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La vérité sous le masque (3)

La vérité sous le masque (3)

Après avoir réfléchi à la symbolique magique du masque en général et aux raisons du refus de celui-ci par certains de mes compatriotes, je voudrais revenir aux changements que le port du masque a entrainé pour nous tous.

En complément de mes posts précédents, je me demande s’il n’y a pas, dans le rejet du masque, un peu de ce qui a conduit les médecins accoucheurs, à Vienne en 1850, à rejeter la prophylaxie des mains que voulait imposer Simmelweis ? C’est ennuyeux de procéder à des mesures sanitaires, c’est contraignant, on n’en voit pas directement les avantages, alors autant tout jeter à la poubelle et continuer l’insouciance ! Les internes obstétriciens du temps de Simmelweis, en réaction contre lui, en sont même arrivés à se souiller les mains volontairement, provocant ainsi de nombreuses morts parmi les femmes qu’ils accouchaient. Triste histoire !

 

Ce que le masque change :

C’est tout de même incroyable que le masque, de tout temps instrument de dissimulation et dont le port a été strictement encadré (carnavals, théâtres, masques mortuaires), soit aujourd’hui exigé par ceux-là mêmes qui en interdisaient l’usage et rejeté par ceux qui le revendiquaient au contraire comme moyen de se protéger physiquement et nominativement !

Nous n’avions pas le droit, hors lieux et moments spéciaux, de nous cacher le visage dans l’espace public pour des raisons de sécurité. C’est ce qui a présidé, d’ailleurs, à la loi de 2010 dite Loi Burka pour interdire à quiconque de dissimuler son visage dans l’espace public et ce, par tous moyens que ce soit : cagoule, voile intégral, niqab ou tout autre dispositif.

La loi ne concernait pas que la burka, et elle a d’ailleurs été appliquée très extensivement, notamment lors des manifestations de Gilets Jaunes, accusés de se dissimuler le visage dès lors qu’ils apposaient un morceau de tissu sur leur bouche pour se protéger des gaz lacrymos.

Se cacher le visage dans l’espace public est, en soi, menaçant : je le ressens effectivement pour le voile intégral (qui est aussi pour moi le symptôme très déprimant d’une soumission au machisme, dans certaines traditions qui se prétendent modernistes), mais aussi pour les capuches de jogging par exemple.

Très souvent, ces capuches sont  rabattues sur la tête des individus qui les portent et les visages ne sont plus que des trous noirs qui s’enfoncent dans l’ombre épaisse de ces couvre-chefs. Vous rencontrez ces gens là derrière un pilier de métro et il vous prend l’envie de vous sauver illico.

C’est bien aussi l’apanage des malfaiteurs que de se dissimuler derrière des bandanas, des lunettes noires, des cagoules ou des postiches qui les anonymisent et ainsi, les rendent inquiétants.  Les motards mêmes me font peur, avec leurs casques d'où on ne peut pas voir les yeux.

Ne pas voir le visage de quelqu’un est toujours troublant, angoissant.

Curieusement, alors que je suis très catégoriquement opposée au port du voile intégral comme à tout dispositif visant à soustraire son visage à la vue des autres, je suis très favorable au port du masque sanitaire.

Pourquoi ?

D’abord ce masque est très léger et ne dissimule pas le regard, c’est assez primordial tout de même.

Ensuite l’intention n’est pas la même : il n’y a pas de volonté de se dissimuler mais de ME PROTEGER. Car, c’est bien ce qui nous a été expliqué en long en large et en travers : Le masque que nous sommes autorisés (et même contraints) à utiliser, protège avant tout les autres de nos propres postillons et gouttelettes, lesquelles transportent nos germes et virus.

Le masque sanitaire est donc le reflet de la préoccupation de mon voisin pour la santé, la mienne et la sienne. C’est bien différent. L’inconnu qui le porte est soucieux de prévention, c’est « considerate » pour les autres, et c’est un signe avant tout "social", pas anti-social.

Les médecins que je rencontre à l’hôpital, les professionnels que je croise dans les magasins, ou ailleurs, portent désormais un masque. Qu’est-ce que cela change dans la relation ? Moi je ne dirais « pas grand-chose ». Certes, on rate l’expression complète de notre interlocuteur mais pas son regard, et je pense que tout est dans les yeux. J’ai vu des personnes sourire avec leurs yeux, j’ai vu des personnes exprimer leur étonnement, leur surprise, même leur énervement ou leur colère. Il n’y a donc pas de rupture du lien. Socialement, je ne vois , en conséquence, guère de différence entre le port du masque ou non.

J’ai bien regardé les jeunes femmes dans la rue pour estimer si elles y perdaient en séduction. Je ne suis pas une spécialiste de la séduction des autres femmes, mais pendant l’été, elles portent toutes des petites robes qui virevoltent et leur font une très jolie silhouette. Masque ou pas, cela reste vrai. On fait même davantage attention à la mode de la rue quand on n’est plus attiré par le visage. Je ferai un post sur des photos de « parisiennes » de l’été, et vous constaterez comme moi qu’elles ne perdent rien de leur charme. Certaines assortissent même leur masque à la couleur et à l'imprimé  de leurs robes!

Dans les relations de séduction, il me semble qu’il existe de nombreuses occasions de faire connaissance et qui ne sont pas liées au coup d'oeil dans la rue. Activités communes et internet sont les principaux lieux de rencontre et le masque n’y change rien non plus.  

Par contre, l’épidémie change quelque chose, ça oui, et c’est indéniable ! L’épidémie de SIDA nous a bien amenés à revoir nos relations sexuelles. De l’explosion de liberté des années 70, on est passé à la prudence et à la limitation des contacts non protégés. Donc oui, l’épidémie de COVID-19, épidémie à laquelle nous ne sommes ni préparés, ni immunisés, change notre façon de vivre de façon dramatique. Et c’est bien ça qui pose problème, pas trop le masque en lui-même.  

Au final, pour le port du masque, ce qui est, à mon avis, le plus difficile à supporter c’est la gêne ressentie  sur une longue période : ça gratte, ça tient chaud, c’est inconfortable. Mais on s’habitue et il y a une façon de l’attacher sur les oreilles qui permet de laisser passer un peu d’air sur les côtés et d’éviter les gratouillis. Il y a aussi quelques moments de stress à intégrer quand on vérifie qu’on a bien son masque dans son sac, qu’on le fixe pour entrer dans un lieu fermé et qu’on l’ajuste aussi dans les lieux très fréquentés. C'est tout, c'est pas si terrible!

Par contre, il va falloir  vivre avec cette foutue épidémie.

Personne n’était préparé, personne n’avait rien vu venir. Et pourtant les ouvrages scientifiques et les publications grand public mettaient constamment en garde contre l’arrivée d’une pandémie. Soyons juste conscients que celle-ci n’est pas la plus « dure » que nous aurons à endurer, qu’il y en aura d’autres, peut-être plus agressives et prenons exemple sur les populations asiatiques dont certaines ont traversé cette épidémie sans trop de dommages, parceque tout le monde porte un masque!.

PS: Merci à Frédérique pour m'avoir inspirée!

 

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