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LA RECHERCHE EN SANTE et les chercheurs (enquête citoyenne partie 4)

LA RECHERCHE EN SANTE et les chercheurs (enquête citoyenne partie 4)

Voilà la dernière partie de mon enquête citoyenne concernant la recherche en général la recherche médicale en particulier, le financement actuel de la recherche sur la COVID19. Ce que je vais explorer aujourd'hui, ce sont les règles de publications scientifiques.

Car, lorsqu’on entreprend des recherches, il faut bien les faire connaitre. Et les publications sont l’occasion, non seulement de se rendre transparent vis-à-vis de la communauté scientifique mais également de valider les résultats (par le moyen de la revue des pairs, et enfin d’acquérir de la notoriété donc des financements. Ceci étant on a vu, tout au long de la crise et je sens bien que cela ne va pas cesser, de multiples publications faisant état de recherches se croisant, se contredisant, contestables, contestées, bref alimentant des controverses dont on aurait pu se passer.

Alors comment marche le système de publications ?

L’indice h (ou h index en anglais), est un indice qui permet d’évaluer l’impact des auteurs. Calculé à partir du nombre de publications et de citations qu’un auteur obtient, il permet ainsi de rendre compte de l’influence de certains chercheurs. Et le Savant de Marseille figure en bonne place des chercheurs influents. Car il a compris qu’il faut publier, publier et publier pour être « connu », même au mépris des méthodes orthodoxes de la recherche. L’expression « Publish or perish » (publier ou mourir) est donc une contrainte qu’il faut savoir utiliser à son avantage. Le Savant de Marseille le dit bien d'ailleurs: son nom est largement repris dans la communauté scientifique et personne ne peut lui contester ni sa notoriété ni sa solidité scientifique.

Ceci étant les articles sont avant tout un lieu d’échange et de co-construction. Une recherche a toujours l’objectif d’être lue et de susciter des réactions : interprétations, questions, objections, validations ou encore approfondissements.

Ce serait donc une grave erreur de chercher une « vérité »  dans les publications, car la Recherche vise avant tout à « émettre » des hypothèses qui demandent à être discutées, pour faire avancer les connaissances. La notion même de résultat incontestable est incompatible avec la démarche scientifique. Le Savant de Marseille, dans une longue interview du 26/05/2020 le précise: il est tout à fait d'accord pour les polémiques, c'est bien vrai, un scientifique s'attend à être contesté, sans quoi la science n'avancerait pas.

Pour être reconnus et contribuer à la science, les textes présentant les résultats des recherches doivent répondre essentiellement à 2 critères :

  • être publiés dans des revues scientifiques expertisées par les pairs,
  • être publiés dans des revues internationales en anglais.

L’expertise par les pairs (peer-review)  doit répondre à certaines questions : Les questions sont-elles claires et compréhensibles ? La méthode utilisée est-elle appropriée ? Les conclusions tirées sont-elles conformes aux résultats obtenus ? L’article, sous sa forme actuelle, est-il suffisamment clair et détaillé pour permettre à d’autres chercheurs de reproduire ces travaux ?

Dans les revues prestigieuses, une question subsidiaire est celle de l’importance perçue du travail : les résultats représentent-ils une avancée de la connaissance suffisamment importante pour mériter publication dans cette revue ? Ou s’agit-il d’une avancée mineure à publier mais dans une revue à diffusion plus restreinte ?

Bien souvent aussi, l’article est tout bonnement rejeté par la revue et l’auteur peut éventuellement décider de le soumettre ailleurs.

De plus cette analyse critique par les « pairs », si elle garantit un certain niveau de qualité des publications, n’est cependant pas infaillible et il existe des exemples d’admission de résultats bidonnés ou faussés. (et pourtant publiés dans de grandes revues. Un exemple : la mémoire de l'eau qui a fait long  feu mais qui a été longuement discutée avant d'être simplement mise à la poubelle d'où elle n'aurait jamais dû sortir). Un article de 2015 d'un directeur de publication du Lancet dénonçait  d'ailleurs le peu de fiabilité des recherches publiées: “Much of the scientific literature, perhaps half, may simply be untrue. Afflicted by studies with small sample sizes, tiny effects, invalid exploratory analyses, and flagrant conflicts of interest, together with an obsession for pursuing fashionable trends of dubious importance, science has taken a turn towards darkness.

En outre le processus est long,  donc mal adapté à l’urgence, comme on l’a vu dans les recherches sur le COVID 2019.

Il existe alors un autre procédé de publication qui permet d’agir en accéléré. Ce sont les Pré-prints. Il s’agit de la version d’un potentiel article qui n’a pas été soumise pour publication dans une revue, ou qui a été soumise et n’a pas encore été relue par des pairs mandatés par la revue, ou qui est en cours de relecture par des pairs, ou encore qui a été rejetée par une revue après soumission .

Pour être recevable le preprint doit être placé, ainsi que ses versions successives et ses annexes le cas échéant (liens vers les données, les commentaires des pairs en cas de revue ouverte, etc.), sur un serveur communautaire ou institutionnel reconnu. Le savant de Marseille y a eu beaucoup recours.

Evidemment, depuis le déclenchement de l’épidémie, les publications vont bon train dans le monde entier.

Face à cette avalanche et compte tenu de la qualité plus ou moins élevée des publications, des jeunes internes ont créé le site Bibliovid. 15 personnes chargées de la veille trient environ 150 articles par jour pour en retenir une dizaine, les classer en thématiques (diagnostic, épidémiologie, thérapie…), les résumer en français et les classer en « niveaux de preuve », une échelle utilisée par les cliniciens. 4 500 articles sont déjà recensés et 3 000 visites sont comptabilisées quotidiennement.

Je termine là mon enquête, en observant qu’un grand chercheur, THE SPECIALISTE des CORONAVIRUS, Bruno CANARD, qui est directeur de recherche au CRNS à Aix en Provence, a écrit une tribune dès le  3 mars 2020 intitulée "La science ne marche pas dans l'urgence"- comme on aurait dû l'écouter!!!-) et ce qu’il a mis en lumière , c’est précisément ce qui ne devrait plus arriver si on veut que des progrès significatifs soient réalisés, passée la phase d’hystérie collective que nous traversons. J'avais envie de publier sa photo, ça change! 

Cet expert n’a, hélas,  pas été sollicité au tout début de la pandémie et ses compétences très peu prises en compte depuis 2003 , date de la 1ere épidémie de SARS COVID.

Ce qui laisse songeur…

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