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Autoportrait à ma grand-mère (Théâtre du Rond Point)

Autoportrait à ma grand-mère (Théâtre du Rond Point)

Il faut vraiment toujours se méfier aujourd’hui car la culture est complètement vérolée par le wokisme. Je pensais que le théâtre du Rond-Point, qui n’est pas vraiment public (mais pas vraiment privé non plus) pouvait échapper à la malédiction. C’était oublier que les écrivains/performeurs/théâtreux contemporains étaient également largement atteints par la maladie du wokisme (qui tient de la maladie mentale) et cette représentation en est la preuve éclatante.

L’autrice joue elle-même son texte en une sorte de performance artistique. Ce n’est pas du théâtre car le texte est à moitié lu et qu’elle est seule en scène avec des enregistrements, des petites vidéos et quelques photos. Mais pourquoi pas ? il est souvent intéressant de se resserrer sur un texte quand celui-ci est bien « raconté ».

De fait, l’autrice possède une très belle voix et la diction est travaillée pour rester grave, fascinante, captivante. C’est réellement le point fort de cette performance.

Pour le reste…. J'avais envie de partir avant la fin, mais la salle était petite et cela aurait dérangé les autres spectateurs. Car l’histoire de la grand-mère bretonne ne tient pas la route. La mémé, décédée depuis 10 ans environ, a été enregistrée par sa petite fille et sert de prétexte à dire combien la langue bretonne, la culture bretonne, la sociologie bretonne ont été piétinées par les horribles esclavagistes coloniaux blancs que sont…qui ? je n’en sais rien du tout. Les « Parisiens », les autres « français », les grandes entreprises ? Aucune idée.

Bref, le propos est de dénoncer le colonialisme de l’intérieur exercé à l’égard de la Bretagne enclavée, isolée, excentrée et pauvrissime du XIXe siècle. Les Bretons auraient été les « nègres » de la France…la France ? Mais c’était qui donc ? Mes grands-parents n’étaient pas français, je ne sais pas comment ils auraient pu représenter le « reste de la France », horriblement coloniale, méchamment occupée à asservir les cultures minoritaires.

Et l’autrice de se placer du côté des colonisés, elle qui vit à Paris et bénéficie d’une vie que j’imagine dégagée des affres de la pauvreté, héritée des affreux colons qu’elle dénonce.

Pour ma part j’en tire la conclusion opposée : les colons de l ’intérieur ont donc colonisé sans distinction de culture ou de couleur de peau. Les anti-racistes actuels font une grave erreur : ce n’est pas en raison de leur nationalité africaine ou de leur couleur de peau qu’ils ont été colonisés, mais simplement parce que le capitalisme est prédateur où qu’il soit et qu’il vit sur l’expulsion des pauvres. Mais ça, la dénonciation du capitalisme, on ne la trouve plus du tout, nulle part, le mot même semble avoir disparu, au profit de la lutte contre les discriminations, depuis le transgenrisme jusqu’à l’obésité, en passant par les « racisés » de tout poil, les queers, les LGBT etc…

Convoquer la grand-mère analphabète pour dénoncer le colonialisme, c'est un peu fort de café. La grand-mère semble heureuse de vivre et n’a jamais pensé à tout cela. D’autant que l’autrice va plus loin, elle entreprend un coming out auprès de cette vieille dame. Elle lui révèle donc dans ses appareils auditifs qu’elle est devenue lesbienne. Mais franchement, on touche le fond du ridicule. Quel intérêt peut-il bien y avoir à révéler sa (récente) orientation sexuelle à cette sympathique vieille dame dans son EHPAD ?

Si ce n’est surfer sur la vague du wokisme ambiant ?

C’est vraiment dommage, Patricia Allio, seule en scène, sobrement habillée d’un juste au corps noir, a une très belle voix. Mais pas grand-chose à raconter…La Bretagne méritait mieux.

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