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Vania : Théatre du Vieux colombier

D'après Oncle Vania de Tchekhov bien sûr, mise en scène de Julie Deliquet,

avec dans le rôle de Vania:  Laurent Stocker, Hervé Pierre dans celui du professeur, Domnique Blanc dans celui de Maria Vassilievna, Stéphane Varupenne dans le rôle d'Astrov (le médecin), et Florence Viala dans celui d'Elena.

Le texte est réadapté par un collectif, le collectif IN VITRO, surtout dans le sens d'une moins grande référence à la Russie et dans une reconstruction de sa structure pour mettre en relief ce qui est le cœur du drame et qui relie tous les personnages entre eux.

Malgré tout, on retrouve quand même l'âme russe, si prégnante pour Tchekhov.

Comme toujours,pour Tchekhov,  il s'agit d'un groupe de personnages "dépourvu de centre", sans hiérarchie entre eux, sans jugement de valeur sur l'un ou l'autre, sans intrigue principale.

Il me semble même que le personnage le plus obsédant est une morte: la première femme du professeur, pour laquelle Vania et Sonia, respectivement frère et fille de cette femme ont tellement donné de leurs forces et de leurs vies, elle qui avait hérité du domaine et rendu ainsi le professeur maître des lieux.

Oncle Vania est un vieux à 45 ans, il est joué d'ailleurs par un acteur de 45 ans, alors que d'habitude il est joué par un acteur de 60 ans, tellement il est fait référence, dans le texte originel,  à la lassitude de cet homme qui a tout raté, mais surtout tout consacré à une œuvre: la préservation du domaine, et l'amour pour sa sœur.

Le domaine: voilà aussi une présence en creux qui fait éclater les tensions, et amène sur scène la violence inouïe du vieux Vania. Se séparer du domaine ou simplement l'envisager, c'est faire sauter une bombe, c'est enjamber un précipice que tous souhaitent éviter: c'est entrer dans la folie parce qu'alors quel est le sens de la vie?

On croirait que Dominique Blanc est née sur une scène tellement son jeu est naturel, ses intonations justes, précises, limpides.

Comment ne pas voir également le magnifique personnage d'Astrov, un concentré de Tchekhov lui même, médecin désabusé, à la frontière des mondes, que seule la beauté peut encore émouvoir?

Enfin, la dernière scène tenue par Sonia qui pleure réellement est complètement magique.

On repart bouleversés, touchés au plus profond, c'est d'une rare intensité.

Le théatre est en disposition bi-frontale et nous étions au premier rang, donc carrément sur le plateau. 

Seule la table d'Oncle Vania sert de décor aux 4 "tableaux", et nous étions donc invités à partager le pain, les beuveries, les intrigues et l'orage (colère mémorable de Vania).

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