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Laika (Th Rond Point, texte A. Celestini)

Laika (Th Rond Point, texte A. Celestini)

Ascanio Celestini, l’écrivain-raconteur italien, maintenant connu largement sur la scène internationale, est un vrai génie. Ses textes sont récités, comme on raconte une histoire, et les spectateurs sont invités à imaginer les décors et personnages.

Pas de figurants, pas d’artifices mais quelques éléments de décor,  qui sont destinés à donner l’atmosphère. Ici un amoncellement de caisses, et quelques lampes posées à terre.

Le texte est récité à toute allure, sur un rythme haletant, comme du slam rapide. Je ne dirais pas qu’il s’agit d’un récit parlé, parce qu’il n’y a pas d’improvisation, mais il s’agit d’histoires racontées sur le rythme d’une danse, ce sont des poèmes en prose, non, ce sont des lectures de journaux, non, ce sont des propos débridés, débités en courant par un narrateur qui fait tout passer dans sa voix et dans sa cadence.

Quand on lit les textes de Celestini, c’est pareil, on sent le rythme comme un fleuve qui jaillit entre les rochers, comme une pluie qui tambourine, comme une mitraillette. Les textes ont été écrits pour être lus rapidement, sans reprendre souffle, dans la foulée. J’ai toujours pensé qu’il y avait des romans à lire très vite, d’autres à savourer à la petite cuillère. Dans les textes de Celestini , il n’y a pas de virgules, encore moins de ce genre de pauses comme les points virgules. Et tout se passe au présent.

Le genre (théâtre récit) est né dans les années 80 en Italie, à la suite de Dario Fo (immense Nobel de Littérature).


Ascanio Celestini (né en 1972 à Rome) est un auteur engagé. Un de ses spectacles, « Il razzismo è una brutta storia », lui a été demandé par l'Arci dans une campagne de sensibilisation contre le racisme. Parmi les textes les plus importants il y a les titres suivants : Lutte des classes, Discours à la nation, La brebis Galeuse.

De lui, j’avais déjà vu, il y a deux ans, Dépaysement, où il jouait son récit en italien, traduit en direct et sur le même rythme effréné par son comparse Patrick Bebi.  

« Laïka » prend son nom de la petite chienne qui doit tourner encore autour de la terre, lancée dans les étoiles en 1957 par les russes pour tester Spoutnik. Pas de meilleure comparaison avec l’humanité qui tourne dans le vide céleste, seule….

L’histoire est racontée par  un homme qui commande un petit blanc, au comptoir d'un bistrot dans une ville belge. Il commente le quotidien des petites gens du quartier (un SDF, des manutentionnaires en grève, (l’atelier de manutention est situé juste derrière le supermarché), une dame au cerveau embrouillé, une autre qui prie...).

Le texte est drôle, vif, pétillant, plein d’humour et de tendresse, et en même temps rageur, libérateur.

Il est joué en français par un acteur qui ressemble physiquement à Ascanio Celestini et qui possède l’immense talent de réciter de la même façon que lui, avec la même sincérité, le même naturel et la même cadence.

Les personnages se  racontent en parallèle, le puzzle se complète au fur et à mesure et tout prend sens à la fin.  

Je suis vraiment heureuse que des voix comme celle de Celestini  (et son interprête David Murgia) s’engagent encore contre les égoïsmes de nos sociétés qui se précipitent à leur perte. C'est une petite merveille à ne pas manquer!

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