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Le théorème de Marguerite (film France 2023)

Le théorème de Marguerite (film France 2023)

Voilà enfin venir des films qui soutiennent la promotion des femmes de manière intelligente, sans esprit revendicatif et sans non plus tomber dans le fétichisme béat et complètement artificiel.

Ce n’est pas parce qu’on est une femme qu’on est forcément à l’abri de certains travers qu’on a souvent vus à l’œuvre chez les hommes, comme la vanité, l’esprit de compétition, ou, au contraire, que l'on plonge dans ce qui est le plus reproché aux femmes, l’émotivité, le manque de combativité, le sentimentalisme.

Marguerite, au début du film, est déjà une chercheuse prometteuse. Elle travaille sur une thèse de mathématiques, au sein d’une école prestigieuse, l’École Normale Supérieure de la Rue d’Ulm. Comme elle est manifestement la seule fille de ce niveau - il y a un plan impressionnant de la salle de cours où il n’y a pas l’ombre d’une autre femme - elle est dans l’orbite d’un Directeur de Thèse prestigieux, qui d’ailleurs s’acharne, avec ses étudiants, sur un sujet plus qu’épineux : démontrer un théorème que personne n’a jamais réussi jusqu’à présent à expliciter. Voilà bien un domaine sur lequel l’intelligence artificielle ne devrait pas pouvoir s’exercer, car il ne s’agit pas de rechercher un résultat, mais « simplement » de prouver l’exactitude d’une hypothèse que l’on estime largement vraie puisqu’elle a fait l’objet d’un théorème, donc d’une loi mathématique.

Pour être conforme à sa psychologie, Marguerite, la tête dans les équations, ne songe pas du tout à sa féminité. Elle se balade d’ailleurs en charentaises dans l’École, est adepte des survêtements, ne se maquille évidemment pas, attache ses cheveux avec un élastique et ne semble heureuse que dans le travail.

Il va lui arriver une grande humiliation qu’elle ne saura pas gérer. Elle a fait une erreur de calcul, et un de ses collègues relève l’erreur en public, au moment où elle soutient sa thèse. Tout semble se liguer contre elle, et son Directeur de thèse en profite pour la laisser tomber.

C’est la chute dans le vide. Elle se retrouve dans des jobs alimentaires, comme la vente de chaussures, ou le ménage.

Pas question de spoiler le film, je m’arrête donc là.

Pour moi, ce film est un roman d’apprentissage, vu à la mode féminine, comme on en a tellement rencontré en livres/films/récits pour de jeunes garçons. C’est un récit d’initiation. Marguerite ne s’est jamais encore heurtée à la vie, et c’est ce qu’elle doit apprendre. Utiliser ses talents dans un autre contexte relève de la nécessaire adaptation d’un jeune qui se cherche et c’est bien ce qu’elle fait, par exemple, dans le jeu du MAJONG où elle excelle rapidement.

Ce film fait plus pour la condition féminine que bien des lois.

Un défaut tout de même : je ne vois pas vraiment pourquoi il fallait à tout prix glisser une histoire d’amour dans ce parcours, mais peut-être, comme il s’agit d’un éveil à la vie adulte, ce point, méritait-il d’être abordé. À moins que ce ne soit pas satisfaire le grand public en évitant de rester dans le thème trop aride de la recherche fondamentale en maths ?

Très beau film que je recommande.

Réalisatrice: Anna Novion, avec :

  • Ella Rumpf  dans le rôle de Marguerite Hoffmann

  • Jean-Pierre Darroussin dans le rôle de Laurent Werner

  • Clotilde Courau dans le rôle de Suzanne

  • Julien Frison dans le rôle de Lucas Savelli

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