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La femme n'existe plus (théâtre du Rond-Point)

La femme n'existe plus (théâtre du Rond-Point)

On ne pourra pas dire que j’écris sans savoir. Voilà une pièce dont je me serais bien passée, mais que, dans mon grand dévouement pour le féminisme, j’ai tout de même accepté de découvrir.

Voilà ce qui était dit en note d’intention : « Il semble que le féminisme a ceci de commun avec l’écologie : d’être un des combats politiques les plus rassembleurs et les plus ennuyeux ».

Pour ma part, j’accorde au spectacle qu’il avait tout pour ne pas être ennuyeux : la créativité, la folie, l’humour, la provocation.

Quant à « rassembleur », franchement, il aurait fallu pour cela que le texte ne s’en prenne pas à tous ceux qui ne pensent pas comme il faut. Or personne n’avait grâce aux yeux de ces féministes des beaux quartiers. Les femmes du MLF, qualifiées de « vieilles » (ringardes, entendons-nous), étaient tout aussi bien clouées au pilori que celles qui, comme moi, étaient taxées de « féminoustes », c’est-à-dire de féministes à la noix, pour être polie. Les féminoustes, si j’ai bien suivi, étaient des connes, sans cervelle, qui défendaient le droit d’être remarquées dans la rue, voire importunées, qui s’élevaient contre les excès des « éco-féministes » supposées ne manger que des fruits et être allergiques au lait. On aurait dit que ces « feminoustes » étaient bonnes pour la guillotine, comme d’ailleurs les hommes en général, symbolisés par un mannequin grandeur nature auquel étaient accrochées des testicules géants et un pénis poilu qu’il convenait d’arracher épisodiquement.

Je n’ai pas été sensible au soi-disant « combat politique » car, à vrai dire, je n’ai vu aucune revendication pouvant faire l’objet d’une réponse politique.

Oui, les « femmes » du plateau (parmi lesquelles il y avait bien deux hommes déguisés en femmes) revendiquaient le plaisir clitoridien, en une longue et explicite démonstration. Oui elles dansaient en collants veineux, la tête complètement incluse dans une vulve gigantesque et décorée comme un arbre de noël mexicain. Oui, elles parlaient des règles et de l’avortement, mais pour en dire quoi au juste ? S’agissait-il de défendre le droit à l’IVG dans les pays qui l’ont interdit ? Pas du tout. J’ai vaguement compris qu’il fallait avant tout se moquer de celles, qui, dans les années de lutte, avaient présenté l’IVG par aspiration comme un geste banal et quasiment indolore. Mais dans un contexte d’interdiction, il fallait bien rassurer, et je ne vois pas pourquoi il faudrait aujourd’hui venir s’en moquer.

D’ailleurs, pour ma part, je n’ai ri qu’une seule fois. Et c’était pour une phrase très drôle : « Simone, vous avez une bite ? » disait l’une des actrices en découvrant la supercherie d’un acteur. Oui, mais voilà, cet homme-là était « déconstruit ». Ouf ! on a eu peur pour ses testicules !!!

Certes, il y avait de l’invention, mais au service de quel combat « politique » ?

Finalement, un discours qui tourne en rond, un humour dirigé contre la plupart des hommes et contre des personnalités nommément désignées, (mais c’étaient des cibles extrêmement faciles,  comme Yann Moix, Houellebecq, FOG…), une fantaisie destinée uniquement à promouvoir le clitoris, ne font pas une pièce « politique ». Et tout cela finit bien par être ennuyeux.

Il y a un public pour ça, mais ce n’est pas moi.

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