Voilà trois films couverts de lauriers et que je n’ai pas aimé du tout :
Si vous n’avez pas encore vu ces films ne vous pressez pas !
A mon humble avis ils ne méritaient ni les uns ni les autres les couronnes de fleurs, oscars et cocardes qui leur ont été attribués.
On commence par "The Shape of Water" :
De Guillermo Del Toro avec Sally Hawkins et Michael Shannon
Synopsis : Il était une fois une femme de ménage muette qui s’ennuyait au boulot et dans sa pauvre vie. Un beau jour, elle fait la connaissance de l'Amphibien, parce qu’elle travaille dans une sorte de laboratoire où on étudie quelque chose comme les réacteurs nucléaires dufutur (on est dans les années 50). Le monstre est vêtu d’une combinaison encore plus moulante que celle de Spiderman et il montre des abdos parfaitement musclés quoique recouverts d’écailles. Il effraie tout le monde, sauf la jeune femme de ménage qui est sensible à ses beaux yeux verts de crapaud.
Le pitch n’étonnera personne, le thème de la Belle et la Bête, c’est connu depuis le IIème siècle avec Apulée, L’âne d’Or, en passant par Francesco Straparola (Le Roi Porc 1550) et pour se prolonger par Madame Leprince De Beaumont au XVIIIème siècle.
La morale non plus n’est pas nouvelle : « Vous m'apprîtes à démêler les apparences qui déguisent toutes choses. Je sus que l'image trompe, et nos sens et nos cœurs. Vous m'apprîtes encore à ne point suivre les mouvements de l'esprit et que le monde ne me serait donné qu'en pensant (...) Absenté de votre corps d'homme, vous l'exhibiez au gré des tableaux et des rêves afin que j'en recueillisse les images éparses. Prisonnière de votre palais et de sa cour assoupie d'un sommeil minéral, je régnais à mon insu sur votre vie, puisque j'en détenais les fragments jetés de part et d'autre du miroir et que mon amour seul pouvait en rassembler le sens. » (La Belle et la Bête de Madame Suzanne de Villeneuve).
Il s’agit de distinguer entre laideur morale et laideur physique. Je note au passage que la bête est à chaque fois un homme, et que donc la laideur physique qu’il faut dépasser, c’est celle de l’homme face à la femme. Jamais une femme très laide n’est distinguée pour ses grandes vertus morales.
Alors oui, le film est très beau à regarder, les trucages sont très artistiques, l’atmosphère est délibérément onirique, la musique (saluée par un OSCAR) superbe.
Mais ce n’est pas Amélie Poulain, il y manque de la créativité, des dialogues (si je peux me permettre s’agissant d’une héroïne muette et d’un animal), bref de la profondeur.
On poursuit par "Call me by your name"
Réalisation : Luca Guadagnino. Scénario : James Ivory d’après l’œuvre d’André Aciman. Avec Armie Hammer, Timothée Chalamet, Michael Stuhlbarg
Synopsis : Vacances d’été dans une famille bourgeoise. Nous sommes en 1983. La mère, le père et le fils se retrouvent dans une belle demeure campagnarde du nord de l’Italie. Ils accueillent un jeune doctorant, venu épauler le père dans ses travaux archéologiques. Le fils de la maison tombe sous son charme. Et inversement.
Les mérites de ce film c’est :
Et c’est tout.
C’est un film esthétique, mais c’est juste une romance d’été entre deux garçons. Bof, cela aurait pu être une romance hétéro aussi, cela n’aurait rien changé, c’est un film soporifique. Je m’y suis copieusement ennuyée. Puisque le scenario est de James Ivory, pourquoi n’a –t-on pas pu retrouver les atmosphères de « Chambre avec Vue « ?
"Three Billboards" maintenant :
De Martin McDonagh Avec Frances McDormand, Woody Harrelson, Sam Rockwell
Synopsis : Après des mois sans que l'enquête sur la mort de sa fille (violée et assassinée) ait avancé d’un pouce, Mildred Hayes prend les choses en main. Elle réclame la justice à la police locale, dans un pays où la justice s'obtient souvent par soi-même. Alors, elle paie 3 grands panneaux qui dénoncent l'inertie policière, et qu'elle fait planter à l'entrée de la petite ville.
On est dans l’Amérique profonde, bouseuse et bête, raciste, l’Amérique de Trump quoi.
Le film a raflé tous les OSCAR dont celui du meilleur scenario. Les images sont superbes mais le plus bel atout du film est la direction d’acteurs. L'interprétation d’ensemble est impeccable. Frances McDormand a eu l’Oscar du meilleur rôle féminin et c’était mérité.
On avait annoncé un film révolutionnaire digne des frères Coen et là il ne faut pas exagérer. Je trouve le scenario alambiqué, je n’ai pas été sensible à l’humour (mon mauvais niveau d’anglais certainement) et la démonstration des contradictions des personnages m’a laissée de glace. Oui, c’est vrai, personne n’est tout blanc ou tout noir, le meurtrier a peut-être le droit à une seconde chance, si c’est bien lui. Mais bon, c’est pesant finalement, cela manque de subtilité, c’est lourd comme l’Amérique trumpesque.
Bon, ces films sont tous jolis, ce sont des peintures, mais sans grande profondeur.