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LA RECHERCE EN SANTE et les chercheurs (enquête citoyenne partie 3)

LA RECHERCE EN SANTE et les chercheurs  (enquête citoyenne partie 3)

Après un apreçu général sur le financement de la Recherche  en général et de la Recherche Médicale en particulier, je vais évoquer ici ce qui apparait actuellement de la recherche sur la COVID19 et notamment sur les progrès qu'il convient d'accomplir pour faire face à ce sujet complexe et surtout très multi-factoriel.

3- Le CORONAVIRUS ET LA RECHERCHE, les efforts à engager:

Effort FINANCIER

Le Président a annoncé le 19 mars 2020, en marge d'une visite à l'Institut Pasteur à Paris, sa décision d'augmenter de cinq milliards d'euros sur 10 ans le budget de la recherche en France (dont 1 milliard pour la recherche en santé) , ce qui a fait hurler les chercheurs car ce montant, déjà prévu dans le projet de loi de programmation,  est nettement insuffisant et, ramené au budget du Ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (MESRI), cela ne représente que 2% d’augmentation par an. Ces 5 milliards sont donc au mieux équivalent à l’investissement des 10 dernières années qui nous ont amenés à cette situation catastrophique.

Pour la COVID :

50 millions d'euros vont être débloqués dans le cadre du fonds d'urgence pour la recherche sur le coronavirus. Ces 50 millions d'euros viendront s'ajouter aux 8 millions d'euros déjà débloqués pour la recherche sur le Covid-19.

L'effort "se traduira notamment par une nouvelle augmentation du budget de l'Agence nationale de la recherche (ANR, un milliard d'euros supplémentaires, NDLR), une revalorisation substantielle des carrières, la création de nouvelles chaires de professeurs juniors et une amélioration de l'efficacité de notre système de recherche", a précisé l'Élysée.

"On a trois priorités de recherche : les tests (...), les traitements (...) et le vaccin", a expliqué le Président.

Un des problèmes de la Recherche c’est la bureaucratie. Le temps disponible pour la recherche s’est ainsi réduit au cours des dernières années dans des proportions considérables, du fait du temps consacré à déposer des projets pour obtenir des financements,  à  évaluer  les  projets  déposés  par  les  collègues,  à  effectuer  un  ensemble  de tâches d’accompagnement voire d’appui à la recherche partagées entre des personnels moins nombreux (notamment ingénieur·e·s et technicien·ne·s) et à répondre aux demandes d’une administration  toujours  plus  exigeante  combinant  contrôle a  priori,  contrôle a  posterioriet exigences de reporting fréquent. Les personnels scientifiques sont soumis à des exigences croissantes en matière d’activités (quantité,  diversité)  sans  disposer  des  moyens  financiers  et  humains  correspondants.  La pression croissante qui en résulte sur le temps et la qualité du travail nourrit l’exacerbation des tensions au sein des collectifs et conduit à une multiplication des situations de souffrance au travail et à une aggravation des risques psychosociaux.

Voilà comment dans le domaine de la recherche clinique, par exemple, selon le registre européen des essais cliniques sur de nouveaux médicaments, la France est aujourd’hui dépassée par la plupart des autres grands pays européens, loin derrière l’Allemagne, le Royaume-Uni et même la Belgique.

C’est bien ce que soulignaient les chercheurs dans leurs séries de manifestations d’avant crise.

Mais il y a urgence et la concurrence est mondiale :

Le 4 mai 2020, le site Covid-nma.com, piloté par des membres de la fondation Cochrane, recensait 1 829 études, dont 626 sont des essais randomisés (en excluant ceux évaluant des médecines traditionnelles chinoises).

Dans ce contexte d’urgence, les procédures d’autorisation ont été accélérées à un rythme qui laisse pantois les chercheurs habitués à plusieurs mois d’attente. A l’ANSM, les demandes sont évaluées « dans des délais moyens de 7 jours contre 60 jours selon les délais réglementaires». Quand on veut, on peut donc !

Dès le 6 mars, l’Agence nationale de la recherche (ANR) a lancé un appel d’offres « Flash » consacré au coronavirus, suivi en avril, d’un second appel. « D’habitude, la procédure dure deux ou trois mois, là c’était un mois seulement », témoigne le responsable du département biologie-santé de l’ANR.

« Une nouvelle enveloppe de crédits de 22 millions d’euros est venue ainsi abonder l’enveloppe initiale de 9 millions d’euros, avec un financement sous conditions de suivi ».

EFFORT DE STRUCTURATION ET DE COORDINATION

Les recherches COVID revêtent un enjeu national et international, et c’est pourquoi il faudra bien que les équipes se coordonnent. Peut-être que le virus va réussir là où les pouvoirs publics, faute de volonté, refusaient d’aller ?

C’est ainsi que des alliances s’élaborent entre les structures de recherche en France :

La Fondation pour la Recherche Médicale (FRM) a annoncé s’associer à l’Agence Nationale de la Recherche (ANR) pour soutenir des équipes d’excellence dans leurs projets de recherche pour suivre, comprendre et endiguer la pandémie de COVID-19

Par ailleurs, au sein d’une alliance « tous unis contre le virus », la Fondation de France, l’AP-HP et l’Institut Pasteur ont décidé d’unir leur force et de mobiliser tout leur réseau.

Au-delà, il faudrait organiser un système de coordination européen vraiment efficace, et doté de financements solides, mais quand je vois la catastrophe de l’essai DISCOVERY, censé rassembler les pays européens et qui se termine avec la France seule (incapable de recruter d’ailleurs les patients pour tester les molécules), j’ai des doutes.

Un indice troublant qui est passé inaperçu : le 8 avril, trois mois à peine après avoir été nommé à la présidence du Conseil européen de la recherche (CER), Mauro Ferrari a été contraint de quitter son poste. Il a laissé une lettre dans laquelle il s’est dit déçu par l'attitude des Européens face à cette pandémie, dénonçant les obstacles, au sein même du CER. « J'en ai vu assez […], j'ai perdu foi dans le système lui-même ». !!!!!

La Commission a également proposé un Plan d’action d’urgence qui a été adopté le 7 avril. Baptisé « ERA versus Corona », il comprend 10 mesures concrètes, parmi lesquelles :  la constitution d’une task force pour coordonner les programmes de recherche et en initier de nouveaux ; le soutien à de grands essais cliniques à l'échelle de l'UE ; le partage systématique des données ; un « Hackathon », c’est-à-dire un marathon en ligne, pour inciter les innovateurs et la société civile à soutenir l’effort collectif de recherche et d’innovation; et la lutte contre les « fake news », en coopération avec les grands médias sociaux. S’agissant des financements et  à la date d’aujourd’hui, l’Union Européenne annonce avoir mobilisé 1 milliard d’euros pour la recherche notamment dans le cadre du programme Prevent-nCoV. Ce fonds inclut 450 millions d'euros pour la recherche de traitement, pour le diagnostic et la prévention, 400 millions d'euros d'investissements en recherche et développement, avec une montée en puissance des sites de production ainsi que 150 millions d'euros supplémentaires pour des innovations contre le coronavirus.

Ceci étant une récente étude a montré à quel point les crédits européens pour la recherche sont détournées au profit de grands groupes privés (Les BIG PHARMA qui servent d'abord leurs actionnaires).

Sur le plan international, il faut bien voir que la lutte contre la COVID19 concerne le monde entier : 7,5 milliards d’euros ont déjà été mobilisés par la « communauté » internationale soit :      4 milliards d’euros pour le vaccin, 2 milliards d’euros pour les traitements et 1.5 milliard d’euros pour les tests.   

Il ne peut pas y avoir des recherches « réservées » à un pays ou un autre, ne serait-ce que parce que les conséquences de la pandémie touchent presque tous les pays de la planète.

Comme dans le cas d’autres virus émergents (SARS1, EBOLA, ZIKA, SIDA) , la recherche se fera (devrait se faire)  dans le monde entier sous forme ouverte.

Et cela concerne les publications des chercheurs que, personnellement, je n’ai jamais autant côtoyées que dans la crise actuelle, ne serait-ce que parce que j’ai lu les principales publications sur « l’affaire » de l’hydro chloroquine .

Dans un prochain post, je verrai  donc la question des publications scientifiques et notamment la question de leur validité.

A suivre ...

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