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Pour la souveraineté du peuple (A. Bellon JP Crépin Ed LHarmattan 2021 )

Pour la souveraineté du peuple (A. Bellon JP Crépin  Ed LHarmattan 2021 )

Voilà un livre qui fait du bien et, en ces veilles de fêtes, il serait dommage que je n’en parle pas.

Un livre qui se présente avec modestie, sous une couverture violette, comme un manifeste militant dans une collection Questions Contemporaines : « Pour la souveraineté du peuple. Nous sommes tous des constituants ». Mais pas l’ombre d’un parti politique à la clef, pas d’organisation, pas de sigle.

En plus il s’agit d’un livre d’entretiens entre deux brillants esprits, tous deux très expérimentés dans le lancement d’alerte et donc extrêmement aiguisés et judicieux.

André Bellon est l’auteur de plusieurs ouvrages de réflexions politico-économiques et Jean Pierre Crépin est l’un de ceux qui avaient prédit la crise de 2008.

Mais, je dirais, peu importe. Ce qui est vraiment réjouissant, c’est que j’ai trouvé dans ce petit livre le moyen de sortir de l’isolement où nous nous trouvons tous, relégués que nous sommes par la volonté de ceux qui nous gouvernent. Quand on veut penser « out of the box », on est aujourd’hui accusé tour à tour de « complotisme », « extrême droitisme », « racisme », « réactionnarisme », et autres joyeusetés destinées à marginaliser toute pensée non conforme à la doxa. Je devrais d’ailleurs dire « toute pensée tout court », tellement il est stigmatisant de réfléchir.

C’est bien ce que font nos auteurs, chez qui j’ai surtout trouvé l’honnêteté, la sincérité, le désir de vérité et la préoccupation constante de la rationalité tranquille et pas l'once d'un millionième de milligramme de manipulation ou de paranoïa.

La discussion porte d'abord sur le choc que nous vivons actuellement et qui a mis en lumière les contradictions d’un modèle économico-politique qui nous conduit inexorablement au désastre. Le virus est un puissant révélateur de ce qui était à l’œuvre souterrainement (le néo libéralisme) et qui s’est tout à coup attaqué, comme une maladie auto-immune, au corps social-hôte qui lui a permis de s’implanter.

Le citoyen n’existe pratiquement plus, la démocratie non plus qui consiste à seulement mettre une enveloppe dans une urne tous les 5 ans. Le peuple a disparu, et quand il a tenté de se rappeler aux bons souvenirs de la classe dirigeante, celle-ci a ordonné de le réduire au silence par invisibilisation, calomnies, insultes, mutilations et traitements manifestement injustes.

Il reste la gestion du vivant, du troupeau vivant, méprisé par les auto-proclamées élites, qui ne mérite qu’une administration impersonnelle et surtout distante, que l’on prive de l’accès au savoir et bientôt d’ailleurs à l’éducation, à la santé et à la culture. Autour du troupeau, une milice armée jusqu’aux dents est chargée de veiller à ce que personne ne puisse s’attaquer aux maîtres, bien à l’abri derrière des murs d’indifférence. On distribue les antibiotiques à tout le troupeau dans son entièreté, et on classe les bêtes du troupeau selon des critères de « races », ou selon des catégories encore plus fumeuses d’anciennes victimes qui auraient hérité de leurs grands-parents un « statut » étrange d’ex-esclaves génétiques, statut d’autant plus performant qu’il est historiquement mémoriel.

La "morale" est balayée envoyée aux oubliettes,  seule a droit de cité une « moraline » à destination des classes moyennes qu’il faut finir de ruiner. Car la société qu’elles représentaient ne doit plus exister, et d’ailleurs il n’y a plus de société. Le peuple doit se repentir de ce qu’il n’a jamais commis, et chacun doit être isolé dans sa communauté de statut, sans possibilité de s’en extraire. « Tout crime aussi ancien soit-il doit être publiquement reconnu, devant un improbable tribunal de l’Histoire en vue d’une catharsis historique ».

Qu’importe qu’il s’agisse de victimes choisies préférentiellement à d’autres, (dont les tragédies sont volontairement oubliées) , que les bourreaux soient inévitablement les blancs occidentaux et jamais les autres. Ceux qui doivent mourir vous saluent.

La victimisation de certaines catégories solidifie des groupes, plus ou moins morcelés, autour d’un préjudice, réel ou supposé, que rien ne saurait réparer. Tous se concurrencent dans l’expression d’une souffrance inextinguible que les « autres » ne peuvent pas comprendre.

Que faut il espérer dans ces conditions ? L’Union Européenne est elle devenue le rempart contre l’obscurantisme qu’on espérait après la seconde guerre mondiale ?

Rien à faire, et le très récent (et controversé) Guide sur la Communication Inclusive de la Commission Européenne nous le prouve bien : au nom du respect de certaines sensibilités, il aurait fallu gommer , si ce Guide avait été adopté, toute référence à Noël, aux prénoms européens et même au mot « européen ».

« Est-il utile de dire à quel point les institutions européennes sont le relai de la pensée américaine en la matière ? Au-delà de quelques références floues et convenues sur la justice ou la liberté ; l’idée même de cause commune et de valeurs partagées pouvant réunir les hommes par-delà leurs particularités est présentée comme oppressive ; le fondement de la nation républicaine ne serait donc plus qu’un archaïsme ».

La laïcité (pourtant conçue comme doctrine d’émancipation) est ainsi devenue une vieillerie franco-française qu’il faut abandonner car jugée oppressive.

Face à ces constats déprimants mais si vrais, les auteurs nous montrent une voie de sortie : le peuple devrait, et c’est ce qui aura lieu un jour ou l’autre, récupérer sa souveraineté et pour cela, il lui faut travailler dès aujourd'hui à l’élaboration d’une Constituante. La solution est donc politique et elle viendra du peuple ; la contestation des oligarchies ne peut pas durablement être interdite, et la soumission finira par se briser sur l’effondrement du mur de la peur.

Je suis d’accord,  c’est une proposition raisonnable ; ce livre est un vrai cadeau de noël.

 

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