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Le bout du monde

Le bout du monde

En cette période de rentrée plutôt sombre et même chargée de bruit et de fureur, je voudrais vous faire partager un de mes meilleurs souvenirs de vacances, un souvenir que j’ai conservé comme un trésor caché jusqu’à maintenant.

Non, cet été, je ne voulais pas m’engager dans de longs trajets vers des pays lointains. Je n’avais même pas de projet précis et planifié d’avance, comme cela m’était arrivé si souvent dans le passé.

Je ne cherchais pas du tout l’aventure, la découverte, les villes ou les paysages nouveaux.

Alors, le bout du monde, pensez-donc, il était si loin de mes préoccupations !

Peut-être pensez-vous que le bout du monde, c’est un bord de falaise, au bout d’un pré, devant un l’horizon d’un océan. Vous avez d’abord suivi la route, quitté le dernier port, longé la côte, traversé quelques prairies et vous êtes arrivé au bord de la falaise, inondée de lumière. Peut-être aussi avez-vous trouvé un phare, et avez-vous marché, au-delà des dernières maisons de granit blotties contre la colline, poussé par la curiosité, pour y visiter une petite exposition sur les naufrages et les sauveteurs en mer.

Tout cela, je l’ai fait, et pourtant, je ne voulais pas m’arrêter, finir là ma recherche. Je devais encore persévérer, explorer, repartir par les chemins creux de la campagne environnante.

Pas facile d’ailleurs, quand on cherche un panneau, un écriteau, quelque indication, et que l’on se perd, ou, pire, que l’on tombe sur des mentions contradictoires, peintes à la main, dans deux directions opposées. On dirait que des écoliers, ou peut-être des lutins malicieux, ont laissé ces signes énigmatiques.

C’est une sorte de jeu de piste un peu déroutant.

Voici enfin un chemin qui s’enfonce dans la végétation et qui laisse découvrir, petit à petit, un petit vallon parcouru par un ruisseau. Au début, je ne distingue pas grand-chose, puis je devine la présence du ruisseau par des petits ponts de bois, curieusement peints en rouge, qui sortent de l’ombre. C’est encore un peu mystérieux. Est-ce bien l’endroit que je cherche ? Est-ce bien là que je trouverai ce trésor caché ?

Patience, encore quelques tournants, et surgissent enfin, accrochées au talus, quelques cabanes de bois et de verre, une sorte d’atelier, un guichet, et l’entrée du sentier qui va longer le ruisseau. Le maître des lieux, une sorte d’homme des bois barbu, nous accueille avec le sourire.

C’est le jardin du poète, lové au fond de ce frais vallon. Sur ses pelouses et sous ses bosquets se développent depuis bientôt quarante ans fleurs et les plantes préférées du poète. Elles y trouvent des conditions idéales : une bonne terre, enrichie au fil des ans par les maraîchers qui s’y sont succédé durant des décennies, de l’ombre, de l’humidité, et de la douceur en hiver. Beaucoup de variétés d’hortensias et d’hydrangéas, des roses, des mauves, des bleus, des violets. Et la plante favorite du poète, qui a eu le temps de développer ses grandes feuilles enveloppantes, comme une sorte de dragon végétal : le gunnera. Ces gunneras   jalonnent comme des sentinelles le jardin. Ils lui donnent une ambiance de mystère et d’inquiétude. Et les lutins-écoliers ont parsemé le parcours de textes choisis du poète. On marche de découverte en découverte, on se perd et on se retrouve.  

En parcourant le jardin, je suis saisi d’impressions contradictoires : un sentiment de paix, de détente, et de satisfaction d’être venu à bout du jeu de piste, mais aussi une étrange sensation d’aboutissement, d’achèvement, comme si plus rien ne pouvait surpasser les odeurs et les couleurs du jardin, et même comme si plus rien de grave ne pouvait arriver.

Et voilà. J’ai ressenti comme une révélation. Le bout du monde, ce n’est pas seulement l’horizon des falaises et de la mer éblouissante au soleil, qui au contraire nous convie à de nouveaux voyages, à de nouvelles aventures.  Le bout du monde, c’est plutôt ce jardin du poète, car tout en nous plongeant dans la douceur et la quiétude, il stimule nos sens et notre curiosité, au point de contenir tous les délices du monde.

signé: Un poète

 

Le bout du monde
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