Né en Ukraine en 1844 et mort en Finlande en 1930 (il n'a jamais voulu, malgré les invitations répétées, retourner en Russie soviétique) , Ilya Répine était non seulement un artiste surdoué, mais aussi un immense témoin d'un monde qui a basculé.
Très vite, il a voulu rejoindre le groupe des peintres "ambulants", ainsi nommés parce qu'ils voulaient renoncer aux sujets mythologiques pour s'intéresser au petit peuple russe, et donc à son "âme" que nous avons, nous français, tendance à romantiser.
Les bateliers de la Volga est une œuvre qu'on trouve dans tous les manuels sur la Russie des Tsars et qui raconte les souffrances inouïes des serfs.
Ci-dessous la danse des moissons autour du "COIN ROUGE", le coin aux icônes sacrées de la maison:
Les enfants d'Ilya:
Sa femme: (enfin sa première femme) endormie sur un fauteuil de la couleur aubergine de sa robe:
et des portraits variés comme Modeste MOUSSORGSKI , le musicien, rongé par l'alcoolisme et représenté quelques jours avant sa mort précoce à 40 ans:
ou Tolstoi:
mais aussi la superbe Baronne Rouge: Varvara Ikskul von Hildenbandt, avec sa taille de guêpe et sa voilette, que je place en regard du portrait d'une petite fille de pêcheur peint en Normandie :
et celui là, c'est l'homme qui porte malheur (qui fait le mauvais oeil) :Je trouve son air tout à fait satanique en effet.
Alexandre Glazounov, un grand compositeur et chef d'orchestre dont on lit l'impatience, puis ce paysan si triste et ce juif, tellement réalistes, puis encore une femme du monde:
Ilya Répine a passé plusieurs années en France (un pays au rayonnement artistique et culturel sans égal aujourd'hui). Il a croqué des scènes de rue telles que ce bonimenteur à Montmartre :
Rentré en Russie, il assiste aux prémices de la révolution, avec cette foule qui fête bruyamment la nouvelle constitution accordée en 1905 permettant aux partis de siéger à la Douma:
Il fallait tout de même se souvenir des déportés du Tsar, tel que cet homme efflanqué que sa famille n'attendait plus et qui revient de Sibérie :
Et des luttes d'autrefois : Comme celles des Cosaques contre l'Empire Ottoman. On les voit se tenir les côtes en écrivant une lettre d'insulte contre l'envahisseur turc de l'Ukraine (à l'époque nommée La Petite Russie)
Mais aussi des tragédies qui ont construit l'histoire Russe. Ce tableau n'a pas pu être présenté lors de cette exposition, car il prête encore à polémiques au regard des nationalismes russes (qui ont entrainé plusieurs fois la lacération du tableau). Il s'agit du meurtre de son fils par Yvan le Terrible. Le père se rend compte de l'horreur de l'acte qu'il vient de commettre :
Il y a aussi des tableaux saisissants et grandioses tels que celui qui représente une procession où l'on exhibe les icônes sacrées et qui fourmille de détails tous plus pittoresques les uns que les autres (un bossu au premier plan, un prêtre en robe d'or qui chante, des pèlerines en fichu, une grosse femme qui exhibe son icône personnelle au centre...)
Mais moi je garderai toujours une admiration et une tendresse particulières pour ce tableau qui m'a fait rêver et qui représente la magie du monde sous-marin:
Bref cette exposition est totalement ensorcelante, et, par les temps qui courent, cela fait un bien fou d'être un moment plongé dans d'autres univers, et notamment d'approcher la beauté de si près!!