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Le Mirage #MeToo (Sabine Prokhoris 2021)

Le Mirage #MeToo (Sabine Prokhoris 2021)

Cela fait partie de ces livres qu’on attendait avec impatience et pour lesquels on se dit : « Enfin, voilà quelqu’un de sensé, ce n’était pas moi qui avais la berlue ».

L’auteur est philosophe et psychanalyste, et elle a déjà travaillé sur les excès du féminisme de genre en critiquant l’icône du mouvement Judith Butler.

On n’ose plus critiquer le féminisme intersectionnel, car on est tout de suite taxée de « réac », « facho », et « ennemie de classe, genre ». Si bien que des femmes intelligentes et modérées comme Geneviève Fraisse ou Michèle Perrot finissent par céder (oui, j’utilise cette expression en principe utilisée pour définir le non-consentement) à cette mode totalitaire (oui aussi, j’utilise ce mot moi aussi, les revendications des féministes inter sectionnelles sont sectaires et complètement hors de proportion).

À partir des « cas » français uniquement, Adèle Haenel, Vanessa Springora , Camille Kourchner et des « prédateurs » tels que Roman Polanski, Gabriel Matzneff, ou Christophe Ruggia, Sabine Prokhoris démonte le discours de celles qui se disent « violées » sans l’avoir réellement été elles-mêmes.

Évidemment il n’est pas question de nier que le viol soit un crime extrêmement traumatisant pour les victimes. Évidemment il ne s’agit pas d’excuser les prédateurs et de retourner à un monde où les victimes étaient traitées avec suspicion si ce n’est considérées comme responsables de leur agression.

Mais c’est justement parce qu’il faut rester intraitable sur la question des violences faites aux femmes qu’on ne doit pas accepter des idéologies incohérentes et qui mènent simplement à des impasses, des « mirages » comme le dit Sabine Prokhoris.

Voici quelques-unes de ses légitimes interrogations sur le bien fondé des idées néoféministes et anti-universalistes développées aujourd’hui :

1 Certes les victimes doivent être écoutées

Mais non, elles ne peuvent pas non plus être crues sur parole, il faut bien amener des preuves, au moins quelques-unes sans quoi c’est à « l’innocent » (s’il s’avérait que le prédateur présumé soit finalement innocent) de fournir la preuve de son innocence, ce qui n’est absolument pas légal dans la tradition du droit français.

Les victimes ont le doit à être écoutées avec respect, bienveillance et même empathie, c’est sans contestation ce qui a manqué autrefois, du temps de Gisèle Halimi, enfin avant elle.

2 Certes il reste des combats féministes à mener aujourd’hui

Mais les féministes d’autrefois ne se sont pas tourné les pouces. Les rudes combats des années 70 ont permis d’obtenir, notamment, la liberté contraceptionnelle, celle d’avoir ou non un enfant, et la criminalisation du viol. Ce n’est pas rien, contrairement à ce que voudraient nous faire croire les radicales d’aujourd’hui.

Alors il est toujours plus facile de s’ériger en combattante de 1ère ligne quand celle-ci s’est déjà effondrée des années auparavant.

Et pire encore, ces féministes-ultra en viennent à dénigrer les conquêtes antérieures allant jusqu’à écrire que le pilule contraceptive est devenue un pilier du patriarcat !

3 Certes il existe de nouveaux modes de domination (sex-tapes, harcèlements sur les réseaux sociaux, etc)

Mais il ne faut pas tout confondre. Le « male gaze » (regard appuyé, libidineux ou dégradant des hommes) par exemple n’est pas à considérer à la légère parce qu’il est très désagréable. Mais de là à le confondre avec un viol, non, ce n’est pas possible et c’est même insultant pour celles qui ont été violées. Les « vérités alternatives » que promeuvent les activistes ne peuvent qu’être le symptôme d’un renversement mortifère des techniques accusatoires. Il s’agit de partir du principe qu’il n’y a en a qu’une qui détient LA VÉRITÉ. Ce qui est complètement malsain (le « récit » se confond avec le réel) et totalitaire (la vérité n’est pas la vérité, et la victime n’est plus une plaignante mais une rescapée).  

4- Certes on n’a jamais réglé la question du consentement

Mais c’est absolument à envisager selon le contexte, et surtout pas d’une manière absolue. Nul doute qu’il puisse y avoir, dans l’érotisme, un jeu autour du consentement et de la soumission. On ne peut cependant pas agglomérer toutes les situations sexuelles hétéro-normées sous un même ensemble et qui traduirait finalement « la culture du viol ».

S’il fallait en venir à un consentement écrit, serait-on pour autant certains que celui-ci n’a pas été obtenu sous la contrainte et, de plus, a-ton envie d’une société échafaudée sur le « contrat » ?  

5-Certes le racisme est encore présent dans nos sociétés

Mais n’est-ce pas une impasse totale d’en arriver à penser qu’il y a discrimination à part égale s’agissant du  crop -top des lycéennes ou du voile des filles musulmanes ?

Pourquoi faudrait-il considérer que Mila, pourtant lesbienne déclarée, n’aurait pas le droit d’être défendue avec la même énergie parce qu’elle s’en est pris à une autre (soi-disant) discrimination qui viserait la religion musulmane ?

Et que penser de l’éjection de Christophe Girard de la Mairie de Paris au motif d’une très ancienne « agression  sexuelle » à l’encontre d’un employé tunisien, qui s’est « réveillé » de son trauma 20 ans après ? Je ne suis pas procureur, je ne sais pas ce qui s'est passé, mais fallait-il condamner cet homme médiatiquement et dans son rôle d'élu ?

La culture de la lamentation victimaire ne changera pas l'ordre des choses et ne réparera pas les vraies victimes. Car je n'ai pas parlé non plus des excès de langage ou de pensée qui visent à assimiler les survivantes aux rescapées de la SHOAH. Non, le viol n'est pas l'équivalent de la SHOAH, non et non. "Elles" ont dit qu'il s'agissait, comme dans l'extermination des juifs (alors que certaines de ces féministes développent par ailleurs à l'encontre des prédateurs comme Polanski ou d'autres, un véritable anti-sémitisme de la pire tradition), elles ont donc prétendu que le viol était, comme dans le cas de l'extermination, un crime sans cadavre!!! C'est insupportable.

Ce genre de livre fait beaucoup de bien, continuez Madame Prokhoris, vous êtes courageuse !

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