en voulant s’éviter, les clients étaient subitement devenus agiles et souples; comme des chats se faufilant entre les rayons de marchandises.

J’aurais d’ailleurs du mal à parler « d’expérience » car je considère qu’il est trop tôt pour le faire. Il règne une grande incertitude sur la date et les conditions de fin du confinement, je ressens d’ailleurs de plus en plus une contradiction entre le caractère régulier, presque routinier, de mes journées, et l’approche d’une période pleine d’inconnu à une date qui elle non plus n’est pas fixée, comme si j’étais dans une voiture roulant sur une route qui disparaît bien avant l’horizon. C’est pour moi une source de préoccupation, voire d’inquiétude.

Je pense de plus en plus à ce qui m’attend dans la « vie d’après », que j’appréhende beaucoup. Elle sera très différente de celle d’avant, j’en suis persuadé, et elle risque d’être envahie par des manques, par de nouvelles impossibilités : impossibilité de voyager à l’étranger, peut-être même en France, impossibilité ou grande difficulté pour aller au théâtre ou au cinéma, au café ou au restaurant, ou dans des boutiques, les librairies entre autres. Aller au théâtre, flâner dans les librairies, sont des activités qui me manquent beaucoup. Est-ce que je reprendrai le train de la même façon, quelles contraintes nouvelles va-ton m’imposer (et ça, je le crains beaucoup) ? De nombreux souvenirs de ma « vie d’avant » défilent : est-ce que je reverrai telle ville d’Italie, tel paysage de campagne de ma région d’origine ?

Vous aurez compris que je vis seul, mais pas vraiment seul non plus ; Il me serait impossible  de vivre sans rester en contact étroit avec un groupe de très proches amis. Et que je vois souvent, en temps ordinaire c’est le but principal de mes déplacements à l’extérieur. Et je suis aussi en relations avec d’anciens collègues avec qui nous partageons des activités d’études techniques et de diffusion d’informations de notre domaine professionnel : déjà pour partie via internet avant le confinement, le reste en réunions et conférences.

Donc, je vais vous parler du téléphone d’internet, des conversations à distances, des audio ou des visio conférences. Je n’ai jamais autant utilisé Skype, Zoom, Jitsi et autres systèmes proposés pour se rencontrer à 4,5 ,6 8 ou 10 ! Je suis partagé entre deux sentiments contradictoires. D’un côté, je me réjouis de toutes ces facilités dont nous disposons et je me demande comment j’aurais vécu un confinement analogue, ne serait-ce qu’il y a vingt ans, avec des moyens de communication beaucoup plus limités. Mais, par ailleurs, j’éprouve une impression croissante de saturation devant ces images et ces sons déformés (malgré la qualité des appareils) et cette fausse sensation de proximité crée par les gros plans des personnages : d’autant plus d’ailleurs que ce même type de communication à distance se retrouve dans les multiples interviews et conférences des émissions d’actualité de la télévision.

C’est encore plus vrai pour mes échanges avec celles et ceux qui me sont le plus chers : l’image et le son ne remplacent pas la proximité physique, ils me manquent de plus en plus, surtout quand je pense aux bons moments passés ensemble, au théâtre, dans des expositions, des excursions de toute sorte.  Je suis bien sûr préoccupé par leur santé, et dès les premiers jours du confinement j’ai eu très peur qu’il leur arrive quelque chose (comme à moi), cela serait vrai aussi sans confinement. Nous nous rassurons donc quotidiennement en montrant que nous tenons la « forme » et le « moral », il n’empêche : je suis impatient de les revoir « en vrai », et je ne sais pas quand !

 

Avec mes autres amis et connaissances, et en particulier ce réseau d’anciens collègues, j’attends aussi la possibilité de les revoir « en vrai », même si je pense que dans le « monde d’après », nous ferons plus souvent appel à internet.

Une nouvelle semaine commence. Elle se terminera en confinement, c’est certain et je n’ai pas grand-chose d’original à en dire. Elle va se dérouler sans surprise comme les précédentes. Mais ce qui m’inquiète de plus en plus, c’est la suite.

 

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