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Un nuovo grosso imbroglio (4ème épisode)

Un nuovo grosso imbroglio (4ème épisode)

Nous continuons notre enquête sur l’industrie automobile française...

Ce titre est plus que jamais justifié, je pourrais même parler d’une nouvelle embrouille dans l’embrouille. Et, comme dans un bon polar, les intrigues de l’épisode précédent laissaient entrevoir une partie des évènements de cette semaine, mais une partie seulement. Pour le reste, le « feuilleton » rebondit avec quelques surprises.

Voici donc Fiat, ce « troisième larron » qui réapparaît sur le devant de la scène, comme annoncé précédemment, avec son médiatique PDG, ce John Elkann à la recherche d’alliances dans l’industrie automobile pour assurer l’avenir de Fiat/Chrysler Automobiles (FCA). Et pour prendre la tête d’un nouveau géant de l’automobile, car il est très ambitieux et ne le cache pas. Cette fois-ci, il est décidé à tout faire pour garantir son arrivée « au sommet ».

Mais c’est avec un « quatrième larron » qu’il veut s’allier, avec le groupe PSA, dirigé par un deuxième « Carlos », Carlos Tavares, un Portugais passionné d’automobile, diplômé d’une grande école d’ingénieurs française, et entré dans l’industrie automobile pour ne plus la quitter. Il a d’ailleurs secondé « Carlos N°1 », chez Renault, il y a quelques années. Il y a manifesté un tel dynamisme que des frictions sont apparues avec « calife » et qu’il a préféré rejoindre PSA pour devenir calife à son tour. Dans le projet de fusion, Carlos Tavares deviendrait le directeur général exécutif sous la houlette du PDG John Elkann.

On ne sera pas surpris, par contre, par l’attitude des deux gouvernements français et italien. Comme on pouvait le prévoir, et même si les porte-parole se défendent de faire de la politique politicienne, depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement « Conte N°2 », bien mieux disposé vis-à-vis de l’Europe et notre pays, les pouvoirs publics se montrent plutôt optimistes, tout en restant prudents, et « affichent une bienveillante neutralité » dit la presse. Même l’inénarrable Sibeth Ndiaye y est allée de son commentaire : « Nous suivons les derniers développements Fiat Chrysler avec beaucoup d’ouverture ». Alors, tout va bien ?

Pas si simple !

Tout d’abord, la situation respective des deux États n’est pas la même. L’État français détient en effet 12% de PSA par l’intermédiaire de la Banque publique d’Investissement, la BPI. Rien de tel en Italie, l’État ne détient aucune participation dans FCA. Le ministre italien de l’industrie a déclaré que son gouvernement suivrait de près l’évolution de la situation, mais a précisé qu’il ne ferait pas davantage de commentaires car il s’agit d’une « opération de marché ». Nous voilà prévenus. On s’en remet, du moins dans le discours, aux « lois du marché ».

Ensuite, rappelons-nous qu’il y a un autre pays concerné par l’évolution du PSA. Retournons en Asie, en Chine cette fois-ci. La société chinoise Dongfeng détient elle aussi 12% du capital de PSA depuis qu’elle a été appelée à la rescousse dans l’opération de sauvetage de 2014. On ne connaît pas à ce jour la réaction des Chinois. Mais ils ne sont pas réputés pour être prolixes en commentaires ou transparents dans leurs appréciations. Sans même parler des disparitions subites des dirigeants « rappelés » à Pékin pour s’expliquer devant leur leader bien aimé

Enfin, il faut remarquer un point commun à Peugeot et Fiat, les entreprises « historiques » à l’origine des deux groupes PSA et FCA : ce sont des entreprises familiales. La famille Peugeot, qui comprend de nombreux héritiers et a désigné un chef de file pour porter ses intérêts, détient encore 12% du capital de PSA et la famille Agnelli, dont John Elkann est l’héritier, possède 29% de FCA.

Tout de suite, une première conséquence : dans le projet de fusion, prévu à parité 50/50, c’est bien la famille Agnelli qui va dominer, puisqu’elle devrait conserver 15% des parts, alors que la famille Peugeot sera limitée à 6%. John Elkann devient vraiment le grand chef.

Avec ce projet, ce nouveau groupe fusionné arriverait presque à la taille de l’Alliance Renault-Nissan, avec une production 2018 de 8, 7 millions de véhicules, contre 9,4 pour Renault-Nissan, légèrement devant Général Motors (8,4 millions) et derrière les deux géants Volkswagen Group (10,9 millions) et Toyota (10,6 millions).

Et voici venir les grandes déclarations d’intentions qui se veulent rassurantes : « nos estimations ne sont pas basées sur des fermetures d’usines » précise un communiqué commun des conseils de surveillance des deux groupes annonçant, le 30 octobre, l’ouverture de négociations « exclusives ». Et le Ministère français des Finances d’en rajouter avec un communiqué prévenant que « l’Etat français sera particulièrement vigilant sur la préservation de l’empreinte industrielle, la localisation des centres de décision et la confirmation de l’engagement du nouveau groupe sur la création d’une filière industrielle européenne de batteries électriques ».

En fait, il s’agit d’un « pari » qui repose sur la croissance. De part et d’autre des Alpes, on considère qu’il vaut mieux être « gros » en produisant 9 millions de véhicules plutôt que 4. Ce constat est même partagé par des représentants syndicaux qui, par ailleurs, ont du mal à croire qu’il n’en résultera aucune fermeture de sites. D’ailleurs, c’est Fiat qui, selon les spécialistes, a le plus besoin de trouver un partenaire capable d’affronter les différents défis d’avenir : les nouvelles technologies (voitures hybrides ou « tout électrique », voitures autonomes) ou l’écologie (normes d’émissions de polluants et de CO 2 de plus en plus strictes). Le tout dans un contexte de moins en moins favorable à l’expansion sans limite de l’achat et de la possession d’automobiles (oui, j’écris ça alors que je conduis tous les jours ou presque !). On va nous expliquer aussi le côté positif de la complémentarité des marchés. PSA est quasi exclusivement centré sur l’Europe (88% des ventes au premier semestre 2019) alors que les deux premiers marchés mondiaux restent la Chine (malgré un ralentissement) et les Etats-Unis où bien entendu FCA dispose de l’ancrage de Chrysler. On souligne aussi que le nouveau groupe pourrait offrir une gamme complète de véhicules, des petites voitures aux grosses berlines et aux voitures de luxe telles que Maserati.

Il n’empêche que les 53 000 salariés français de Peugeot et les 66 000 agents italiens de Fiat sont inquiets et se disent vigilants. De l’avis de beaucoup d’observateurs, les 7 usines italiennes ne tournent pas à pleine capacité. Quant à la France, chacun se rappelle que Peugeot était au bord du gouffre avant le « sauvetage » de 2014.

Enfin, une « cerise sur le gâteau » : la société fusionnée aura son siège aux Pays-Bas ! C’est le cas déjà d’autre multinationales européennes, telles que EADS, la société mère d’Airbus. Je vous laisse deviner pourquoi….

Et pendant ce temps…notre Carlos N° 1 attend son procès au Japon ; En réponse aux vigoureuses interventions de ses avocats que nous avions relatées dans le précédent post, l’administration fiscale japonaise vient de faire savoir qu’elle a établi la preuve que des dépenses de secrétariat de Nissan ont été détournées pour rémunérer un emploi fictif, celui de la sœur de Carlos Ghosn, mais aussi pour doter des universités libanaises.

 

Notre feuilleton devient de plus en plus cosmopolite et nous révèlera prochainement, j’en suis sûr, de nouvelles péripéties.

signé: VIEUZIBOU

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