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QUASI NIENTE (PRESQUE RIEN) -Théâtre de La Bastille

QUASI NIENTE (PRESQUE RIEN) -Théâtre de La Bastille

Après « Reality », basé sur l'histoire d'une femme polonaise ayant noté tous les faits de son existence dans des carnets, et  « Ce ne andiamo per non darvi altre preoccupazioni » (Nous partons pour ne plus vous donner de soucis), qui se penchait sur quatre retraitées grecques ayant choisi de disparaître, Daria Deflorian et Antonio Tagliarini  opèrent , dans cette nouvelle pièce, un retour au film (culte pour l’époque) de Michelangelo Antonioni,  Deserto Rosso (Le Désert rouge).

 

Dans ce film Monica Vitti  (inimitable et grandiose Monica Vitti !) jouait « Giuliana », une femme qui ne parvenait plus, à entrer en relation avec le monde. Réalisé en 1964, Le Désert rouge est le premier film en couleurs réalisé par Michelangelo Antonioni.

Un petit rappel du film d’Antonioni : Après une tentative de suicide et un séjour dans un hôpital psychiatrique, Giuliana angoisse. "Il y a quelque chose de terrible dans la réalité et je ne sais pas ce que c'est", dit-elle. Elle fait la rencontre d'un ingénieur, ami de son mari, qui prépare un projet de voyage en Patagonie. Elle devient brièvement sa maîtresse avant de s'apercevoir que son incartade n'a apporté aucune réponse à ses questions existentielles . Ce qu'il y avait de remarquable dans ce film, c'est qu'Antonioni avait réussi à transformer le monde industriel qui entourait les personnages en monde intérieur, abstrait et irréel. Deserto Rosso, c'était le désert du capitalisme, le monde de l'administration des choses et non le monde des êtres humains.

Daria Deflorian et Antonio Tagliarini font de même sur un plateau dépouillé, où s’égrène tout au long du spectacle la ritournelle obsédante du film d’Antonioni .

Giuliana est incarnée par 3 femmes, la même personne à des âges différents de sa vie. On comprend bien vite la convention théâtrale qui n’est jamais gênante mais joue au contraire de l’ambiguité et de la schizophrénie du personnage.

Giuliana, comme dans le film, est épuisée, elle contemple sans cesse son vide intérieur : « Que dois-je faire de mes yeux ? Regarder quoi ? » se demande-t-elle.

Le spectacle ne « raconte » pas le film mais lui emprunte sa radicalité souveraine : il y a des non-dits, des souvenirs informulés, terrifiants, à jamais inavoués mais, que l’on perçoit dans les ruptures de phrases, d’attitudes, de personnalité.

Le texte est splendide (à vrai dire c’est certainement l’italien parlé de façon aussi belle, aussi parfaite, qui est magique), et il faut se souvenir du film d’Antonioni, finalement très en avance sur son temps. J’ai passé une excellente soirée parmi un public jeune et branché, le public qui fréquente ce quartier de la Bastille, et qui, à la sortie, avait envahi les rues. Comme c’était Halloween, tout le monde était déguisé en squelettes, en sorcières et vampires, avec des toiles d’araignées oranges dans les cheveux, des gouttes de sang aux lèvres et les yeux charbonneux.

C’était très chouette pour sortir d’un spectacle exigeant.

Texte en italien surtitré, Mise en scène: Daria Deflorian Antonio Tagliarini

Avec Francesca Cuttica, Daria Deflorian, Monica Piseddu, Benno Steinegger et Antonio Tagliarini

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