Ma curiosité m’entraine sur des terres et des thèmes qui ne me sont pas du tout familiers. Je ne connais rien aux mangas et je lis peu de romans policiers. En l’occurrence, il ne s’agit ni de l’un ni de l’autre à proprement parler, même si ce roman est d’une noirceur impressionnante – digne de Stephen King--, et si un manga a bien été adapté à partir de ce texte.
Voilà ce que dit l’éditeur Seuil sur son auteur :
« Uketsu est l’écrivain le plus vendu au Japon, et le leader de la nouvelle vague des auteurs de thrillers et d’horreur. Artiste complet, il écrit, dessine, publie des vidéos d’horreur et de suspense et compose de la musique. On ne connaît pas sa véritable identité, il apparaît toujours vêtu de noir avec un masque blanc. »
Sur la couverture du livre il est écrit « le thriller japonais aux 2 millions de lecteurs ». Je ne sais pas exactement si c’est ça qui m’a décidée à lire ce roman ou si c’est qu’en le feuilletant, sa présentation m'est apparue très originale.
En effet, le roman est illustré de nombreux dessins et croquis dont certains sont maladroitement tracés, d’autres sont manifestement des dessins de petits enfants et d’autres sont des plans sommaires d’appartements ou des emplois du temps.
C’est la clef.
Toutes les histoires sont des histoires de crimes et de morts violentes articulées entre elles par un fil de vengeance et de jalousie, où l’on retrouve des personnages sur plusieurs générations et dans différents univers.
Mais toutes ces histoires, qui s’emboitent entre elles, sont résolues par l’observation de dessins, lesquels, comme je l’ai écrit, sont vraiment parfois d’une grande banalité.
En voilà quelques exemples emblématiques :
Chacun de ces dessins renferme une énigme et contient la réponse à la question : qui a commis le crime ?
Ce qu’il y a d’extraordinaire, c'est que ces dessins ont été produits par les victimes elles-mêmes qui ont eu la prescience de ce qui allait leur arriver et qui ont voulu alerter sur les conditions qui ont conduit à leur mort.
C’est brillantissime, d’autant qu’il y a une progression dans la découverte des crimes et de leurs mobiles, un suspens de plus en plus angoissant, et une fin absolument terrifiante que je ne suis absolument pas parvenue à deviner par avance.
Ce n’est pas très difficile à lire, on dirait de la littérature pour adolescents (mais il ne faut pas s'y fier), le rythme est rapide, vivant, il y a beaucoup de dialogues, mais on est happé par l’intelligence des énigmes et par l’astuce de la construction des récits.
L’auteur s’appuie sur un vieux blog pour la première énigme, fermé justement parce que son auteur indique qu'il a compris le sens des dessins qu'il y avait publiés. Il s’agit, dans tous les cas, de « cold case » non résolus en leur temps par la police. Les « détectives » amateurs qui s’emploient à déchiffrer les indices qui apparaissent dans les dessins ne sont pas des policiers, mais des journalistes ou des membres de la famille ou des amis concernés par les drames épouvantables arrivés aux victimes.
Pour ceux qui aiment les puzzles, et qui apprécient les récits d’ambiance, ainsi que l’originalité, je recommande ce roman déroutant et tellement efficace.